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Projet Avalanches

Le modèle suisse SNOWPACK pour évaluer les risques d'avalanches dans les Chic-Chocs en Gaspésie

L’étudiant Jean-Benoît Madore, le professeur Alexandre Langlois, le professeur Bruce Jamieson (Université de Calgary) et l’étudiant Kevin Côté dans les Rocheuses.

L’étudiant Jean-Benoît Madore, le professeur Alexandre Langlois, le professeur Bruce Jamieson (Université de Calgary) et l’étudiant Kevin Côté dans les Rocheuses.


Photo : fournie

#rechercheUdeS

Chaque année au Canada, près de 15 personnes décèdent dans des avalanches. Le professeur Alexandre Langlois, du Département de géomatique de l’Université de Sherbrooke, travaille avec quatre étudiants de maîtrise à mieux évaluer les risques d’avalanches dans plusieurs régions du pays grâce au modèle suisse SNOWPACK, qu’il vise à adapter à la réalité canadienne.

Ce sont les conditions météorologiques qui déterminent l’état de la neige. Et c’est l’état de la neige qui détermine le risque d’avalanches. « Le modèle SNOWPACK prévoit les conditions de neige d’après les intrants météorologiques : température, précipitations, taux d’humidité, etc., explique le professeur Langlois. Mais comme il a été conçu en Suisse et que les conditions météorologiques et climatiques de là-bas sont différentes des nôtres, nous devons adapter le modèle aux conditions de diverses régions du Canada puisque le climat change d’un endroit à l’autre. »

Après l’Ouest et le Grand Nord canadien, c’est dans les Chic-Chocs en Gaspésie que le professeur Langlois et ses étudiants affronteront le froid et la neige du 16 au 23 janvier prochain. Leur but : recueillir diverses mesures (épaisseur de la neige, état des différentes couches, taille des grains de neige, etc.) qui permettront de dresser un portrait précis des conditions de neige permettant la validation du modèle SNOWPACK. Cette chaîne de montagnes est en effet très prisée des amateurs de plein air hivernal, qui y trouvent des zones alpines (exemptes d’arbres) en deçà de 2000 mètres d’altitude.

Des données à la fine pointe

Pour exécuter ce travail, le professeur Langlois et ses étudiants utiliseront des instruments de mesure à la fine pointe de la technologie, d’une précision sans précédent. Puis ils compareront ces données terrain avec les données théoriques indiquées par SNOWPACK. « Il existe parfois des différences entre nos données terrain et les données simulées par le modèle, par exemple sur la grosseur des grains de neige, explique le professeur Langlois. Notre but est de trouver la cause de ces différences et d’ajuster le modèle pour le faire gagner en précision puisque la stabilité du couvert neigeux est basée sur ces propriétés. »

Une nouvelle donnée avec laquelle la petite équipe doit travailler de plus en plus : l’eau. « Avec le réchauffement climatique, il pleut davantage l’hiver, ce qui alourdit la neige et augmente le risque d’avalanches, indique Jean-Benoît Madore, étudiant à la maîtrise en sciences géographiques. En décembre dernier, nous étions à 2000 mètres d’altitude dans les Rocheuses et il pleuvait! Nous devons créer des modèles en conséquence. »

C’est ainsi que sont développés des modèles précis des conditions de neige pour une région canadienne donnée, permettant de mieux prévoir les possibilités d’avalanches dans les endroits à risque. Si les amateurs de plein air sont de mieux en mieux informés des dangers potentiels, peu de gens savent que les avalanches sont situées au 2e rang des risques naturels les plus meurtriers dans la province.

« Le tourisme d’aventure et le backcountry (plein air en arrière-pays) sont de plus en plus populaires, explique Jean-Benoît Madore. Et avec les motoneiges, les gens vont vite et ont tendance à aller loin, là où aucune donnée n’existe sur les risques d’avalanches. Quand on sait que la plupart des gens décédés dans des avalanches ont eux-mêmes causé le glissement de neige, on comprend l’importance de créer des modèles dans des endroits de plus en plus reculés. »

Pour les étudiants de maîtrise en sciences géographiques, Kevin Côté et Jean-Benoît Madore, la recherche, c’est du sport!

Pour les étudiants de maîtrise en sciences géographiques, Kevin Côté et Jean-Benoît Madore, la recherche, c’est du sport!


Photo : fournie

Des risques pour les chercheurs?

Quant à l‘équipe de l’UdeS, court-elle des risques à s’aventurer dans des zones d’avalanches parfois si reculées qu’elle doit s’y rendre non pas en ski ou en motoneige mais en hélicoptère? « Le matin, nous évaluons tous les risques d’après les conditions météorologiques et nous ne partons que si le danger est nul, indique Kevin Côté, également étudiant de maîtrise. Il nous est arrivé une fois qu’une bonne couche de neige s’effondre sous nos pieds, créant une fracture de 60 pieds devant nous, mais nous étions en terrain peu accidenté, donc sécuritaire. Mais autrement, le seul risque que nous courons est celui de blessures mineures, car il faut souvent marcher et skier dans des conditions difficiles. Nous avons parfois de la neige jusqu’à la taille! »

Tout ce beau travail s’effectue en étroite collaboration avec Parcs Canada et l’organisme Avalanches Québec. « Nos recherches vont les aider à émettre des bulletins de risques d’avalanches plus précis et couvrant un territoire plus large, ce pourquoi ils apprécient grandement notre travail », explique le professeur Langlois. Ce type de recherche permet aussi de déterminer s’il est sécuritaire de construire des routes ou des quartiers résidentiels dans certaines zones. « On ne veut plus revivre ce qui s’est passé en 1999, où une partie d’un village inuit a été englouti dans la neige suite à une avalanche, faisant 9 morts et 25 blessés. »

Le projet Avalanches, piloté par Alexandre Langlois, prendra fin en mars, après trois ans de travail financé par le Secrétariat national de recherches et de sauvetages et mené en concertation avec Avalanches Québec. Le professeur Langlois a bon espoir que le projet sera reconduit pour une autre période de trois ans.


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