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Transmettre le plaisir d'apprendre

Pour Marc-André Guertin, c'est un privilège et un choix d'enseigner au CUFE

Depuis 2010, Marc-André Guertin enseigne le cours Valeur des écosystèmes et leur gestion à la maîtrise et au diplôme en gestion de l’environnement du CUFE. Il supervise également des étudiantes et des étudiants lors de la rédaction de leur essai de fin d’études à la maîtrise.

Il a une formation en sciences de l’UQAM et de l’Université McGill (agriculture, écologie et sciences de l’environnement). Il détient une maîtrise en sciences de l’environnement de l’UQAM et une formation de 2e et 3e cycles en éducation relative à l’environnement de l’UQAM ainsi qu’en pédagogie de l’enseignement supérieur de l’UdeS.

Marc-André Guertin se dévoile dans ce portrait présenté sous forme de questions-réponses.

Quel est votre domaine d’expertise?

La gestion des écosystèmes et la formation des décideurs sont mes deux domaines d’expertise. Par la force des choses et avec le temps, j’ai aussi développé des compétences pour la concertation des milieux et l’aménagement du territoire. Autrement dit, je facilite les échanges entre les différentes parties impliquées dans des projets touchant un territoire donné afin d’en faire un aménagement plus durable. Les connaissances dans le domaine de l’environnement évoluent et progressent rapidement, mais l’aménagement du territoire demeure un geste politique au Québec. Dans ce contexte, former les décideurs devient un incontournable.

Quel est votre parcours professionnel? 

J’ai d’abord exercé comme gestionnaire de projets communautaires en conservation de la biodiversité (1996 à 2000), avant de coordonner la conservation de la Réserve de biosphère du mont Saint-Hilaire pendant 9 ans. Ensuite, j’ai dirigé l’Association canadienne des réserves de la biosphère (2010-2012). Je travaille maintenant en tant que consultant.

J’ai œuvré au sein de conseils d’administration de groupes environnementaux et représenté des organismes environnementaux au sein de la Commission régionale sur les ressources naturelles et le territoire de la Montérégie Est. Je siège présentement au Comité national du Programme de l'Homme et la biosphère (MAB) de la Commission canadienne pour l'UNESCO.

Y a-t-il une réalisation ou une implication dont vous êtes particulièrement fier?

Je suis fier d’avoir réalisé plus d’une vingtaine d’acquisitions de propriétés pour protéger des milieux naturels et d’avoir contribué à faire désigner plus de 1000 hectares de réserves naturelles. Maintenant ce qui m’anime le plus, c’est d’aider des organisations à réaliser qu’elles peuvent en faire autant sinon plus. C’est aussi agréable de voir mes clients gagner des prix justement pour leurs actions en conservation comme c’est le cas pour la municipalité d’Austin et la Ville de Granby.

« Je crois que la créativité humaine va nous permettre de faire vraiment de grandes choses en matière de conservation des milieux naturels dans un avenir rapproché. »

Que faites-vous lorsque vous n’enseignez pas?

Mes dossiers en consultation m’amènent à collaborer avec quelques municipalités à la révision de leur plan d’urbanisme, notamment pour améliorer la gestion des écosystèmes et faciliter leur conservation. Je travaille avec la Réserve de biosphère Manicouagan-Uapishka (RMBMU) sur la Côte-Nord – que j’ai vue s’épanouir au fil des ans – à réaliser sa première évaluation périodique après 10 ans de désignation par l’UNESCO.

Également, je suis particulièrement stimulé par un projet de recherche que je vais entreprendre avec Lucie Sauvé, professeure au département de didactique de l’UQAM et directrice du Centre de recherche en éducation et formation relatives à l’environnement et à l’écocitoyenneté (Centr’ERE) ainsi que Jérôme Dupras, professeur au département des sciences naturelles de l’Université du Québec en Outaouais et chercheur à l’Institut des Sciences de la Forêt tempérée. Ce projet portera sur la formation des décideurs locaux à l’environnement et à la biodiversité. Il sera intéressant de creuser ce domaine de recherche qui demeure assez anecdotique et peu documenté. 

Comment le goût d’enseigner est-il arrivé dans votre parcours?

J’ai été entouré d’excellents pédagogues tout au long de ma vie, je suppose que je suis tombé dedans lorsque j’étais petit! Un professeur qui a marqué le jeune homme que j’étais, me citait toujours Montaigne pour m’expliquer des phénomènes de la vie. Notamment la phrase suivante : « Enseigner, ce n'est pas remplir un vase, c'est allumer un feu ». Aujourd’hui, lorsque je vois les yeux de mes étudiants briller parce qu’ils sont animés par le sujet du cours, j’ai l’impression de contribuer à ce feu.

C’est vraiment un privilège et un choix pour moi d’enseigner au CUFE. Je suis reconnaissant que mon collègue Stéphane Tanguay, qui enseigne aussi au CUFE, m’ait suggéré d’en faire autant.

Que souhaitez-vous transmettre à vos étudiants?

D’abord, je souhaite transmettre le plaisir d’apprendre. Ensuite, je mets beaucoup l’accent sur le fait que les problèmes environnementaux n’existent pas. Il n’y a que des problèmes socio-environnementaux. Dans un contexte où l’environnement se dégrade, ce sont les humains qui perdent de leur qualité de vie. Je suis sensible au sort réservé à la faune – particulièrement la faune aillée, car j’ai travaillé comme ornithologue lorsque j’étais un jeune professionnel mais malheureusement, ce n’est pas ça qui fait bouger les gens. Lorsqu’une personne réalise que sa qualité de vie ou celle de ses proches est menacée, elle est plus susceptible d’agir.

« Il faut repenser notre rapport à la nature! »

Une lecture ou un documentaire que vous jugez incontournable à la compréhension des défis actuels en environnement?

Hmmmm, la liste est longue et mes étudiants pourraient en attester!  Dans une perspective historique, Le Défi écologiste de Michel Jurdant, car c’est l’un de nos rares manifestes écologistes au Québec qui nous rappelle l’urgence d’agir et l’importance de changer nos paradigmes sociaux. Il commence à faire vieillot, mais il est tout de même intéressant. Dans une perspective critique, je crois que l’on gagne à prendre le temps de lire les rapports du Commissaire au développement durable du Gouvernement du Québec ainsi que les rapports du BAPE. Le dernier rapport du BAPE sur les gaz de schiste démontre bien plusieurs principes en développement durable et présente une analyse coût-bénéfice qui me semble particulièrement bien réussie. 

En lien avec les enjeux actuels en environnement et développement durable, que considérez-vous comme primordial parmi les compétences à développer par les futurs professionnels en environnement?

La prise de décision éthique et la pensée critique afin d’être en mesure de présenter des solutions systémiques, interdisciplinaires et créatives aux enjeux socio-environnementaux du Québec! C’est particulièrement nécessaire dans le cours Valeur des écosystèmes et leur gestion puisque l’on traite, notamment de valeurs multiples des écosystèmes et donc de conflits de valeurs. Dans ces situations, il faut être critique et savoir prendre des décisions éthiques favorables pour le plus grand nombre de personnes. Le tout en se basant sur des critères d’impartialité, de réciprocité et d’exemplarité. Pas toujours évident d’arriver à cela sans un regard systémique et interdisciplinaire.

« Je vous encourage à sortir et apprécier les beautés de la nature… pour vous en convaincre avec un brin d’humour cliquez sur le lien vers la vidéo que je suggère. »


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