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Michel Montpetit : plus de vingt ans à voir et à faire les choses autrement!

Michel Montpetit, directeur du Centre universitaire de formation en environnement et développement durable (CUFE)
Michel Montpetit, directeur du Centre universitaire de formation en environnement et développement durable (CUFE)

Après plus de vingt ans à œuvrer à l’élaboration de formations en environnement et développement durable à l’Université de Sherbrooke, Michel Montpetit quittera, le 23 mai prochain, ses fonctions de directeur au Centre universitaire de formation en environnement et développement durable (CUFE).

Biologiste, détenteur d’une maîtrise en environnement et spécialiste de l’environnement agréé du Canada, ses fonctions l’ont amené, au fil des ans, à développer une forte expertise dans le déploiement de programmes en environnement et développement durable, et ce, dans plusieurs universités à travers le monde.

Défenseur de la cause environnementale et très impliqué dans la communauté et auprès d’organismes voués à l’environnement et au développement durable, Michel Montpetit a, en outre, été président des Phénix de l’environnement et vice-président du Comité d'hygiène et d'aménagement des rivières Magog et Saint-François (CHARMES), un organisme paramunicipal de Sherbrooke. Il a également présidé la Table thématique sur les aires écologiques, dans le cadre de la consultation tenue par les instances municipales de la Ville de Sherbrooke, ayant comme principal objectif d’œuvrer à faire de Sherbrooke la ville verte au Québec. Comme pour tous les projets auxquels il travaille, il a pris soin de considérer les différentes facettes du développement durable dans son rapport soumis à la ville. Pendant plusieurs années, Michel Montpetit s’est impliqué auprès de la Fondation québécoise en environnement, notamment à titre de membre du conseil d’administration. Récemment, il s’est joint au comité d’administration de RECYC-QUÉBEC où il siège à titre de vice-président.

Son principal objectif au cours des onze dernières années en tant que directeur du CUFE fut de former des étudiants qualifiés contribuant à fournir des solutions aux enjeux environnementaux et de développement durable de notre société. D’ailleurs, le CUFE a connu une croissance majeure au fil des ans, accueillant aujourd’hui près de 350 nouveaux étudiants par année.

Le CUFE a ainsi souhaité retracer le parcours de cet homme qui n’a jamais eu peur d’abattre des cloisons pour la cause environnementale et qui y fut pour beaucoup dans le développement de formations dans le domaine à l’UdeS.


De l’écologie à l’environnement

Après quelques années à parcourir le monde, Michel Montpetit décide, alors dans la trentaine, de faire un retour aux études. Ayant à cœur la protection des écosystèmes et l’écologie, c’est donc dans cette discipline qu’il s’oriente et qu’il obtient un baccalauréat en écologie. Il poursuit ensuite des études supérieures afin de compléter une maîtrise en environnement, en plus de s’impliquer à titre de président de l’Association des étudiantes et étudiants de la maîtrise en environnement (AMEUS). C’est en 1992, lors de la rédaction de son essai, que le doyen de la Faculté des sciences en fonction à ce moment, le professeur Pierre Yves Leduc, lui offre un poste à mi-temps, afin de travailler notamment à développer des formations professionnalisantes dans le domaine de l'environnement.

« À l'origine, la maîtrise en environnement de l’UdeS, qui existe depuis 1974, était réservée aux personnes titulaires d’un baccalauréat en sciences ou en sciences appliquées. Dans les années 1992-1993, le programme s’est ouvert sur la multidisciplinarité, touchant ainsi plus de secteurs », précise Michel Montpetit. C’est dans ce contexte qu’il participe également, en réponse à une demande formulée par les acteurs socio-économiques de la Montérégie, à la création du diplôme de 2e cycle en gestion de l’environnement (DGE), dans une optique de multidisciplinarité. En 1993, le DGE est mis sur pied et offert à Longueuil pour la première fois. Dès ses débuts, le programme est développé en fonction des nouveaux enjeux environnementaux et est ouvert aux professionnels provenant de diverses disciplines.

Historique

En 1994, d’importantes modifications sont apportées à la maîtrise en environnement afin de développer l’interdisciplinarité de ce programme et de créer le cheminement de type recherche. Se succèdent, dans les années suivantes, le développement de nouveaux cheminements et de nouveaux programmes, dont le microprogramme de 2e cycle en vérification environnementale en 1998, seul programme universitaire de formation reconnu par l'Association québécoise de vérification environnementale, ainsi que divers cheminements de doctorats en environnement, pour mener, en 2002, à la création du Centre universitaire de formation en environnement. En 2004, des changements majeurs sont apportés aux programmes et c’est à ce moment que l’on peut parler d’intégration véritable de l’interdisciplinarité et de l’approche par compétences axée sur les besoins de la société et du marché du travail.

