Aller au contenu

Colloque international

La religion hors-la-loi

«Le code criminel, c’est l’outil le plus puissant que l’État possède», indique la professeure Marie-Pierre Robert, de la Faculté de droit.
«Le code criminel, c’est l’outil le plus puissant que l’État possède», indique la professeure Marie-Pierre Robert, de la Faculté de droit.
Photo : Michel Caron

En France et en Belgique, le port du voile intégral est prohibé dans l’espace public. Au Canada et aux États-Unis, la polygamie est une pratique criminalisée. À travers l’Europe, la question de la circoncision rituelle fait la manchette. Les sociétés démocratiques sont de plus en plus confrontées à des pratiques religieuses qui, selon certains, heurtent leurs valeurs fondamentales.

Dans quelle mesure ou à quelle condition une société libérale peut-elle criminaliser un comportement religieux minoritaire? Qu’est-ce qui justifie cette intervention? Quels sont les limites et les enjeux de l’utilisation du droit criminel, alors que certaines pratiques ne portent pas toujours atteinte à l’intégrité physique et psychologique d’un individu?

Le professeur David Koussens, titulaire de la Chaire sur les religions en modernité avancée, est l'organisateur principal du colloque.
Le professeur David Koussens, titulaire de la Chaire sur les religions en modernité avancée, est l'organisateur principal du colloque.
Photo : fournie

Ces questions d’actualité seront abordées au colloque La religion hors-la-loi : l’État libéral à l’épreuve des religions minoritaires, qui se tiendra les 2 et 3 octobre à la Faculté de droit. Organisé conjointement par le Centre de recherche Société, droit et religions de l'UdeS (SODRUS) et la Chaire sur les religions en modernité avancée, ce colloque international réunit des experts de la France, de la Belgique, des États-Unis et du Canada. «Nous voulons étudier plusieurs cas de figure dans différents pays et voir s’il y a une règle générale qui en émane», indique la co-organisatrice du colloque, Marie-Pierre Robert, professeure à la Faculté de droit.

Criminaliser le religieux

Depuis une dizaine d’années, le droit pénal est de plus en plus utilisé pour lutter contre des comportements religieux parfois perçus comme allant à l’encontre des valeurs communes des sociétés libérales. «Le Code criminel, c’est l’outil le plus puissant que l’État possède, souligne la professeure Robert. Ce colloque sera l’occasion de faire une réflexion poussée sur la cohérence, les limites et les justifications de l’utilisation du droit criminel par rapport aux pratiques religieuses minoritaires.»

Durant cet événement multidisciplinaire, des juristes, philosophes, criminologues, sociologues et anthropologues présenteront des exemples spécifiques de l’intervention de l’État sur certains comportements religieux : les débats européens sur le voile intégral, la criminalisation de la polygamie aux États-Unis, le sujet de la circoncision rituelle en Europe et autres. «Au Canada, en particulier, il y a toute la question de la criminalisation de la polygamie, souligne Marie-Pierre Robert. Des accusations criminelles viennent d’être déposées en Colombie-Britannique et on s’attend à ce que ce soit contesté jusqu’en Cour suprême sur la base de la liberté de religion.»

«Actuellement, la circoncision rituelle est fortement contestée en Europe. En Allemagne, un jugement récent en matière criminelle a assimilé la circoncision à une blessure corporelle infligée à l’enfant, indique la professeure. Ce jugement a lancé un débat dans tout le conseil de l’Europe.»

Subventionné par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada, ce colloque gratuit s’adresse plus particulièrement aux professeurs et aux étudiants des facultés de Droit, de Théologie et d’études religieuses ainsi que des Lettres et sciences humaines. L'organisateur principal du colloque, le professeur David Koussens, travaille de concert avec les professeurs Claude Gélinas, Stéphane Bernatchez et Marie-Pierre Robert.

Des recherches d’avant-garde en droit et religion

Depuis quelques années, le SODRUS et la Chaire sur les religions en modernité avancée forment une alliance afin d’organiser des activités de recherche conjointes. «C’est un champ de recherche important qui se développe beaucoup, grâce au dynamisme de nos deux structures, soutient Marie-Pierre Robert. Le colloque s’inscrit dans toute une lignée d’autres projets de recherche à l’échelle internationale, notamment une collaboration avec l’Université de Strasbourg et une collaboration de trois ans avec la Chaire de droit des religions de l’Université catholique de Louvain.»


Informations complémentaires