De quoi la laïcité est-elle devenue le nom?

Description : Conférence donnée par Guillaume Lamy, doctorant en sciences politiques et animateur à Canal Savoir. Université du Québec à Montréal - CRIDAQ. 

Auteur de : Laïcité et valeurs québécoises, les sources d’une controverse (Québec Amérique, 2015, 214 pages). Livre finaliste du prix du livre politique de la présidence de l’Assemblée nationale du Québec (2015).

Alors qu’on l’aurait crue depuis longtemps remisée dans les archives de nos disputes politiques, la laïcité est réapparue en force dans l’actualité française et québécoise au début du XXI^e siècle. Comment défendait-on la laïcité en France en 1905 et durant les années 1960 au Québec ? Et surtout comment la défend-on aujourd’hui ?

Autrefois considérée comme une mesure servant à offrir des libertés aux citoyens, on présente maintenant la laïcité comme un cadre devant les limiter. Jadis muette sur la question des symboles religieux portés dans les institutions publiques, la nouvelle conception narrative de la laïcité sert désormais à les encadrer, voire à les interdire.

De quoi la laïcité est-elle devenue le nom au Québec et en France ? Laïcité-intégratrice, laïcité-anti-terroriste, laïcité-féministe ; les nombreux traits d’union qu’on lui accole permettent de détecter que l’on parle aujourd’hui de la laïcité en termes politiques. On place sous son égide des ambitions de cohésion sociale, de sécurité et même d’amour de la nation, alors que ces enjeux relevaient jusqu’alors des politiques publiques.

Devenue le carrefour de l’attention de deux sociétés en transformation, la laïcité du XXI^e siècle se désaxe de la tolérance et insiste sur un nouveau contrat social qui lui serait implicite. Se détournant de Locke, le nouveau sens du mot laïcité embrasse Rousseau.

De quoi la laïcité est-elle devenue le nom ? Elle est devenue le nom deux sociétés qui demeurent, encore aujourd’hui, transformées par la religion.