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COVID-19

Attaquer la COVID-19 sous l’angle de la prophylaxie

Le Pr Leduc et son équipe
Le Pr Leduc et son équipe
Photo : Martin Blache

Depuis qu’ils ont reçu le financement des Instituts de Recherche en Santé du Canada au printemps 2020, le Pr Richard Leduc et ses collaborateurs travaillent d’arrache-pied sur un projet de recherche en lien avec le SRAS-CoV-2, le virus causant la COVID-19, en abordant la pathologie sous l’angle de la prévention (prophylaxie). En collaboration avec l’Université de la Colombie-Britannique (UBC), Cornell University aux États-Unis et le laboratoire du Pr Éric Marsault à l’Institut de pharmacologie de Sherbrooke, le laboratoire Leduc a développé une molécule capable d’inhiber une enzyme clé, la sérine protéase TMPRSS2, jouant un rôle majeur dans l’entrée du virus dans les cellules humaines. Cette enzyme est présente en grande quantité dans les cellules épithéliales du nez, ce dernier étant sans surprise une véritable « usine à produire des millions de nouveaux virus ».

Et s’il était possible de se lever le matin, d’appliquer un vaporisateur nasal ou alors d’inhaler un médicament par l’entremise d’une pompe et d’être protégés de SRAS-CoV-2 pour la journée ? C’est le rêve que caressent le Pr Leduc et ses collaborateurs depuis le début de leurs travaux sur le virus causant la COVID-19. Tout comme c’est le cas des vaccins, le projet du scientifique vise carrément à empêcher l’infection de survenir en adoptant la ligne de la « prophylaxie ». Cependant, l’arrivée des nouveaux variants laisse entrevoir des limitations pour la vaccination et l’avenue potentielle du Pr Leduc et de ses collaborateurs pourrait devenir une alternative intéressante le temps que les chercheurs travaillant sur la vaccination adaptent leurs formules.

Le Pr  Leduc et Pierre-Luc Boudreault, du laboratoire Marsault à l'IPS
Le Pr  Leduc et Pierre-Luc Boudreault, du laboratoire Marsault à l'IPS
Photo : Martin Blache

Le 4 mai dernier, l’équipe du laboratoire Leduc a soumis un article intitulé « A novel highly potent inhibitor of TMPRSS2-like proteases blocks SARS-CoV-2 variants of concern and is broadly protective against infection and mortality in mice », présentement en révision par les pairs et en attente de publication. Dans cette publication, l’équipe du laboratoire Leduc partage les résultats de ses expériences in vivo sur des modèles animaux « humanisés » exprimant le récepteur ACE2 qui est, rappelons-le, l’un des deux ports d’entrée du virus SRAS-CoV-2 dans la cellule humaine.

Ces expériences sur les modèles animaux constituent une étape importante dans la validation d’une molécule d’intérêt. Le Pr Leduc et ses collaborateurs sont donc très encouragés par les résultats obtenus lors de cette première phase. En infectant les modèles animaux au SRAS-CoV-2, les scientifiques ont pu observer que ceux-ci développaient une forme grave de l’infection, marquée par une perte de poids significative et des signes de dommages cérébraux et pulmonaires importants. Cependant, selon les données recueillies, il semblerait qu’en prétraitant des souris infectées par le SRAS-CoV-2 avec la molécule d’intérêt N-0385 (administrée via les voies intranasales) une fois par jour sur une période totale de quatre jours seulement, une amélioration significative de la réduction du poids et du taux de survie des patients animaux était constatée. De plus, ils ont remarqué que par rapport aux souris non traitées, les souris traitées avec le N-0385 ne présentaient que de légers changements histopathologiques dans les tissus pulmonaires et cérébraux et une quantité significativement plus faible d’antigènes viraux dans les poumons et le cerveau.

En outre, les expériences ont permis de découvrir qu’en diminuant le temps de traitement à seulement deux jours après l’infection, un taux de survie de 100 % et un gain de poids moyen de 2 % était tout de même observés.

Des résultats encourageants

Ces résultats portent à croire que non seulement le traitement intranasal au N-0385 aurait potentiellement la capacité de prévenir l’infection avant qu’elle ne survienne, mais que cette molécule pourrait aussi « traiter » des patients au début de la phase d’infection pour réduire considérablement la morbidité et la mortalité liées à l’infection au SRAS-CoV-2.

Évidemment, d’un point de vue clinique, la recherche du Pr Leduc et de ses collaborateurs en est encore à ses débuts et la validité clinique pour les humains n’est pas prouvée à ce jour. Toutefois, les résultats dont fait état l’article demeurent encourageants pour l’équipe du Pr Richard Leduc qui poursuivra les recherches sur le N-0385. Le groupe est actuellement à la recherche de capitaux de risque ou d’investissements provenant de compagnies pharmaceutiques pour poursuivre vers des études cliniques.