Parmi les préoccupations de Michel Montpetit donc, celle de toujours offrir des formations qui étaient professionnalisantes : «  Même quand j’étais président de l’AMEUS, c’était les discussions que j’avais avec le doyen. À mon sens, nous devions répondre aux besoins de la société et du marché du travail. C’est le discours que j’ai tenu lorsque j’étais président et lorsqu’on m’a offert un poste à l’UdeS, c’était pour mettre cela en application. J’ai toujours cru, qu’en environnement, les besoins étaient immenses et qu’il y avait suffisamment de postes pour faire quelque chose d’appliqué directement. Ma carrière a été consacrée totalement à m’assurer d’avoir une formation qui réponde aux besoins de la société et du marché du travail. Ce qui a amené le CUFE à élaborer diverses formations en environnement ayant différents regards sur une problématique afin d’en analyser tous les effets et travailler une approche par compétences sur un savoir-faire complexe en situation professionnelle. »

En mai 2006, l'Office de la propriété intellectuelle du Canada accorde au CUFE l'exclusivité de l'utilisation des titres M. Env. et DGE, et depuis février 2012, le titre de B. Env. Concrètement, cela signifie que seuls les étudiants diplômés des programmes de baccalauréat en études de l'environnement, de maîtrise en environnement et de diplôme de gestion de l'environnement de l'Université de Sherbrooke peuvent utiliser, à la fin de leur nom, les titres B. Env., M. Env. ou DGE. « Cette protection de titres a comme principal objectif de créer un sentiment d’appartenance permettant aux gens qui ont étudié à Sherbrooke puissent se reconnaître sur le marché du travail. »

En 2010, à la suite d’un exercice de révision des programmes, le CUFE offre pour la première fois à Longueuil le cheminement régulier à temps plein de la maîtrise en environnement.

« Que ce soit par les approches pédagogiques qui évoluent toujours, par la création de cours ou de cheminements, les besoins sont grands et nous devons tout mettre en œuvre afin que nos programmes continuent d’être connus et reconnus par les employeurs. Ce pourquoi la modification des programmes doit s’effectuer de façon continue. »

Ainsi, voit le jour en 2011, le baccalauréat en études de l’environnement, premier baccalauréat francophone en environnement. « Le défi était grand : nous souhaitions former des gens spécialisés en multidisciplinarité, capables de regarder un problème sous différentes facettes afin de trouver des solutions, et de nouvelles solutions. »

En 2013, afin de refléter la réalité de ses enseignements, et en particulier l’apparition de deux cheminements en gestion du développement durable à la maîtrise, le Centre universitaire de formation en environnement devient officiellement le Centre universitaire de formation en environnement et développement durable.

Les prochaines modifications des programmes de 2e cycle seront effectives à l'automne 2014. Elles sont issues d’une importante évaluation de programmes ayant mené à une série de consultations en 2012-2013 auprès de l’équipe du CUFE, des enseignants, des diplômés, d'employeurs et d'experts de haut niveau en environnement et développement durable.

Collaborations externes et autres réalisations

Au fil des ans, plusieurs collaborations se sont développées avec des partenaires externes, dont des universités en France, afin d’avoir des complémentarités dans l’offre de formation telles l’aménagement du territoire, l’analyse de cycle de vie, la biodiversité intégrée à la gestion des territoires, l’écologie industrielle et, plus récemment, au niveau de la gestion du développement durable.

« Nous voulions également donner une formation appliquée, c’est-à-dire, développée selon l’apprentissage par projet. C’est ainsi que j’ai créé, en 1993, le cours Projet intégrateur, qui fonctionne encore très bien, et qui vise à faire travailler les étudiants sur des projets concrets qui nous sont présentés par les organisations. De plus en plus d’ailleurs, nous souhaitons intégrer dans la majorité des cours ces apprentissages par projet. Le succès au niveau environnemental remporté par ce mode d’apprentissage permet aux organisations d’avoir de l’information et des pistes de solution en environnement. Lorsque les étudiants réalisent des mandats pour des associations de riverains au niveau de la protection de leur cours d’eau, ou pour des conseils régionaux en environnement, ou pour une municipalité qui veut explorer certains domaines, l’impact est très grand car la majorité des projets sont mis en application, donc un pas de plus vers une amélioration de l’environnement. »

