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Portrait de Mathieu Guillemette, un diplômé du CUFE

« En environnement, au-delà des aspects techniques, ce sont les sensibilités humaines qui posent le plus grand défi »

Mathieu Guillemette est diplômé de la maîtrise en environnement depuis 2001. Auparavant, il a obtenu un baccalauréat en biologie (spécialisation : écologie) à l’UQAM et il a complété, en 2008, une maîtrise en administration publique à l’ENAP.

Actuellement directeur principal, service aux municipalités, chez Éco Entreprises Québec, Mathieu Guillemette n’aurait jamais cru travailler un jour dans le secteur de la gestion des matières résiduelles.

Ça me paraissait tellement trivial et… simple! Et pourtant! J’ai constaté rapidement que la gestion des matières résiduelles présente des enjeux complexes, qui doivent être abordés tout à la fois selon plusieurs perspectives : l’aspect technique, évidemment, mais également l’aspect comportemental, la question économique, le cadre légal, les questions commerciales, et j’en passe.

En guise d’exemple, M. Guillemette mentionne les entreprises qui mettent sur le marché un emballage recyclable et s’assurent de financer un système de récupération simple et accessible comme la collecte sélective porte-à-porte.

Si le citoyen décide de ne pas placer son contenant dans le bac de recyclage, ce contenant est perdu. On doit alors étudier le comportement-citoyen, s’assurer de clarifier le message, faciliter encore davantage le geste, expliquer l’importance et le bénéfice environnemental de le faire. Chaque étape de la chaîne comporte des considérations de tous ordres qui favorisent que le système fonctionne ou non.

Avec la modernisation de la collecte sélective et la transition vers une responsabilité élargie du producteur (REP) complète annoncée par monsieur Benoit Charrette, ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, Mathieu Guillemette anticipe les prochaines années avec un enthousiasme renouvelé. La collecte sélective dessert déjà la totalité de la population québécoise et permet de récupérer et de recycler plus de la moitié des contenants, emballages et imprimés, mais on peut faire encore mieux.

Au cours des prochaines années, nous aurons à participer à une réflexion collective sur l’ensemble de la chaîne de valeur, de la conception même des emballages qui sont mis en marché à la façon d’accroître le recyclage en fin de vie. Et surtout, nous devrons être plus transparents envers le citoyen qui souhaite être rassuré sur la pertinence de son geste de récupérer à la maison. Un beau défi en perspective!

Un parcours professionnel dans la filière gouvernementale

En début de parcours professionnel, il travaille dans le monde municipal, notamment à la MRC du Val-St-François, après avoir réalisé un projet d’intervention pour la MRC dans le cadre d’un cours à la maîtrise.

À l’époque, la MRC avait créé une régie de gestion des matières résiduelles qui gérait un petit lieu d’élimination. Ce fut un choc pour moi de voir la quantité de matières vraisemblablement recyclables qui se retrouvaient au site. Le traumatisme venait aussi des nombreuses têtes de poupées en caoutchouc qui ont tendance à remonter à la surface dans un lieu d’élimination! Ce fut une excellente première expérience. J’ai également eu la chance de travailler à l’élaboration du premier Plan de gestion des matières résiduelles de la MRC Memphrémagog.

Après trois années dans le monde municipal, il travaille quatre ans comme professionnel chez RECYC-QUÉBEC. C’est durant ces années qu’il acquiert une vue d’ensemble de la gestion des matières résiduelles au Québec et qu’il fait une découverte importante pour la suite.

Durant mon passage chez RECYC-QUÉBEC, j’ai participé à plusieurs audiences du BAPE en tant que représentant de la Société d’État. Une fois de plus, c’était intéressant de constater qu’au-delà des aspects techniques, ce sont les sensibilités humaines qui posent le plus grand défi. Même si vous avez le plus beau et noble projet de plateforme de compostage et que vous avez fait toutes les modélisations de dispersion des odeurs possibles pour rassurer la population, le citoyen qui aura la plateforme dans sa cour va se présenter au BAPE pour s’y opposer.

Mathieu Guillemette réalise que le spécialiste ne peut pas se cantonner dans son rôle, sinon, il habite seul dans sa tour d’ivoire, déconnecté du monde.

La transition d’un rôle de professionnel vers un rôle de gestionnaire a été un défi important pour lui. Mais c’est aussi une étape de son parcours professionnel dont il est fier pour une raison bien précise.

J’aime ‘’cruncher’’ des données, j’aime travailler sur le fond des dossiers, creuser, développer une expertise sur un mandat portant sur une problématique nouvelle. En tant que coordonnateur, puis comme directeur et maintenant comme directeur principal, j’ai dû apprendre à faire de la place aux membres de mon équipe pour les laisser, eux, s’amuser sur les dossiers! Mais c’est également une des réalisations dont je suis le plus heureux : c’est d’arriver à offrir cet espace pour mon équipe pour leur permettre de mener à bien les projets et de leur offrir l’accompagnement pour se développer en tant que professionnels.

Tisser des liens entre les gens et entre les expertises

Les enjeux environnementaux sont multidimensionnels, c’est l’enseignement fondamental que retient Mathieu Guillemette de son passage à la maîtrise en environnent.

C’est un message qui nous était répété constamment, et même la composition de ma cohorte en était le témoignage, avec des diplômés de premier cycle en biologie, géographie, génie, droit, journalisme, psychologie… Dans ma pratique, je dois constamment sortir de ma zone d’expertise et de mon schème de pensée du gars qui a étudié en sciences pures pour penser en termes comptable, politique, juridique, etc. La maîtrise nous prépare bien à ça.

Il se rappelle d’un conseil reçu lors de sa formation et qu’il a mis en application. Aujourd’hui, il en récolte les fruits.

N’oubliez pas de lever les yeux de votre ordi de temps en temps! Un professeur de la maîtrise nous avait expliqué l’importance de sortir de notre bureau et de développer un solide réseau, merci Serge Cabana pour le conseil! Même si c’est compliqué par le contexte actuel, il faut continuer à tisser des liens. De mon côté, j’ai la chance d’occuper une fonction qui m’amène à faire beaucoup de rencontres aux quatre coins du Québec et à faire des conférences au Canada et aux États-Unis, mais je m’implique également bénévolement, par exemple, avec le comité régional de Montréal de Réseau Environnement. Après vingt ans en gestion des matières résiduelles, je vois l’utilité et le plaisir, d’avoir développé un solide réseau de contacts et d’amis au Québec et ailleurs.

Dans ses temps libres Mathieu Guillemette aime beaucoup travailler de ses mains. Cela lui permet de faire le vide dans son esprit, de faire une coupure avec le travail très cérébral de la semaine. Avec sa conjointe, il a acheté un chalet – « plutôt, quatre murs et un toit! » – et il y a toujours des travaux à faire à l’intérieur ou sur le terrain : changer un vieux robinet, élaguer les arbres, couper du bois pour l’hiver, construire un nouveau cabanon.


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