La musique peut-elle être au service de la science? La science peut-elle contribuer à optimiser les performances du musicien? Enseignant à l'École de musique de l'Université de Sherbrooke, Jean-François Desrosby en faisait la démonstration le 24 juin dernier, dans le cadre de la convention internationale annuelle de la très prestigieuse Guitar Foundation of America, qui se déroulait à Oklahoma City.

Plus gros rassemblement de guitare classique au monde, les gens les plus influents dans le domaine s’y donnent rendez-vous annuellement depuis 1973, afin d’échanger et découvrir les dernières nouveautés en la matière. L’événement combine une compétition internationale, des conférences, une foire d’entreprises, de luthiers et d'éditeurs, en plus de présenter une série de concerts.

Jean-François Desrosby y a vécu une première expérience il y a quelques années en tant qu’étudiant, en participant à la compétition internationale. Invité cette année à titre de conférencier, M. Desrosby a présenté devant un auditoire réunissant des participants venus des quatre coins du globe, les résultats de ses recherches sur l’optimisation de la technique pour guitare grâce à la biomécanique, sujet de son doctorat terminé en 2011 et qu’il poursuit depuis ce temps à titre de chercheur indépendant.

Science et musique s’accordent

Honoré d’avoir été choisi pour donner l’une des dix conférences au programme cette année, M. Desrosby était d’autant plus enthousiaste du fait que c’était la seule conférence à traiter de la technique à l'instrument. « Mon travail est différent de tout ce qui s'est fait avant, au niveau de la guitare classique. Il y a eu des recherches pour la prévention des blessures chez les musiciens, mais personne n'avait vraiment utilisé les informations des recherches en biomécanique disponibles et accessibles à tous pour en transférer les connaissances afin d'optimiser les techniques à l'instrument. Je laisse de côté les dogmes et les écoles d'enseignement de la guitare et je m'appuie sur des faits scientifiques de base pour optimiser la technique à l'instrument », a-t-il précisé.

Naturellement, le guitariste classique qui se préoccupe de ses problèmes techniques se tourne du côté des grands maîtres de la guitare afin de trouver des réponses à ses questions. Et si ces informations traditionnellement transmises ne fournissaient pas toutes les réponses? Et si la science, elle, pouvait y remédier? La biomécanique est utilisée depuis des années par les athlètes afin de dépasser leurs limites physiques. Le résultat de ce mariage entre science et sport a permis des améliorations exponentielles au niveau des performances athlétiques. Dans le même contexte, nous découvrons que les mécanismes physiologiques permettent au guitariste d’optimiser sa technique de guitare, en plus d’aider la prévention des blessures reliées à la pratique de l’instrument. Grâce à cette approche biomécanique adaptée à la morphologie de chacun, le guitariste réussira ainsi à surmonter ses limites techniques.

Jean-François Desrosby s’intéresse également à la psychologie de la performance appliquée à la pratique instrumentale. Il a publié un livre en 2011 : Guitaristes classiques les secrets de votre potentiel! Introduction à la biomécanique et à la psychologie de la performance. Depuis, il travaille à l'élaboration de nouvelles façons d'approcher la technique pour guitare et au développement de nouvelles techniques pour la guitare classique. Étant chargé de cours, ses recherches sont menées à titre de chercheur indépendant.