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Portrait de l’enseignant Luc Tremblay

« C’est l’une des plus belles choses que d’enseigner, c’est structurant pour une société »

Capitaine de bateau lors de la descente de la rivière Colorado.
Capitaine de bateau lors de la descente de la rivière Colorado.

Luc Tremblay enseigne au CUFE depuis 2008 le cours Projet intégrateur dans le cadre de la maîtrise en environnement. Il enseigne principalement au Campus de Longueuil.

C’est avec une belle générosité qu’il répond à nos questions. Découvrez un enseignant dévoué et engagé.


Quel est votre domaine d’expertise?

Principalement, je m’intéresse au processus de transformation des organisations et à la gestion du changement. J’œuvre donc dans le milieu des affaires auprès des gestionnaires en tant que conseiller stratégique.

Quelle est votre formation?

J’ai obtenu un baccalauréat en administration des affaires de l’Université Laval (1990). J’ai complété la dernière année à Mons, en Belgique. J’ai aussi deux certifications professionnelles : Project Management Professionnal (PMP) et ceinture noire Lean Six Sigma. Puis, en 2008, j’ai complété une maîtrise en environnement à l’Université de Sherbrooke.

Je n’ai pas terminé d’apprendre, car je viens de m’inscrire au microprogramme de 3e cycle en conseil stratégique en environnement. J’ai un certain réseau dans le monde des affaires et si je peux faire une différence en abordant les questions environnementales à travers la gouvernance et la responsabilisation des décideurs, je vais le faire!

Quel est votre parcours professionnel?

Je cumule les expériences au sein de diverses entreprises : Hewlett Packard, Xerox, Fujitsu, Edgenda et présentement chez Createch en tant que directeur de l’équipe en amélioration de la performance opérationnelle.

Je travaille avec des organisations qui souhaitent simplifier la gestion de leurs processus. Je touche autant aux processus liés à la gouvernance qu’aux processus au cœur des organisations qu’à ceux liés au support comme les finances, les technologies de l’information, les ressources humaines, etc. Depuis 2018, je fais aussi du coaching de développement auprès de gestionnaires qui doivent accepter de faire des changements dans leurs modes de gestion pour faciliter la mise en place d’une meilleure performance des équipes et de leur propre rendement au travail.

Dans mon parcours, j’ai aussi eu la chance de gérer et de coordonner des campagnes publicitaires et de transformation d’images « branding », d’élaborer des plans de communication à titre de publicitaire et aussi à titre de directeur des communications et de la planification stratégique pour un des plus vieux théâtres professionnels au Québec.

Depuis 2008, j’enseigne au CUFE. Le milieu de l’environnement me sort du monde des affaires où les préoccupations sont, pour l’essentiel, encore à trop court terme. L’enseignement me permet de nourrir cette partie de moi qui aime transmettre et accompagner les autres dans leurs apprentissages à travers des rapports authentiques et en lien avec des valeurs communes.

Lorsque Luc Tremblay ne travaille pas, en plus du yoga et de séances de pleine conscience, il pratique plusieurs activités de plein air. Dès qu’il en a l’occasion, il part marcher en montagne avec son épouse. Il aime aussi faire du canot et du rafting, il a été à deux reprises capitaine en expédition de rafting sur la rivière Colorado dans le Grand Canyon en 2012 et la rivière Firth au Yukon en 2016. Il aime cuisiner et recevoir ses amis, car il apprécie les occasions d’échanger.

Comment le goût d’enseigner est-il arrivé dans votre parcours?

L’enseignement et le coaching sont arrivés tôt dans ma vie. À 15 ans, j’étais entraîneur d’une équipe de hockey. J’ai enseigné la natation pendant six ans. J’ai été entraîneur au soccer et instructeur de ski alpin.

Vers 18-19 ans, comme j’avais déjà un grand intérêt pour le plein air et l’activité physique, je me voyais devenir professeur en sciences de l’activité physique à l’université. Durant toute la durée de mon cégep, j’économisais en prévision de mes études universitaires. Puis, j’ai appris que pour devenir professeur de niveau universitaire il fallait un postdoctorat. Ça m’a découragé. J’ai mis ce projet de côté et, influencé par la carrière de mon beau-père de l’époque, j’ai choisi de m’inscrire au bac en administration des affaires.

L’envie d’enseigner ne m’a jamais quitté. En plus de mes charges d’enseignement au CUFE, dans mon travail professionnel, j’ai eu la chance de donner plusieurs formations en Lean Six Sigma et en gestion de projet dans diverses organisations comme à l’Université McGill, au Ministère de l’Éducation (MEES), au CUSM et à diverses entreprises privées et publiques.

En classe avec les étudiants de la maîtrise en environnement au Campus de Longueuil.
En classe avec les étudiants de la maîtrise en environnement au Campus de Longueuil.
Photo : Université de Sherbrooke

Durant mes études en environnement, j’ai suivi le cours Projet intégrateur. J’ai réalisé que j’avais l’expérience et les ressources pour donner ce cours. J’en ai discuté avec l’enseignant et il a organisé une rencontre avec la responsable du programme. Depuis, j’enseigne au CUFE. Cela fait 11 ans!