Ainsi, Michel Montpetit travaille présentement à mettre en place une structure provinciale au niveau de ces apprentissages par projet, afin de pouvoir répondre aux besoins de la société. « Pour les citoyens qui n’ont pas d’argent pour faire faire des études, qui ne peuvent pas se défendre lorsqu’ils sont au bureau d’audience publique, par exemple, nous souhaitons créer un lien entre les besoins de la société au niveau de ces apprentissages par projet et le milieu universitaire, et ce, dans l’ensemble des universités au Québec. »

Tout au long de sa carrière, il aura également participé à de nombreux comités institutionnels afin de partager sa vision des maîtrises professionnelles, les faire reconnaître et voir à ce que les règlements s’ajustent à une structure de gestion innovante.

« Nous avons une structure multifacultaire, ce qui est assez innovateur dans l’ensemble du Québec et l’UdeS s’est très bien adaptée à cette structure, notamment au niveau des statuts et des règlements qu’elle a modifiés. À mon sens, ce n’est pas la seule façon de faire, mais d’être capable de travailler en multidisciplinarité demeure une belle solution d’avenir puisque cela entraîne un parfait décloisonnement des activités pédagogiques et permet de répondre aux besoins du marché du travail et de la société. »

Il a également siégé à des comités provinciaux et de niveau international. Il a aussi accompagné des universités, au Costa Rica et au Mexique notamment, à développer des programmes professionnalisants en environnement et développement durable, en plus de donner plusieurs conférences et de participer à la rédaction de divers articles sur la formation en environnement et développement durable.

Une carrière merveilleuse

L’année 2014 marque non seulement le 40e anniversaire de la maîtrise en environnement, mais le 60e de l’Université de Sherbrooke et celui de Michel Montpetit! Le moment ne pouvait donc être mieux choisi pour tirer sa révérence, du moins pour quelques mois…! Et lorsqu’on lui demande d’où lui vient cet engagement pour la cause environnementale, il répond, sans hésitation :

« J’ai vagabondé, j’ai voyagé pendant plusieurs années sac au dos. Ce qui me préoccupait et me choquait, c’était les inégalités sociales et les désastres au niveau environnemental. J’ai également vécu en forêt pendant plusieurs années, ce qui m’a permis d’apprécier tout ce qui était autour de la nature. Mes voyages n’ont jamais été faits dans des villes, mais dans des milieux naturels. Mes lectures étaient majoritairement orientées vers les sujets comme les écosystèmes, l’écologie, la foresterie, les milieux naturels. Quand j’ai décidé de retourner aux études, c’était donc clair pour moi que mon orientation était l’écologie. »

« J’avais aussi un esprit un peu contestataire. En 1970, juste avant l’ouverture de l’usine nucléaire Gentilly, j’ai participé à une manifestation contre le projet. J’ai réalisé à ce moment que je n’avais aucun pouvoir comme manifestant. Parce que je voulais être actif dans le milieu et être capable d’initier des changements, j’ai opté pour une maîtrise en environnement. C’est d’ailleurs ce que je dis à mes étudiants qui veulent travailler en environnement : mieux vaut être de l’autre côté de la clôture, c’est-à-dire dans l’industrie, dans l’industrie qui pollue. C’est là qu’on fera de réels changements. »

« Ce fut une carrière merveilleuse, car je sentais que je travaillais dans un domaine qui me donnait une grande satisfaction au niveau social puisque mon travail permettait de former des gens qui auraient un impact sur l’environnement. Mon défi était de bien les préparer à être sur le marché du travail. Socialement, c’est très valorisant, comme l’est le défi de mettre sur pied une équipe de travail. »

D’ailleurs, lorsque nous lui demandons de parler des réalisations dont il est le plus fier, la qualité de son équipe de travail arrive en début de liste! « J’ai eu le privilège de bâtir mon équipe. À mes débuts à temps partiel, il n’y avait qu’une ressource en appui, également à mi-temps. Aujourd’hui, le CUFE compte sur une équipe de près de vingt personnes et plus d’une centaine d’enseignants. La réputation du CUFE, c’est grâce à l’engagement de toutes ces personnes qui partagent les mêmes croyances, les mêmes valeurs. J’ai toujours eu une participation formidable de l’équipe qui m’a toujours appuyé dans les développements. L’équipe c’est important pour moi. Je pense que l’une de mes plus belles réalisations c’est d’avoir réussi à bâtir un climat dans lequel les personnes sont heureuses de travailler, ce qui n’empêche pas d’avoir un niveau d’exigences élevé. »

