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Sauve-Souris

L’infection fongique blanchâtre se manifeste sur les parties infectées des chauves-souris, soit leurs ailes, leurs oreilles et leur museau.

L’infection fongique blanchâtre se manifeste sur les parties infectées des chauves-souris, soit leurs ailes, leurs oreilles et leur museau.

Cet article, réalisé dans le cadre du cours de communication, a été rédigé par une étudiante du baccalauréat en études de l'environnement.

Si l’ail et le soleil étaient autrefois les moyens préconisés pour se débarrasser des suceurs de sang, il ne fait aucun doute que le champignon Pseudogymnoascus destructans serait bien plus efficace de nos jours. En effet, ce dernier a causé la mort de plus de 5 millions de chauve-souris en Amérique du Nord depuis 2006. Mais pourquoi vouloir perdre cet animal si utile à notre agriculture?

Pseudogymno-quoi ?

Le Pseudogymnoascus destructans est un champignon pathogène responsable d’une infection popularisée sous le nom de «syndrome du museau blanc». Il atteint la chauve-souris lors de sa période d’hibernation et altère ses fonctions homéostatiques, c’est-à-dire la régulation de son système. Cela cause entre autres une perte de ses réserves de graisses, une source d’énergie vitale pour la survie pendant cette période. Dans la plupart des cas, les chauves-souris sont réveillées prématurément par la présence de l’infection. Cela demande un grand apport en énergie  que leurs pauvres réserves de graisses ne peuvent pas supporter, provoquant la mort de l’animal. Les chercheurs ont d’abord considéré que l’hibernation ralentissait la réponse immunitaire de la chauve-souris, causant le réveil. Or, il a plutôt été révélé récemment que le système immunitaire réagit bel et bien à la présence du champignon : ce serait sa réaction qui provoque la sortie d’hibernation de l’animal !

À qui la faute ?

Depuis que le syndrome du museau blanc a été observé pour la première fois en 2006 près de l’État de New York, il ne cesse de se propager, touchant même désormais le Québec. La découverte de ses caractéristiques a permis de réaliser qu’il était présent depuis de nombreuses années en Europe. Cependant, la survie des chauves-souris infectées de ce continent n’est pas compromise. Comment alors expliquer les conséquences fatales qui ne se produisent qu’en Amérique du Nord? Une théorie quant à l’apparition du Pseudogymnoascus destructans de notre côté de l’océan Atlantique retient actuellement l’attention de la communauté scientifique.

Ci-haut l’état des ailes d’une petite chauve-souris brune atteinte du syndrome du museau blanc. Dans certains des cas étudiés, leur guérison a été complète : aucune trace de lésion ou de cicatrice n’était visible après 70 jours.
Ci-haut l’état des ailes d’une petite chauve-souris brune atteinte du syndrome du museau blanc. Dans certains des cas étudiés, leur guérison a été complète : aucune trace de lésion ou de cicatrice n’était visible après 70 jours.
Photo : USFWS/Sue Cameron, 2011

Celle-ci propose qu’il y ait eu une coévolution européenne entre les chauves-souris de cette région et l’infection. Tout comme un enfant grippé qu’on envoie à la garderie, le champignon aurait par la suite été introduit et propagé par l’humain dans une grotte ayant un flux touristique élevé près de l’État de New York. Cette hypothèse a récemment été soutenue par une étude effectuée sur les petites chauves-souris brunes du Canada. Ces dernières ont été infectées par une souche américaine ou européenne. Il a été révélé que peu importe la provenance de l’agent infectieux, elles ont toutes développé de graves symptômes et sont mortes après quelques mois.

Un petit mammifère qui en fait beaucoup

Il est vrai que la chauve-souris n’est pas mignonne, c’est donc par sa valeur écosystémique qu’elle devra attirer la sympathie. Puisque certaines sont insectivores, les insectes ravageurs de récoltes ou porteurs de pathogènes dangereux pour les humains représentent pour elles un délicieux buffet. Elles préviennent ainsi la propagation de maladies et l’utilisation excessive de pesticides. Ces derniers, non seulement néfastes pour la santé, ont aussi de graves conséquences sur les sols et les cours d’eau environnants des lieux où ils sont rejetés.

Il est donc primordial de protéger la chauve-souris pour son rôle dans nos écosystèmes. Pour l’instant, aucun remède contre le syndrome du museau blanc n’a été trouvé. Par contre, une étude publiée en 2011 a révélé que certaines chauves-souris parviennent à vaincre l’infection et à retrouver une bonne santé. En effet, «suite à la sortie de l’hibernation, à la fois les chauves-souris captives et sauvages ont été documentées vaincre l’infection, et la guérison des ailes est complète après plusieurs semaines.» (traduction libre de : Cryan, Meteyer, Boyles et Blehert., 2013) D’isoler la réponse immunitaire permettant la guérison et de comprendre ce qui la provoque doit donc être la priorité des chercheurs du Pseudogymnoascus destructans !