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Les produits ménagers écolos sont-ils aussi verts qu'ils le prétendent?

Un rapport de l'Université de Sherbrooke démontre l'existence de dizaines d'écolabels non officiels

Caroline Boivin et Fabien Durif
Caroline Boivin et Fabien Durif
Photo : fournie

L'intense période de déménagement est synonyme de corvée de nettoyage. Plusieurs consommateurs seront tentés d'acheter des produits dits verts pour effectuer ces tâches d'entretien ménager. Mais ces produits écolos offerts au Québec sont-il toujours aussi verts qu'ils le prétendent? Il semble que le consommateur ait du mal à s'y retrouver, selon l'Observatoire de la consommation responsable (OCR) de l'Université de Sherbrooke. Ses chercheurs ont produit un important rapport sur les stratégies de positionnement vert dans le secteur des produits d'entretien ménager au Québec qui démontre notamment l'importance de créer un processus d'identification officiel (Éco Logo) plus crédible aux yeux des consommateurs.

40 écolabels

Première étude de fond analysant les pratiques de marketing vert pour les produits d'entretien ménager sur le marché québécois, le rapport de l'Observatoire de la consommation responsable fait état d'une quarantaine d'écolabels différents identifiés et de sept types de mentions environnementales, alors qu'il existe seulement deux écolabels officiels sur ce marché en Amérique du Nord.

Cette étude a pour objectif d'identifier les pratiques d'allégations environnementales sur ce marché. Ce faisant, le rapport offre des recommandations sur les efforts à faire par les marques pour offrir une plus grande transparence aux consommateurs québécois. Il a aussi pour but de guider les consommateurs dans le choix complexe de ces produits. Actuellement, un consommateur vert sur cinq est prêt à payer 10 % plus cher pour un produit d'entretien ménager vert.

«Les produits d'entretien ménager sont parmi les produits verts les plus achetés par les consommateurs, ce que confirme le top 10 des produits et services responsables les plus achetés par les Québécois, explique le professeur Fabien Durif, coauteur du rapport et directeur de l'Observatoire de la consommation responsable. Ce secteur est l'un de ceux qui a réagi le plus rapidement à la pression environnementale tout en étant l'objet de nombreuses critiques quant à la véracité du positionnement vert adopté.»

Connotation verte

L'étude a fait l'objet d'un recensement de plus de 840 produits provenant de 123 marques différentes. Les résultats démontrent que plusieurs stratégies sont utilisées par les marques pour «verdir» leurs produits en apposant une certification environnementale; en inscrivant une ou des mentions environnementales sur l'emballage; en donnant un nom à connotation «verte» (cas d'un produit sur quatre) ou en disposant une image «verte» (ex. nature) sur l'emballage (un produit sur cinq).

«La multiplication des logos environnementaux crée de la confusion chez les consommateurs et les empêche de faire des choix éclairés», affirme François Décary Gilardeau, d'Option consommateurs, dont l'association a pour mission de promouvoir et défendre les intérêts des consommateurs ainsi que de veiller à ce qu'ils soient respectés.

Labels maison

De plus, les écolabels n'ont pas tous la même valeur, puisque seulement 12 % des produits arborent un écolabel officiel vérifié par une tierce partie indépendante et qu'il existe plus de 30 écolabels «maison» dont les critères de certification ne sont pas toujours précisés.

Les fabricants ont aujourd'hui tendance à exagérer les attributs verts de leurs produits par une utilisation excessive d'écolabels et mentions vertes sur les emballages. Cette multiplication d'écolabels engendre de la confusion et une méfiance de la part des consommateurs, tandis qu'une certification reconnue pourrait donner une crédibilité verte aux produits et rassurer les consommateurs.

Les cofondateurs de l'Observatoire de la consommation responsable, les professeurs Fabien Durif et Caroline Boivin, de la Faculté d'administration, travaillent à l'avancement de la connaissance sur la consommation responsable avec différents partenaires, dont l'organisme à but non lucratif Éthiquette pour un marché responsable. L'OCR a aussi publié le Baromètre 2010 de la consommation responsable au Québec, en partenariat avec le magazine Protégez-vous.


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