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Objectif de carboneutralité pour 2030

Prendre les grands moyens en tant qu’université… et individu!

Photo : Michel Caron

Les projets visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) foisonnent sur les trois campus de l’Université de Sherbrooke. Normal, après tout, puisque l’institution vise la carboneutralité pour 2030. À en croire son plus récent rapport d’inventaire des émissions de GES, bien qu’il reste du travail à faire pour rendre nos déplacements moins polluants, les efforts d’efficacité énergétique investis depuis une quinzaine d’années nous ont résolument mis sur la bonne voie.

Achat de gaz naturel renouvelable, flotte de véhicules majoritairement électrique, récupération de la chaleur évacuée par les hottes de laboratoires, installation de systèmes de chauffage géothermique et de chaudières électriques : l’Université de Sherbrooke ne ménage aucun effort pour réduire ses émissions de GES.

Depuis l’implantation des premières mesures d’efficacité énergétique en 2002-2003, l’Université de Sherbrooke a réduit de 55,9 % l’empreinte carbone de ses bâtiments. Ce résultat dépasse largement la cible de 20 % fixée par le gouvernement du Québec pour 2020.

L’aspect le plus remarquable de ce résultat, c’est que l’UdeS a réussi à faire fléchir sa courbe d’émissions de GES alors qu’elle croît de façon constante sur plusieurs plans : population étudiante grandissante, activités de recherche en bouillonnement et augmentation de la superficie des campus. Dans le jargon, on dit que l’université a « décarbonisé » ses activités.

Qu’est-ce qu’un gaz à effet de serre?
Les gaz à effet de serre, comme le dioxyde de carbone ou CO2, sont naturellement présents dans l’atmosphère et servent à former une couche isolante sur la planète. Sans eux, la vie sur Terre serait impossible! Or, présents en trop grande concentration, les GES contribuent au réchauffement climatique.

Pour réussir ce tour de force, l’institution a mis sur pied de nombreux projets avec comme objectif de s’attarder en priorité aux « émissions directes ». Vous dites?

Agir là où l’on peut changer les choses

On divise les émissions de gaz à effet de serre en trois grandes catégories :

- Catégorie 1 : émissions directes, soit les GES que l’UdeS produit à travers ses opérations (gaz naturel servant au chauffage, essence utilisée pour la flotte de véhicule, etc.);
- Catégorie 2 : émissions indirectes liées à l’énergie, soit les GES provenant de la production de l’hydroélectricité et de la vapeur à chauffage que l’institution achète et utilise, mais qu’elle ne produit pas directement;
- Catégorie 3 : autres émissions indirectes, soit les GES générés par les activités du campus, mais que l’institution ne contrôle pas (déplacements de la population étudiante et du personnel, gestion des matières résiduelles, consommation du papier acheté, etc.).

La sublime dégringolade des émissions de GES à laquelle on assiste actuellement à l’UdeS touche essentiellement la catégorie 1, à savoir les sources d’émissions sur lesquelles l’institution a une emprise, dont celles liées au chauffage des bâtiments.

Photo : Michel Caron

« Chauffer l’Université de Sherbrooke représente beaucoup de véhicules sur la route, illustre Claude Handfield, directeur de division au Service des immeubles. Depuis 2003, on travaille à remplacer une grande partie des énergies fossiles par l’hydroélectricité. On met aussi en place de multiples projets en efficacité énergétique sur les trois campus, comme l’installation de thermopompes, de systèmes géothermiques et de systèmes récupérant la chaleur évacuée par les hottes de laboratoires. »

En 2003, le Campus principal consommait l’équivalent de 6 millions de mètres cubes de gaz naturel, alors qu’aujourd’hui, il n’en consomme que 2 millions. C’est 66 % de moins!

Outre le recours aux énergies propres et à la mise en place de projets en efficacité énergétique, l’UdeS, qui inclut déjà des critères de développement durable dans son processus d’approvisionnement, projette d’intégrer de façon plus formelle des critères liés à la déclaration et à la réduction des émissions de GES.

« Tous les services externes, comme ceux liés à la livraison du courrier ou à l’entretien ménager, génèrent probablement beaucoup de GES, explique Véronique Bisaillon, conseillère en éducation au développement durable et autrice du rapport. Ce serait intéressant de savoir combien de GES par unité d’activité nos fournisseurs génèrent, de façon à intégrer cette information dans nos bilans. C’est aussi un signal vers une réduction des émissions. »

Dans le futur, ce rapport d’inventaire nous aidera à cibler encore mieux les sources de GES pour lesquelles nous sommes en mesure de faire des gains importants, par exemple, pour ce qui touche les habitudes de transport.

Réduire ou compenser?

À l’Université de Sherbrooke, les efforts déployés visent surtout la réduction des émissions de GES, c’est-à-dire qu’on les élimine à la source en optimisant les installations. La rénovation de l’École de musique en 2018, qui atteint presque la carboneutralité avec ses puits de géothermie, en est un bon exemple. Le recours au gaz naturel renouvelable dans l’approvisionnement énergétique de l’UdeS est aussi une façon de réduire les émissions à la source.

