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Valoriser le français tout en s'ouvrant aux autres cultures

Une campagne est lancée pour faire connaître la Politique linguistique de l'UdeS

Hélène Cajolet-Laganière
Hélène Cajolet-Laganière

«Renforcer l'identité québécoise tout en étant un lieu d'ouverture sur le monde.» Voilà la double mission énoncée dans le préambule de la Politique linguistique de l'Université de Sherbrooke, adoptée il y a près de cinq ans, et récemment mise à jour. L'Université lance une vaste campagne d'information et de promotion pour guider la communauté universitaire dans les usages recommandés par cette politique.

Si les objectifs de la politique sont nobles, ils posent parfois des défis bien concrets. Un professeur qui se rend à l'étranger peut-il présenter des cartes professionnelles bilingues? Une étudiante qui participe à un congrès peut-elle présenter une affiche scientifique dans une langue autre que le français? Y a-t-il des moyens d'alléger les textes tout en assurant la représentation équitable des femmes et des hommes? Ces questions – et plusieurs autres – ont été soulevées auprès du comité de suivi de la politique linguistique. Une mise à jour de la politique et une campagne d'information s'imposaient donc.

Comme l'explique la professeure Hélène Cajolet-Laganière, présidente du comité de suivi, on a voulu engager la communauté universitaire dans l'élaboration et l'application de la politique : «À la lumière de mon expérience dans le cadre des états généraux sur la situation et la promotion de la langue française, j'ai soumis au comité qu'il fallait y aller avec une approche consultative puisqu'il ne donnait rien de prôner la coercition. Une politique imposée directement et bêtement aurait été inutile. Nous avons donc amorcé une vaste démarche de consultation et une approche qui visait à responsabiliser les gens.»

Le français, fièrement!

«Le message que l'on souhaite affermir par la politique linguistique, c'est que nous évoluons dans une université francophone et qu'il faut en être fier. Il est aussi de la responsabilité de tous et chacun de défendre notre langue dans l'espace nord-américain», poursuit la spécialiste en linguistique.

Selon elle, le renforcement de la langue française est tout à fait compatible avec l'ouverture aux autres langues, et ne doit pas se faire en s'isolant du reste du monde. «Il faut par exemple faire en sorte d'inspirer nos étudiants internationaux pour qu'ils réalisent que l'opportunité de renforcer leurs capacités en français est aussi une plus-value pour eux, tout comme c'est un plus pour les francophones d'apprendre une seconde ou une troisième langue», dit Hélène Cajolet-Laganière.

Louis Marquis
Louis Marquis

Pour sa part, le vice-recteur à la communauté universitaire et aux relations internationales, Louis Marquis, ajoute sa voix à cet appel pour que chacun fasse sienne la politique linguistique : «Cette politique avant-gardiste poursuit un objectif de valorisation de la langue française, parfaitement adapté à notre cadre universitaire, à notre mission de partage des connaissances et à notre réalité internationale. Avant son adoption, la politique a fait l'objet d'une vaste consultation et d'une très large adhésion. Il faut maintenant en parfaire notre maîtrise.»

Au diapason de la communauté universitaire

L'adoption de la politique linguistique en 2004 coïncidait avec une directive du gouvernement québécois. Dès sa mise en place, elle a été acceptée d'emblée par l'ensemble des intervenants. Toutefois, ces dernières années, le comité de suivi a dû clarifier plusieurs questionnements émanant de la communauté universitaire sur l'application et les limites de la politique.

«Nous avons reçu différentes demandes faites par des professeurs, des services et des membres de la direction sur des aspects tels que la réforme orthographique, la rédaction épicène, l'affichage, la traduction du nom de certaines fonctions ou entités, dit Hélène Cajolet-Laganière. Cela nous a amenés à préciser la politique, mais nous avons aussi constaté qu'elle demeurait méconnue.»

La mise à jour de la politique est donc l'occasion idéale pour lancer une vaste campagne de promotion afin d'aider la communauté universitaire à y voir plus clair et de poursuivre l'objectif de renforcer et de promouvoir la qualité du français à l'UdeS.

Un site Internet sera mis en ligne pour offrir des conseils et des documents dont un guide de rédaction épicène, pour favoriser un style d'écriture qui réduit la duplication des genres masculin et féminin. En mars, à la faveur de la Semaine du français, une table ronde avec des scientifiques et des gens de la recherche sera proposée. Un outil dictionnairique sera aussi rendu disponible en ligne. Le Journal UdeS sera également mis à contribution en publiant des chroniques linguistiques et des placards publicitaires pour faire connaître la nouvelle politique.

Processus évolutif

Pour le vice-recteur Marquis, la langue est une matière vivante et dynamique. À cet égard, il rappelle que le comité de suivi demeure en position d'écoute et d'échange pour bonifier encore la politique linguistique au besoin. «Le travail ne sera jamais fini», dit-il.


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