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La réforme du participe passé

Alors que les travaux de session sont bientôt à remettre, vous arrachez-vous les cheveux chaque fois que vous devez accorder un participe passé? Si oui, voici une lueur d’espoir.

Une simplification des règles d’accord du participe passé, proposée en 2014, fait son chemin et réussit à convaincre de plus en plus de linguistes et didacticiens européens et québécois.
En 2014, le Conseil international de la langue française (CILF) a proposé une réforme des règles d’accord du participe passé qui vise leur simplification. Cette réforme, qui en est encore au stade de la recommandation, a reçu récemment un appui de la part d’organisations québécoises.

En quoi consiste la réforme?

Concrètement, la réforme revient à implanter et à retenir seulement trois règles d’accord du participe passé. La première concerne les participes passés employés seuls ou avec l’auxiliaire être. Cette règle ne modifierait en rien les accords traditionnels, ce qui signifie que l’accord s’effectuerait encore selon le sujet auquel il se rapporte. On continuerait donc à écrire : « Les arbres tombés » ou « La voisine est venue ».

La deuxième règle touche l’accord des verbes pronominaux qui, dorénavant, à la manière des participes passés formés avec l’auxiliaire être, s’accorderaient avec leur sujet plutôt qu’avec leur complément direct s’il est placé devant. Plutôt que : « Elle s’est lavé les mains » et « Ces spectacles se sont succédé », on écrirait donc : « Elle s’est lavée les mains » et « Ces spectacles se sont succédés ».

La dernière règle ferait que tous les accords du participe passé conjugués avec l’auxiliaire avoir demeureraient invariables, sans exceptions ou cas particuliers. On n’écrirait donc plus : « La pomme que j’ai mangée » et « Ces filles, je les ai vues hier », mais bien : « La pomme que j’ai mangé » et « Ces filles, je les ai vu hier ».

Les avantages de la réforme

Cette proposition n’a pas comme principal but de diminuer le nombre d’erreurs commises lors de nos rédactions, mais bien de rectifier la cohérence linguistique du français, perdue de vue dans ce type d’accord.

Actuellement, les élèves passent plus de 80 heures au primaire et au secondaire à étudier les participes passés ainsi que leurs cas et exceptions. La réduction du nombre de règles diminuerait le temps passé sur ces apprentissages, ce qui permettrait d’allouer davantage de temps aux autres notions langagières. De fait, l’enseignement pourrait se concentrer sur la syntaxe, le vocabulaire, la variation linguistique, la cohérence ou la compréhension de lecture. Les élèves pourraient également approfondir d’autres compétences, telles que leur esprit critique ou leur argumentation.

Son apprentissage facilité, la langue française deviendrait ainsi plus accessible pour tous et toutes, qu’elle soit leur langue maternelle ou non.

Les appuis à la réforme

La réforme n’est pour l’instant qu’une recommandation, mais elle a l’appui de l'Association québécoise des professeur.e.s de français (AQPF) depuis octobre 2021, qui a demandé « au ministère de l’Éducation de revoir les critères de correction ainsi que les exigences des programmes scolaires en matière d’accord du participe passé » (AQPF, 2021). L’Association s’est aussi engagée à promouvoir et à diffuser la réforme, notamment en tenant des formations auprès de ses membres.

D’autres associations appuient cette proposition, dont le Groupe québécois pour la modernisation de la norme du français, la Fédération internationale des professeurs de français et le Conseil de la langue française et des politiques linguistiques de la fédération Wallonie-Bruxelles.

Certains partisans de cette réforme l’appliquent déjà dans leur quotidien – dans leurs courriels, par exemple – en précisant qu’ils emploient les nouvelles règles d’accord, et ils incitent leurs interlocuteurs à l’ouverture.

Pour plus d’informations concernant la réforme, voici quelques ressources intéressantes :
www.participepasse.info
www.reformeduparticipepasse.com