Quant à la compensation, il s’agit d’une solution qui arrive en second lieu lorsque les solutions de réduction sont non disponibles ou hors de portée financièrement. C’est par l’achat de crédits carbone certifiés, générés par des projets qui satisfont à des standards de ce domaine, que la compensation permet de réduire les émissions, mais cette fois, indirectement.

Un grand coupable : les allers-retours domicile-UdeS

Les résultats du bilan le démontrent sans équivoque : les déplacements individuels entre la maison et l’université sont très polluants.

Pour la période 2017-2018, les déplacements domicile-université ont généré plus de la moitié des GES produits par l’institution, soit 13 674 tonnes.

« Les véhicules que les gens utilisent pour se rendre à l’université produisent des GES de catégorie 3, et l’institution ne contrôle pas l’émission de ce type de GES, dit madame Bisaillon. La seule manière qu’on a d’influencer ce type d’émissions, c’est par des mesures incitatives, comme celle liée au transport en commun. »  

Photo : Michel Caron

Vous habitez à 10 kilomètres du campus et vous vous y rendez dans votre VUS du lundi au vendredi? À vous seul, vous produisez 1 tonne de GES au cours de l’année uniquement pour vous rendre au travail ou en classe. Si vous optez pour le transport en commun, vos émissions de GES chuteront à 0,3 tonne par année. C’est énorme!

Et si vous adoptez la vertueuse habitude de vous déplacer à vélo ou à pied, vous faites d’une pierre, deux coups : vous limitez votre empreinte carbone tout en gardant la forme!

Le trognon de pomme : au compost, et que ça saute!
La dégradation de la matière organique enfouie se fait sans oxygène et produit du biogaz composé essentiellement de méthane. Ce gaz est 25 fois plus puissant que le CO2. C’est pourquoi il importe de réduire au maximum ce qu’on jette à la poubelle, particulièrement la matière organique. Bon à savoir : déposer les matières organiques au compost permet de couper par 10 ce type d'émissions de GES.

Éteindre les hottes de laboratoire, pas futile du tout

Puisque les pertes de chaleur accroissent les besoins en chauffage, des systèmes de récupération d’air chaud ont été installés à différents endroits à l’UdeS en vue de réduire le gaspillage d’énergie et, par le fait même, les émissions de GES.

La chaleur récupérée est envoyée dans le réseau pour chauffer les autres bâtiments. Ce système de récupération a été aménagé pour, notamment, réduire les pertes de la chaleur évacuée par les hottes. Les personnes en laboratoire n’ont pas toujours le réflexe de les éteindre en fin de journée ou en période d'inactivité, alors il arrive que les hottes fonctionnent pour rien.

« Quand une hotte est ouverte en permanence, elle évacue l’air dehors, et donc il faut chauffer les locaux en continu, explique monsieur Handfield. Quand il fait -20 ou -30 dehors, ça coûte cher. Fermer les hottes de laboratoires aiderait à réduire la facture énergétique. »

L’UdeS compte plus de 400 hottes de laboratoire. Si on les laissait toutes fonctionner en continu, au bout d’un an, elles auraient généré autant de GES que 600 véhicules, soit près de 2000 tonnes de CO2e[1].

Une autre façon de faire sa part : les crédits carbone

La meilleure façon de réduire ses émissions de GES est d’éviter d’en produire. Lorsque c’est inévitable — pédaler jusqu’au boulot n’est pas une solution à la portée de tout le monde —, il y a les programmes de compensation volontaire, lesquels vous donnent la chance d’effacer votre empreinte carbone en finançant des projets verts : reboisement, récupération de gaz résiduels, développement de technologies visant l’utilisation d’énergies propres, etc. Autrement dit, vous payez les autres pour réduire vos GES à votre place.

L’UdeS propose Compensation CO2 ECOTIERRA, un programme fiable qui soutient des projets sérieux ayant de réelles retombées sur l’environnement. Chaque crédit acheté équivaut à une tonne de GES réduite, et le coût d’un crédit tourne autour d’une vingtaine de dollars.

Vous voyagez en avion dans le cadre de vos activités professionnelles? Depuis le 13 janvier, les membres du personnel de l’UdeS peuvent demander un remboursement pour la compensation des émissions de GES générés par leurs déplacements aériens.

En bref, qu’il s’agisse de lancer un projet de plusieurs millions de dollars en efficacité énergétique ou de faire quelques pas de plus pour mettre sa pomme au compost, chaque geste compte! Quels seront les vôtres?

Un mot sur le rapport d’inventaire de l’UdeS

Déposé en décembre 2019, le bilan Gaz à effet de serre : rapport d’inventaire des émissions de l’Université de Sherbrooke 2017-2018 offre un portrait exhaustif des émissions directes et indirectes de l’institution.

Le travail d’analyse a été assuré par l’équipe attitrée au développement durable, avec la collaboration de personnes issues de divers services. Mentionnons aussi l’aide du chargé de cours François Lafortune, du Centre universitaire en formation en environnement et développement durable, ainsi que celle du professeur Ben Amor et de son équipe du Laboratoire interdisciplinaire de recherche en ingénierie durable et écoconception.


[1] « CO2e » signifie « CO2 équivalent ». C’est l’unité qu’on utilise pour désigner les émissions de GES contenant principalement du CO2 ainsi que d’autres gaz, mais en quantité moindre.



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