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Portrait de l’enseignante Prunelle Thibault-Bédard

« Je souhaite transmettre l’idée que le droit de l'environnement n'est pas un domaine obscur réservé aux experts »

Avocate et passionnée par les enjeux environnementaux contemporains, Prunelle Thibault-Bédard enseigne au CUFE depuis 2016. Elle donne le cours de 2e cycle Droit de l’environnement, en classe et à distance.

Découvrez cette femme engagée qui a aussi son petit côté artistique.

Quel est votre domaine d’expertise?

Le droit de l'environnement et la réglementation de l'électricité au Québec.

Quelle est votre formation et quel est votre parcours professionnel?

J'ai fait mes études en droit à l'Université McGill (double baccalauréat BCL/LLB) puis, comme tous les avocats et avocates en devenir, j'ai fait l'École du Barreau et un stage de 6 mois. J'ai réalisé mon stage dans un grand cabinet de Montréal, où j'ai pu expérimenter une pratique plus traditionnelle du droit, pour me rendre compte que ce n'était pas du tout pour moi! J'ai donc décidé de retourner aux études dans un domaine qui m'avait toujours intéressée : l'environnement.

J'ai fait une maîtrise en Environmental Security and Peace à Universidad para la Paz, au Costa Rica. À mon retour, j'ai pris la décision de placer l'environnement au centre de ma vie professionnelle. Idéalement, je souhaitais me diriger vers le droit de l'environnement, mais j'étais aussi prête à me trouver un emploi non juridique, pourvu que ce soit dans le domaine environnemental. J'ai finalement eu la chance d'être engagée comme conseillère juridique en environnement chez Hydro-Québec, où j'ai travaillé pendant près de 5 ans et où j'ai énormément appris. Forte de cette expérience, j'ai ensuite fait le saut vers le travail autonome afin de bénéficier d'une plus grande liberté dans l'organisation de mon travail.

En lien avec les enjeux actuels en environnement et développement durable, que considérez-vous comme primordial parmi les compétences à développer par les futurs professionnels en environnement?

La rigueur scientifique ou, lorsque les connaissances scientifiques sont insuffisantes, le principe de précaution doit, à mon avis, constituer la base de toute décision ou démarche prise par un professionnel ou une professionnelle de l'environnement. Malheureusement, la science à elle seule suffit rarement à entraîner les transformations requises pour une meilleure protection de l'environnement. Les personnes spécialisées en environnement devraient donc également ajouter quelques notions de droit, de politique, de communications et de relations publiques à leur parcours académique!

Le droit est un outil qui peut s'avérer utile pour la protection de l'environnement, mais qui comporte des limites et doit par conséquent être examiné d'un œil critique.

Que souhaitez-vous transmettre à vos étudiants?

Que le droit en général, et le droit de l'environnement en particulier, n'est pas un domaine obscur réservé aux experts. Que le droit touche une multitude d'aspects de leur vie professionnelle et personnelle et que, par conséquent, il est important d'en posséder une connaissance de base. Que des ressources existent pour accéder à cette connaissance.

Une lecture ou un documentaire que vous jugez incontournable à la compréhension des défis actuels en environnement?

L'équilibre sacré, de David Suzuki. Ce livre ne traite pas directement des défis environnementaux, mais bien de l'humain comme enfant de la Terre et dont la survie dépend de l'air, de l'eau, du sol et de l'énergie du soleil; la posture de départ qui, à mon avis, doit être adoptée pour envisager tous les défis environnementaux.

Que faites-vous lorsque vous n’enseignez pas?

Côté professionnel, je représente des organismes environnementaux devant la Régie de l'énergie et je conseille des entreprises et organismes qui souhaitent bien comprendre et bien appliquer le droit de l'environnement.

Côté personnel, en temps "normal", j'aime beaucoup prendre part à des projets artistiques et organiser des événements. Je suis la co-propriétaire du festival familial les Médiévales de Lanaudière. En temps de confinement, je me concentre sur mon jardin, sur des petits projets d'artisanat et de décoration intérieure, et je fais de mon mieux pour garder la forme, physique et mentale.

Comment le goût d’enseigner est-il arrivé dans votre parcours?

J'ai toujours aimé expliquer les choses. J'éprouve une grande satisfaction intellectuelle à trouver des termes simples et des exemples concrets pour illustrer une notion qui peut paraître complexe ou abstraite. Il existe un grand besoin de vulgarisation dans le domaine juridique. La compréhension du droit ne devrait pas être limitée aux juristes, mais devrait être accessible à l'ensemble des citoyennes et citoyens afin que tous puissent comprendre et exercer leurs droits.

Avez-vous une réalisation personnelle ou professionnelle dont vous êtes particulièrement fière?

Mon implication en tant qu'administratrice du Centre québécois du droit de l'environnement (CQDE). Il est le seul organisme à offrir une expertise indépendante en droit de l’environnement au Québec, permettant aux citoyens et citoyennes d’accéder à l’information et à la justice en matière de droit environnemental, un besoin de plus en plus grand alors que se multiplient les dossiers environnementaux soulevant des enjeux juridiques.

« C'est un véritable plaisir d'enseigner le droit de l'environnement aux étudiantes et étudiants du CUFE. Leur intérêt et leur engagement sont palpables et me procurent beaucoup d'espoir sur l'avenir du milieu professionnel environnemental au Québec. »