Que souhaitez-vous transmettre à vos étudiants?

Si, à travers ma relation avec les étudiantes et les étudiants, je réussis à leur insuffler le courage d’accepter leurs convictions et d’oser agir en cohérence avec leurs valeurs, je me dis « mission accomplie ». Même si cela n’est pas facile, je sais qu’au final, notre vie est « faite » de nos décisions. Chacun a un pouvoir sur celles-ci. Plus tôt on comprend cela, mieux c’est!

Dans le cadre du cours, si je peux aider mes étudiants à développer une fine compréhension des personnes auxquelles ils s’adressent, à définir, à partir de cette compréhension et de leur intuition, comment présenter les choses pour les faire accepter et obtenir l’adhésion des membres de l’équipe et des clients; je crois que mon travail a de la valeur.

Tout peut être fait et dit, cela dépend de la manière. Je le vois beaucoup dans les projets organisationnels. Une première personne présente une idée et ça ne passe pas; une seconde présente la même idée, mais avec d’autres mots ou une autre approche et soudainement les obstacles disparaissent.

Une lecture ou un documentaire que vous jugez incontournable à la compréhension des défis actuels en environnement?

Cette question est difficile pour moi. Ma bibliothèque personnelle est un assemblage entre le Lean Six Sigma, la gestion par processus, la pleine conscience, l’environnement et le DD, l’analyse de cycle de vie, les langues, la cuisine, Compostelle… Toutefois, voici quelques livres qui me semblent incontournables à notre époque où il est urgent d’opérer des changements importants dans nos sociétés : « L’impasse de la globalisation » de Michel Freitag (UQAM), « la stratégie de l’autruche » d’Omar Aktouf (HEC), « Comment les riches détruisent la planète » de Hervé Kempf, « La quête du sens » de Thierry C. Pauchant et « La gestion des crises et des paradoxes » de Pauchant et Ian I. Mitroff. Toutes ces lectures m’ont aidé à forger ma pensée et mes propos actuels.

Je souhaite à mes étudiantes et mes étudiants de la maîtrise en environnement, et à tous ceux qui se définissent comme des apprenants, la maturité émotionnelle d’accepter la différence. Ce sera un atout important dans notre quête de changements profonds. Je leur souhaite aussi de trouver un grand plaisir à simplement échanger avec les autres.

En lien avec les enjeux actuels en environnement et développement durable, que considérez-vous comme primordial parmi les compétences à développer par les futurs professionnels en environnement?

Plusieurs compétences sont primordiales. D’abord, la compréhension systémique des différents enjeux, le développement d’un esprit critique et articulé pour mobiliser et assumer un leadership ou un rôle d’influenceur.

Ensuite, développer le « comment dire » pour être juste dans nos gestes et nos paroles.

Pour terminer, il est absolument nécessaire d’acquérir une culture de l’intelligence artificielle – du machine learning – et de l’automatisation des processus avec robots et des bots qui tiendront un rôle déterminant dans la gestion des processus et des organisations.

Je crois aussi que le manque de ressources humaines à court terme et les pressions environnementales sur les organisations nous forceront à trouver des solutions de remplacement pour des tâches qui étaient effectuées par des personnes et malheureusement manquaient de respect envers l’environnement. Dans un futur assez proche, il y aura de nouvelles façons de faire dans les organisations qui seront, je nous le souhaite, plus justes et en adéquation avec les capacités de nos écosystèmes naturels. Ils sont encore aujourd’hui beaucoup trop loin des préoccupations quotidiennes des citoyens et des décideurs qui ont le pouvoir.

Luc Tremblay et son épouse entourés de leurs enfants.
Luc Tremblay et son épouse entourés de leurs enfants.
Photo : Fournie

Avez-vous une réalisation personnelle ou professionnelle dont vous êtes particulièrement fier?

Assurément la réussite de mon bac en administration des affaires qui m’a mené jusqu’en Belgique. Tout ça avec mes seuls moyens, dans des conditions difficiles. D’avoir pris la décision de m’inscrire à la maîtrise en environnement : de l’oxygène et un nouveau souffle à ma vie. Je suis aussi heureux d’avoir fait ce qu’il fallait pour réaliser ce rêve, et encore mieux aujourd’hui, de pouvoir enseigner et de coacher.

Je suis rempli de gratitude à la pensée de mes deux garçons de 21 et 25 ans auxquels, j’ose le croire, mon amour et ma « guidance » ont contribué à faire d’eux ce qu’ils sont aujourd’hui. Leur témoignage humble mais profond à la fête des Pères me permet de croire que leur mère et moi avons pu leur donner des bases et outils robustes pour leur permettre d’apprécier la vie et de croire au bonheur tout en étant des citoyens responsables.

Enfin, oser me remarier en 2016 et aimer trois enfants de plus!