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Impacts du réchauffement climatique sur les pôles

Une équipe de l'UdeS récoltera des données inédites en Antarctique

Calotte glaciaire Barnes en Arctique
Calotte glaciaire Barnes en Arctique
Photo : Florent Dupont

Une équipe de l'Université de Sherbrooke partira à la mi-décembre en Antarctique durant deux mois pour récolter des données inédites et compléter l'analyse de l'impact du réchauffement climatique sur les pôles. Cette expédition, dirigée par Alain Royer, professeur au Département de géomatique appliquée et chercheur au Centre d'applications et de recherches en télédétection (CARTEL), fait partie d'une mission «bipolaire».

Mission en deux temps

«La calotte fond à vue d'œil, avec un recul d'un mètre par année sur les rives, explique le professeur Royer. Nous cherchons donc à développer de nouvelles méthodes pour analyser son évolution par télédétection.»

En plus d'Alain Royer, l'équipe est composée d'Alexandre Langlois, postdoctorant de l'UdeS; de Patrick Cliche, ingénieur de recherche au CARTEL; de Miroslav Chum, chercheur à l'Ude; de Florent Dupont, doctorant en cotutelle avec l'Université de Grenoble; et de Ghislain Picard, de l'Université de Grenoble. Ensemble, ils ont déjà mené une première expédition sur la calotte glaciaire Barnes en Arctique en mars dernier. Dans quelques semaines, une partie de cette équipe repartira pour deux mois dans le cadre de la seconde campagne de mesure, mais cette fois en Antarctique.

«C'est une des originalités de ce projet “bipolaire” que de pouvoir faire exactement le même type de mesures dans deux environnements polaires complètement différents», confie Alain Royer.

Un phénomène mal compris

Depuis les 30 dernières années, l'Arctique subit un réchauffement sans précédent, deux fois plus important que sur le reste du globe. Par contre, en Antarctique, la partie est du territoire ne semble pas bouger, voire refroidir, et ce, alors que la péninsule dans la partie ouest se réchauffe significativement. Cette évolution des climats polaires est encore très mal comprise et manque cruellement de données précises sur son état.

«Les satellites demeurent le meilleur moyen de cartographier, sur des territoires aussi immenses, les paramètres géophysiques de surface nécessaires à la compréhension de tous ces changements», dit le chercheur. Les données récoltées sur le terrain permettront de calibrer les images satellites, et ce sera la première fois que de telles mesures seront réalisées en Antarctique.

Mais pour y parvenir, l'équipe devra endurer 20 500 km et plus de 10 jours de voyage avant de toucher les neiges éternelles de l'extrême sud. Une fois sur cette contrée, elle devra encore parcourir 1100 km à l'intérieur des terres avant d'atteindre le Dôme Concordia, base de l'équipe, en plein désert blanc.

Côté température, les chercheurs pourront espérer se «réchauffer» à -30oC, le maximum à cette période de l'année. «Comme nous sommes bien équipés et que l'air est plutôt sec, sans vent, l'environnement se supporte assez bien. Cela reste tout de même épuisant physiquement, mais le moral est bon et toute l'équipe est animée d'un enthousiasme passionné», explique le professeur Royer.

De retour en février 2012, Alain Royer et son équipe souhaitent revenir chargés d'une belle moisson de nouveaux résultats scientifiques et qui sait, peut-être de quelques surprises.