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Gagnant du Concours de vulgarisation scientifique

Le superviseur de stage: aimé ou mal aimé?

Seira Fortin-Suzuki, doctorant en éducation, domaine de l’intervention éducative en activité physique et santé
Seira Fortin-Suzuki, doctorant en éducation, domaine de l’intervention éducative en activité physique et santé
Photo : Michel Caron - UdeS

Quels souvenirs gardez-vous de votre dernière expérience de stage? À oublier ou à chérir? Pour le futur enseignant, les stages représentent souvent l’expérience la plus significative : une occasion de vivre son métier dans un vrai milieu et de mettre en pratique ce qu’il apprend dans sa formation. Toutefois, l’efficacité des stages dépend de deux conditions. D’une part, le stagiaire doit s’engager suffisamment et avoir une réelle volonté d’apprendre. D’autre part, son université et l’école qui l’accueille doivent lui fournir un encadrement et des ressources appropriées. Pour le stagiaire, des lacunes dans son encadrement peuvent être lourdes de conséquences : confusion, épuisement, voire abandon du programme d’études. Mais que pensent les stagiaires de l’encadrement offert par les superviseurs universitaires? Favorise-t-il leur réussite? Une équipe de chercheurs de l’Université de Sherbrooke s’est intéressée à la question.

Qui encadre les stagiaires?

L’encadrement des stagiaires est assuré par les enseignants des écoles d’accueil et par les superviseurs universitaires. Plusieurs recherches se sont intéressées aux compétences d’encadrement des enseignants, mais peu d’études ont été menées sur le rôle des superviseurs universitaires. Quelles sont leurs pratiques concrètes? Que pensent les stagiaires de la qualité du travail des superviseurs universitaires?

En quête de réponses, les chercheurs de l’Université de Sherbrooke ont questionné 166 étudiants inscrits dans un programme de formation en enseignement en éducation physique et à la santé. Ils ont recueilli leurs perceptions de la qualité de l’encadrement offert par leur superviseur universitaire ainsi que leur sentiment de confiance ou d’inquiétude à l’approche du stage final.

Des résultats positifs… et d’autres négatifs

Une majorité des étudiants (56 %) jugent l’encadrement « favorable » ou « tout à fait favorable », alors que 28 % croient qu’il est « modérément favorable ». En contrepartie, 16 % l’estiment « pas vraiment favorable » ou « pas du tout favorable ».

Les stagiaires justifient leurs appréciations positives par les rétroactions utiles, le regard critique, l’attitude positive ainsi que la disponibilité des superviseurs. Quant à leurs appréciations négatives, les stagiaires soulignent un manque d’intérêt du superviseur, une présence insuffisante, une incompétence à évaluer et un climat inconfortable.

Comment se sentent-ils à l’approche de leur tout dernier stage? Les chercheurs ont aussi sondé leur degré de confiance ou d’inquiétude. Parmi les étudiants interrogés, 65 % se disent « confiants » ou « très confiants » de leur réussite, tandis que 25 % sont « peu confiants ». Un très petit nombre (7 %) vit de l’inquiétude, mais aucun ne s’est dit « très inquiet ». Que ce soit pour justifier qu’ils sont confiants ou inquiets, seule une très faible minorité de stagiaires a fait allusion au rôle du superviseur.

Apprendre à apprendre

Ces résultats entraînent d’autres réflexions… D’un côté, les stagiaires souhaitent surtout que leur superviseur prodigue LE bon conseil ou LA bonne réponse. Mais cette dynamique ne favorise pas la réflexion du stagiaire sur sa pratique ni le développement de son autonomie professionnelle. Ces résultats suggèrent que les stagiaires devraient être davantage conscientisés aux rôles du superviseur. Ils seraient ainsi mieux disposés à recevoir des rétroactions nuancées ne fournissant pas nécessairement de réponse précise!

Un manque de ressources

D’un autre côté, l’apport du superviseur semble oublié à l’approche du stage final. Aussi, les perceptions négatives de certains stagiaires (manque d’intérêt, présence insuffisante du superviseur) reflètent l’importance des défis que ce dernier rencontre. Le superviseur doit encadrer un grand nombre de stagiaires, malgré le peu de temps dégagé pour cette tâche. Cela soulève des réflexions par rapport à l’importance accordée au travail des superviseurs. Au final, ont-ils le soutien et les ressources nécessaires pour bien remplir leur mission? Si les étudiants interrogés ont majoritairement une vision favorable de l’encadrement offert, les universités gagneraient à soutenir davantage les superviseurs de stage. Pour valoriser leur rôle, elles pourraient leur accorder plus de ressources, mais aussi investir dans leur formation continue. Assurément, ces investissements contribueraient à une formation de meilleure qualité pour les enseignants de demain.

À propos de Seira Fortin-Suzuki

Seira Fortin-Suzuki est étudiant au doctorat en éducation, domaine de l’intervention éducative en activité physique et santé. Ses intérêts de recherche portent sur la pédagogie en enseignement supérieur et la responsabilisation des étudiants universitaires. Il aspire à devenir professeur chercheur à l’université afin de contribuer de façon significative à l'avancement des pratiques en enseignement supérieur.

À propos du concours

L’Université de Sherbrooke tient annuellement le Concours de vulgarisation scientifique, dont les objectifs sont de stimuler des vocations en vulgarisation scientifique et d’augmenter le rayonnement des travaux de recherche qui s’effectuent à l’Université, qu’ils soient de nature fondamentale ou appliquée.


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