Autre fierté, celle d’avoir participé à développer un modèle universitaire multifacultaire. « On essaie de montrer à nos étudiants à faire les choses autrement. J’aime donner comme exemple la création du CUFE, un centre universitaire qui a une bonne renommée et qui est maintenant bien intégré dans le milieu universitaire à l’UdeS. Il a fallu faire les choses autrement, regarder et modifier les règlements, avoir de l’influence pour changer les statuts. Et c’est une très belle réussite! Nous sommes le programme en environnement le plus connu et reconnu au Québec, accueillant 70 % des étudiants de 2e cycle en environnement au Québec. »

« Ce qui m’a motivé tout le long de ma carrière, et c’est l’orientation que nous avons donnée aux programmes découlant de l’évaluation périodique ainsi qu’au baccalauréat en environnement, c’est la préoccupation de former des gens, des agents de changement qui sont capables de réfléchir autrement, de voir les problématiques sous différents angles pour apporter des changements dans la société et d’arrêter de toujours décider de la même façon et de toujours travailler en silo. L’une des joies de mon travail, dans un milieu universitaire, c’est de côtoyer des gens avec qui on peut avoir un niveau de discussions relevé. Si nous arrivons à défendre de façon intelligente une bonne idée, les gens sont capables d’écouter, de voir les choses autrement et sont capables de changer d’idée. Par ailleurs, aux études, nous travaillons toujours avec des adultes dans la vingtaine. C’est une richesse car ces jeunes adultes sont des gens créateurs, qui amènent des idées nouvelles, des pensées nouvelles, des façons de faire nouvelles. C’est un ressourcement continuel. C’est une des beautés de notre travail : à toujours être en contact avec des jeunes, tu vieillis donc moins vite ! »

Regard sur l’avenir

Avec Michel Montpetit aux commandes, le CUFE aura connu un essor rapide et soutenu. L’évaluation périodique des programmes maintenant terminée, nous lui avons demandé quel était l’avenir du CUFE, selon lui, et les principaux défis auxquels il sera confronté.

« Je trouve que je me retire à un bon moment. J’ai mis beaucoup de pression et d’énergie afin que le plan d’action soit terminé avant mon départ. Sans vouloir être prétentieux, je suis convaincu que ce qu’on offre présentement comme formation en environnement, développée par toute l’équipe, par l’évaluation périodique des programmes, par des recommandations que nous avons eues de l’extérieur est sans aucun doute la meilleure ou l’une des meilleures formations en gestion de l’environnement qui existent présentement en Amérique, et même en Europe. Au niveau de la qualité de la formation, je n’ai pas beaucoup de craintes. Le personnel est très autonome, travaille en équipe et a une vision partagée. L’équipe est solide, tout le monde est responsable et sait ce qu’il a à faire. Pour moi, il est important qu’on ne ralentisse pas car les besoins sont immenses. La croissance demeure donc essentielle. En ce sens, la personne qui va prendre la direction du CUFE, la professeure Denyse Rémillard, possède toutes les compétences requises et est très motivée par les nombreux défis qui l’attendent. De par ses valeurs, je suis convaincu qu’elle s’intègrera très bien dans l’équipe. »

Quant aux défis en environnement, Michel Montpetit est d’avis qu’ils sont énormes et qu’ils n’iront pas en diminuant! Par conséquent, le CUFE a la responsabilité d’offrir des formations qui répondent aux besoins de la société et du marché du travail et qui fassent en sorte que les étudiants soient outillés pour agir comme de véritables agents de changement.

Concernant une éventuelle offre de formation à distance, celle-ci permettrait, certes, de former davantage de personnes en environnement, ce qui aurait des impacts positifs sur l’environnement. « Le défi sera toutefois de s’assurer de garder la même qualité de formation. L’une des forces au niveau de la formation est le regard multidisciplinaire, celui d’avoir des échanges de haut niveau, avec des gens provenant de disciplines variées, ce qui permet de voir et de comprendre les points de vue de chacun. Dans la formation à distance, il faudra garder cela. »

« Nous voulons demeurer le programme connu et reconnu. La gestion de la qualité de la formation en fonction de la croissance importante au CUFE est un défi constant. Celui également de s’adapter au niveau des clientèles étudiantes qui ont des cheminements de plus en plus atypiques. »

