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Portrait de l’enseignant François Lafortune

« Transmettre le goût d’oser, d’ouvrir de nouvelles portes, de ne jamais rien prendre pour acquis »

Photo : Université de Sherbrooke

François Lafortune enseigne au CUFE depuis 2012, tant à la maîtrise qu’au baccalauréat. Il donne les cours de Chimie de l’environnementGES et changements climatiques et Changements climatiques et pollution de l’air aux campus de Sherbrooke et de Longueuil.

C’est avec plaisir qu’il accepte de répondre à nos questions, histoire de mieux le connaître.

Quels sont vos domaines d’expertise?

Dans un sens large, je dirais la communication et la vulgarisation scientifique, surtout par l’enseignement. De façon plus pointue, j’ajouterais les secteurs suivants : la chimie, les GES (inventaire d’émissions, quantification de réduction d’émissions, vérification d’inventaires ou de projets GES), la gestion des matières résiduelles (technologies de recyclage du verre, de plastiques mixtes et de pneus) et la rédaction technique, dont plus précisément les rapports d’avancements technologiques et les demandes de subventions.

Quelle est votre formation et quel est votre parcours professionnel?

J’ai obtenu un doctorat en spectrométrie de masse (chimie analytique biomoléculaire) de l’Université du Manitoba après une maîtrise en photochimie de l’Université de Montréal. J’ai enseigné la chimie à l’université de Saint-Boniface pendant dix ans avant de retourner au Québec et bifurquer vers des domaines beaucoup plus appliqués et reliés à l’environnement, comme la gestion des matières résiduelles : par exemple, la Bourse québécoise des matières secondaires chez Recyc-Québec, le recyclage de pneus, de verre et de plastiques dans des PME du Québec et de l’Ontario.

Parallèlement, je me suis spécialisé en recherche de crédits de R&D et de subventions au Canada et aux États-Unis, surtout pour de petites entreprises spécialisées en innovation technologique, agissant comme interface entre les gouvernements et les entreprises. Depuis 10 ans environ, les préoccupations climatiques et l’évaluation des émissions et des réductions d’émission de GES au sein d’organisations prennent de plus en plus d’ampleur, ce qui n’est clairement pas une mode, mais un signe des temps. Depuis 2012, j’ai joint la formidable équipe du CUFE, où j’ai encore la chance d’enseigner.

Comment le goût d’enseigner est-il arrivé dans votre parcours?

Très tôt en fait, soit lorsque j’ai commencé ma maîtrise à l’Université de Montréal en chimie. C’était dans l’ordre des choses, alors, d’assister les professeurs lors de séances d’exercices ou juste avant les examens intra, lorsqu’on était étudiant à la maîtrise.

J’adorais dessiner des molécules au tableau ou répondre aux questions des étudiants et je me suis tout de suite dit que ça pourrait être une très chouette profession d’enseigner plus tard. C’est exactement ce qui est arrivé et voilà donc un autre cas où il y avait lieu de suivre son intuition.

Que souhaitez-vous transmettre à vos étudiantes et étudiants?

Le goût d’oser, d’ouvrir de nouvelles portes, de ne jamais prendre pour acquis qu’on ne peut pas améliorer quelque chose. C’est possible, et souvent même radicalement, si on s’y attaque, si on y met sa propre et unique couleur.

En même temps, il est important de conserver une dose d’humilité dans ce milieu forcément très multidisciplinaire, où il y a toujours un expert qui en connaît plus que soi-même. La notion d’expertise sera toujours « relative » dans le domaine de l’environnement et du développement durable.

Une lecture ou un documentaire que vous jugez incontournable à la compréhension des défis actuels en environnement?

Le livre « The Madhouse Effect » du climatologue Michael Mann et du caricaturiste Tom Toles des éditions du Washington Post. Ce livre met en lumière de façon éclatante et humoristique les incohérences des climatosceptiques.

En lien avec les enjeux actuels en environnement et développement durable, que considérez-vous comme primordial parmi les compétences à développer par les futurs professionnels en environnement?

Toujours avoir en tête à qui l’on s’adresse, qui nous écoute ou nous lit. Qui tente-t-on de convaincre ou de rallier à nos conclusions ou à nos convictions? Parvenir aussi à prendre du recul, à osciller entre l’arbre et la forêt.

D’autre part, et ce n’est vraiment pas limité au secteur de l’environnement, je trouve qu’une compétence utile à développer est la capacité, pour ne pas dire l’art, d’entretenir de bonnes relations amicales et professionnelles. Ça a l’air complètement banal, mais le monde professionnel, même planétaire, est un très petit monde et, à terme, on gagne infiniment plus à créer des ponts qu’à les couper.

Dernière suggestion : s’efforcer de bien écrire en français est un incroyable passeport pour l’avancement professionnel sous toutes ses formes. Bien écrire en français, jadis allant de soi, est devenu une denrée rare et hautement convoitée dans les univers que je fréquente.

Avez-vous une réalisation personnelle ou professionnelle dont vous êtes particulièrement fier?

Avec le temps qui passe, j’ai la chance d’avoir un certain embarras du choix, mais ce qui me vient spontanément à l’esprit, c’est cet atelier d’une semaine monté pour, et avec l’aide, de jeunes étudiants à Saint-Boniface, intitulé « Chimie plein les sens, sans bon sens », qui combinait musiques avant-gardistes, expériences de chimie spectaculaires – explosions, phosphorescence –  et théâtre d’improvisation. J’avoue qu’il y a des jours où j’aurais bien le goût d’envisager d’autres projets de cette nature. Plus récemment, des stages d’enseignement au Maroc et en Côte d’Ivoire m’ont fait réaliser qu’il y a là aussi de très belles possibilités de collaboration avec la relève africaine, en plus de la relève québécoise bien sûr!

Autre chose que vous aimeriez partager avec nos lecteurs?

Une petite maxime du philosophe Sénèque :

Ce n'est pas parce que les choses sont difficiles que nous n'osons pas, c'est parce que nous n'osons pas qu'elles sont difficiles.

Lorsqu’il n’enseigne pas, François Lafortune aime beaucoup immortaliser le temps et le moment, spécialement par la photo ou un bon repas avec des proches. Un peu de sports de raquettes aussi (tennis, badminton) et pas mal d’événements culturels, avec un intérêt particulier pour le théâtre et la musique (Brubeck, Davis, Debussy, Satie, Deadmau5). Il a un petit projet artistique en chantier, lié à la lumière et à la mise en valeur d’œuvres restées dans l’ombre. À suivre…