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La communauté universitaire appelée à contribuer

Reconstruire le secteur juridique en Haïti

Le professeur haïtien Alain Guillaume et Mathieu Devinat, professeur à la Faculté de droit de l’Université de Sherbrooke
Le professeur haïtien Alain Guillaume et Mathieu Devinat, professeur à la Faculté de droit de l’Université de Sherbrooke
Photo : Michel Caron

Bâtiments universitaires effondrés; archives et jurisprudence détruites; bibliothèques et centres de documentation disparus; juristes, professeurs et étudiants décédés ou gravement blessés. Voilà qui résume les conséquences du séisme du 12 janvier sur le secteur juridique haïtien. Après les premiers secours, il reste un pays à reconstruire, tant matériellement qu’intellectuellement. C’est avec le désir bien humble de faire un premier pas dans ce sens que Mathieu Devinat, professeur à la Faculté de droit de l’Université de Sherbrooke, a invité Alain Guillaume, avocat et professeur haïtien, à dresser un bilan de la situation du secteur juridique en Haïti.

«J’espère qu’une meilleure connaissance des vrais besoins de la communauté juridique haïtienne permettra de déployer une coopération plus efficace», avance Alain Guillaume. Le professeur de droit enseigne à l’Université Quisqueya, située à Port-au-Prince. L’établissement ayant été complètement démoli par le tremblement de terre, le juriste est temporairement posté à Montréal. Le 30 mars, il a prononcé à la Faculté de droit de Sherbrooke une conférence éclairante à un public concerné par l’avenir de la Perle des Antilles.

Selon Alain Guillaume, l’aide des universités pourrait prendre trois formes principales. Primo, favoriser l’accueil d’Haïtiens détenant un grade de 1er cycle en droit aux programmes de cycles supérieurs offerts au Québec. Au terme de leur formation, ceux-ci pourraient retourner en Haïti et ainsi consolider le corps professoral. Secundo, fournir de l’aide documentaire, que ce soit par le don d’ouvrages de doctrine ou par l’accès à des banques de données. Tertio, accentuer la formation à distance et mener des missions de formation intensives en Haïti. Ce dernier défi concerne particulièrement les professeurs de droit exerçant au Québec, car les systèmes juridiques québécois et haïtien ont beaucoup en commun, puisqu’ils sont basés sur le droit civil tout en étant influencés par la common law. Rappelons en effet qu’Haïti est membre de la Communauté des Caraïbes, constituée principalement d'anciennes colonies britanniques.

Le professeur Guillaume se dit satisfait de l’accueil favorable qu’il a reçu à l’Université de Sherbrooke. «Un autre pas sera franchi lors des Assises internationales sur la reconstruction du système universitaire haïtien. La réflexion amorcée à Sherbrooke permettra certainement de mettre quelques options sur la table», considère le juriste. Initiées par l’Agence universitaire de la Francophonie, les Assises se tiendront les 25 et 26 mai à l’Université de Montréal.

L’Université de Sherbrooke n’en est pas à sa première collaboration avec l’Université Quisqueya depuis le séisme du 12 janvier. Le 16 mars, la Faculté de médecine et des sciences de la santé y a dépêché une mission pédagogique visant à soutenir l’éducation médicale.


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