« Suite à la consultation effectuée dans le cadre de l’évaluation périodique, l’un des principaux défis pour la prochaine décennie sera de former des étudiants capables de développer des compétences au niveau du travail collaboratif au sein d’équipes multidisciplinaires et d’analyser une problématique sous différents aspects (social, environnemental, économique, gouvernance, légal, etc.), afin de pouvoir influencer ou prendre des décisions. Nous sommes aujourd’hui inondés d’information ainsi, nos étudiants doivent développer un sens critique lors de l’analyse de données et dans les façons de faire pour initier des changements. »

« Une autre préoccupation est tout l’aspect social de l’environnement. La proportion de personnes à la retraite est de plus en plus élevée. Ce sont des gens qui sont de plus en plus instruits, qui continuent de s’impliquer et qui ont une grande préoccupation au niveau de la qualité de vie, notamment. Plus ça ira, plus on aura des consultations citoyennes, des consultations publiques avec des gens d’expérience dont la société aura avantage à tenir compte. On doit le considérer dans nos formations. »

Regards sur l’environnement et le développement durable

Le CUFE se porte bien, mais qu’en est-il du domaine de l’environnement et du développement durable? Nous avons demandé à Michel Montpetit quelle était sa vision de l’avenir d’un point de vue environnemental. Quelles sont les perspectives d’emploi? L’avenir de notre planète est-il rassurant?

« Pour moi il est clair, comme le confirme le Programme des Nations Unies pour l’environnement GEO 4, que nous avons largement dépassé la capacité de soutien de nos écosystèmes. Depuis l’ère de l’industrialisation, nous avons toujours pensé que la dilution était la solution à la pollution, donc nous avons envoyé nos contaminants dans l’air, dans l’eau, dans le sol, croyant qu’ils se dilueraient toujours. Nous réalisons maintenant qu’il y a saturation, que le rejet zéro n’existe pas et par conséquent, nous continuons d’augmenter le niveau de pollution de nos écosystèmes. Toutes nos décisions, depuis l’ère industrielle, sont basées sur notre prospérité économique. Cette façon de penser nous amène vers un échec et ce n’est pas vrai que la science va pouvoir remédier à toutes les problématiques. La seule façon de se sortir d’une crise économique c’est de pousser à la consommation, ce qui veut dire qu’on utilise de plus en plus toutes les ressources renouvelables et même non renouvelables.  En toute logique, cela aura une fin à long terme car il nous sera impossible de créer des ressources non renouvelables, tandis que les ressources renouvelables, elles, dépérissent de façon constante. L’objectif de la société doit être l’amélioration de l’environnement (et non uniquement le respect de l’environnement), et l’économie doit être le moyen. »

« Les indicateurs de comment se comporte le marché de l’emploi en environnement – qui est bien différent de comment se porte l’environnement, qui se détériore de plus en plus – ce sont les étudiants qui sont ici et leur taux de placement. Je me suis toujours dit, depuis les années 2000, qu’on viendrait à avoir une capacité restreinte à la maîtrise si le marché de l’emploi venait qu’à ne pas prendre tous nos étudiants, mais depuis que je suis ici le taux de placement est remarquable et n’a jamais baissé. Et à mon avis, ce n’est pas quelque chose qui peut aller en diminuant car la pollution, elle, n’ira pas en diminuant. On n’a qu’à penser aux problématiques au niveau de l’énergie – et nous en aurons de plus en plus –, aux gaz de schiste, toute la polémique par rapport à la qualité de l’eau, etc. »

Un espoir pour Michel Montpetit? « Que l’emploi aille en diminuant : ce sera un signe qu’au niveau de l’environnement, nous aurons déjà rattrapé des choses. Nous avons une dette très lourde au niveau environnemental. Au niveau économique et social, nous avons eu un progrès important, mais d’un point de vue environnemental par contre, on a eu une accumulation tout le temps. C’est là qu’on doit y remédier. On ne doit pas seulement viser le respect de l’environnement, il faut l’améliorer. Quand nous aurons pris ce tournant, c’est peut-être à ce moment qu’il y aura une baisse des besoins de personnes qualifiées dans le domaine, mais ce n’est pas pour demain! Les statistiques sont là, Eco Canada, le Comité sectoriel en environnement, nos sondages  et Jobboom, entre autres, le confirment : les besoins sont immenses et de plus en plus diversifiés dans tous les domaines. »

L’avenir pour Michel Montpetit et collaborations futures avec l’UdeS

Nous avons évidemment posé l’ultime question à Michel Montpetit : pourquoi quitter alors que les besoins de formation et de personnes qualifiées en environnement et développement durable sont criants?

« Ça fait 22 ans que je fais de la gestion de programmes. J’ai eu l’opportunité de créer un baccalauréat, j’ai eu le privilège aussi de faire une évaluation périodique des programmes que j’ai développés avec mon équipe ces dernières années. J’ai eu l’occasion de donner le maximum de tout ce que je connaissais au niveau pédagogique, au niveau de mes connaissances en environnement et du marché du travail afin d’avoir une formation professionnalisante de qualité et de haut niveau. Au cours des derniers mois, j’ai eu des offres d’emploi très intéressantes, qui me motivaient beaucoup, mais que j’ai refusées car je voulais terminer le processus d’évaluation périodique. Toutefois, ces offres m’ont amené à avoir une réflexion sur ce que j’étais pour faire dans l’avenir. Je m’aperçois que, je vais avoir 60 ans, il me reste encore de belles années à être capable de faire des choses,  que la motivation que j’avais aux postes qu’on m’offrait était très grande et j’ai le goût d’essayer autre chose. »

« Mon cheminement de vie a fait que j’ai essayé plein de choses. J’ai habité en forêt pendant cinq ans, j’ai aussi beaucoup voyagé. Ça fait 22 ans que je suis ici, j’ai le goût d’explorer. Explorer quoi ? Je ne sais pas, mais ce que je veux explorer c’est ce que je ne connais pas, c’est le sens même du mot explorer! Je veux être capable de placer des choses autour de moi qui vont favoriser cette connaissance de l’inconnu parce que je suis une personne curieuse et j’ai le goût de connaître ce que je ne connais pas. Il est évident que je n’ai pas le goût de revenir et d’accepter un travail régulier à temps complet. Je ne souhaite pas non plus un travail à mi-temps car je ne suis pas quelqu’un capable de s’investir à mi-temps. Je fais les choses où je ne les fais pas ! Par contre, peut-être que j’aurai une certaine ouverture pour travailler sur divers mandats. Mais pour l’instant, mon plus grand projet c’est de ne pas avoir de projet, pour ainsi laisser de l’espace à l’inconnu. C’est uniquement de cette façon, à mon sens, que je vais être capable de découvrir… »

Mais ne pas avoir de projet, est-ce vraiment réalisable pour Michel Montpetit ? Au niveau personnel du moins, il en prépare un gros : celui de partir à vélo! « Ca fait plus de dix ans que je fais mes voyages presque toujours à vélo. On s’est fait monter, ma conjointe et moi, un vélo spécialisé pour le cyclotourisme. Nous allons quitter le Québec au courant de l’été avec un billet aller-simple. Nous ne savons pas où nous allons, nous ne voulons pas planifier, et nous ne savons pas quand nous reviendrons! »

Le CUFE a tout de même tenté de savoir si, après ce périple à vélo, Michel Montpetit entrevoyait la possibilité de poursuivre l’enseignement au CUFE!

« Je vais ouvrir plus grand que l’enseignement au CUFE. Parlons plutôt de ma relation future avec l’UdeS. Après toutes ces années à l’UdeS, il est clair que c’est quelque chose qui est important et qui fait partie des belles années de ma vie. Pour moi, ce fut un employeur remarquable. Ces vingt-deux années à l’emploi de l’Université de Sherbrooke m’auront donné la chance de travailler avec des gens engagés et professionnels ayant à cœur le développement de formations d’avant-garde. Leur collaboration fut des plus appréciées! La grosseur de l’entreprise et les façons de gérer de l’UdeS m’ont permis de faire du développement et d’avoir des appuis. Je n’ai jamais senti de freins de la part des personnes que j’ai côtoyées. Je trouve que c’est un très beau milieu pour évoluer dans sa vie professionnelle car la créativité est encouragée. Je remercie l’Université de Sherbrooke de m’avoir permis de me réaliser. Je remercie les personnes avec qui j’ai collaboré, dont plusieurs que je considère comme étant des mentors. Il est évident qu’après, je ne m’arrêterai pas là. Je n’ai pas le goût d’arrêter de travailler. J’ai de l’intérêt à participer à la vie active de l’UdeS mais sous quelle forme? Je ne sais pas. Participer à des comités universitaires? Enseigner au CUFE? Il est clair que je désire garder un lien actif mais je ne veux pas avoir de projet prédéfini, je veux laisser les choses venir et être capable de voir les choses un peu autrement. »

Souhaitons-lui alors plusieurs kilomètres de découvertes et encore de belles années de collaboration avec son Alma Mater, pour des changements durables!