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OpenTera : la télésanté en toute sécurité

Simon Brière et Dominic Létourneau, créateurs de la plateforme OpenTera, devant l'interface des séances synchrones.
Simon Brière et Dominic Létourneau, créateurs de la plateforme OpenTera, devant l'interface des séances synchrones.
Photo : Michel Caron - UdeS

Alors que la télésanté est en plein essor depuis quelques années, Dominic Létourneau et Simon Brière, deux ingénieurs de l’Université de Sherbrooke (UdeS), développent actuellement OpenTera, une plateforme logicielle libre qui permet de mettre en relation des professionnels de la santé et des bénéficiaires se trouvant à domicile, et ce, de manière efficace et confidentielle.

Que ce soit par la tenue de séances audio-vidéo synchrones comportant des outils cliniques adaptés ou encore l'utilisation de robots ou de dispositifs dans le milieu de vie des patients, OpenTera vise à faciliter les consultations virtuelles en santé grâce au soutien financier du Regroupement INTER.

Dominic Létourneau se spécialise dans l’intégration de systèmes, les services connectés et la conception de plateformes robotiques innovantes.
Dominic Létourneau se spécialise dans l’intégration de systèmes, les services connectés et la conception de plateformes robotiques innovantes.
Photo : Université de Sherbrooke

« On veut être capable d’adapter la plateforme selon la pratique de tous les professionnels du domaine, que ce soit les ergothérapeutes, les physiothérapeutes, les cliniciens, les orthophonistes… », indique Dominic Létourneau, coordonnateur de la plateforme de robotique à l'Institut interdisciplinaire d'innovation technologique (3IT).

« Le défi, c’est de bien comprendre ce que les professionnels font lors des séances en présence pour s’en approcher le plus possible à distance », renchérit son collègue Simon Brière, ingénieur de recherche au Centre de recherche sur le vieillissement de Sherbrooke (CdRV).

Évidemment, la plateforme n’est pas là pour remplacer les séances en présence, mais plutôt pour agir en complémentarité. On souhaite qu’OpenTera devienne une ressource de plus dans la boîte à outils des professionnels, et éviter que la technologie soit une barrière pour eux.

Simon Brière, ingénieur


Plateforme « tout-en-un »

La plateforme est née de besoins spécifiques en santé et en recherche, en plus de répondre à un enjeu de sécurité et de confidentialité.

Bien sûr, les ingénieurs sont conscients que les plateformes comme Skype ou Zoom sont déjà bien établies, mais OpenTera va plus loin dans l’offre de fonctionnalités. « On s’est rendu compte que les plateformes existantes n'étaient pas adaptées au contexte de la télésanté, ayant été conçues à la base pour faire des réunions et non de la prestation de soins et de services », explique Dominic Létourneau.

OpenTera offre plusieurs fonctionnalités, dont la mesure d'angles articulaires en trois points. Sur la photo, l'angle du bras de Simon Brière sur l'écran est mesuré.
OpenTera offre plusieurs fonctionnalités, dont la mesure d'angles articulaires en trois points. Sur la photo, l'angle du bras de Simon Brière sur l'écran est mesuré.
Photo : Michel Caron - UdeS

Ainsi, OpenTera offre une formule « tout-en-un » : contrôle audio-vidéo, communication synchrone, outils intégrés (chronomètre, partage d’écran, mesure d’angles articulaires ou de fréquence cardiaque...), gestion des données, historique des séances, et bien plus. La plateforme est d’ailleurs un atout important pour les projets de recherche qui impliquent de la collecte de données à domicile, étant conçue avec cette approche en tête.

« On peut également contrôler toutes les données et s’assurer qu’elles restent au Canada », assure l’ingénieur, qui est persuadé que la tendance à vouloir contrôler où sont hébergées nos données ne fera qu’augmenter dans les prochaines années.

On a une manière de procéder qui assure la confidentialité à nos participants.

Dominic Létourneau, ingénieur de recherche à InRoLab


Constante amélioration

La plateforme OpenTera est en phase de développement depuis à peu près deux ans, mais c’est loin d’être terminé. D’ailleurs, une première version de la plateforme, intitulée TeraPlus, a été déployée par le passé et est utilisée depuis 2013.

« On n’arrête jamais d’améliorer ou de corriger certaines fonctions. Au fil du temps, on veut rejoindre des chercheurs qui pourraient s’intéresser à d’autres aspects de la plateforme afin de toujours continuer de la perfectionner », explique Dominic Létourneau, également ingénieur de recherche à IntRoLab.

C’est d’ailleurs une des raisons pour laquelle OpenTera est « open source », c’est-à-dire que le code est accessible à tous.

« Il pourrait arriver que des chercheurs tombent sur notre plateforme en faisant des recherches sur le Web, et qu’ils nous contactent pour nous donner de la rétroaction », croit M. Létourneau.

En étant ouvert, on ouvre la porte à des collaborations. C’est un peu ça l’idée : travailler ensemble pour créer la meilleure plateforme possible.

Dominic Létourneau, coresponsable du projet


Développement actuel et futur

OpenTera, qui est toujours en phase de test, compte actuellement environ 15 utilisateurs. L’équipe prévoit compléter la migration des projets de la plateforme précédente (TeraPlus) vers la version actuelle (OpenTera), ce qui devrait impliquer près de 90 utilisateurs.

Notons qu’à l’écriture de ces lignes, ce sont 3450 séances qui ont été réalisées avec TeraPlus dans le cadre de 22 projets.

Simon Brière se spécialise notamment dans la téléréadaptation et la télésanté, le déploiement et l'utilisation de capteurs à domicile, l'analyse de données de recherche et l'informatique de la santé.
Simon Brière se spécialise notamment dans la téléréadaptation et la télésanté, le déploiement et l'utilisation de capteurs à domicile, l'analyse de données de recherche et l'informatique de la santé.
Photo : Michel Caron - UdeS

OpenTera a également trouvé preneur auprès d’institutions parisiennes qui collaborent avec le CdRV. « Ça fonctionne sous forme de contrats de service. Ils paient pour le support technique, la mise en place initiale et un peu de formation. Ainsi, les professionnels en réadaptation peuvent utiliser la plateforme dans leur pratique », explique Simon Brière.

Un projet réalisé à Sherbrooke, impliquant trois physiothérapeutes qui ont réalisé, au cours du dernier mois et demi, plus de 85 séances avec 18 participants, est également en branle.

Jusqu’à maintenant, les commentaires des utilisateurs sont très positifs, autant du côté des cliniciens que des patients, surtout en ce qui concerne la facilité d'utilisation du logiciel, la sécurité des données et les outils fournis pendant la séance.

Se pourrait-il que la plateforme soit accessible au grand public un jour? « Ce serait possible, mais on est bien loin d’arriver à ça, avoue M. Brière. Nous sommes seulement deux à s’occuper du développement, du maintien, de l’opérationnalisation, de l’analyse des besoins, etc. Rendre la plateforme disponible au grand public impliquerait assurément de grossir l’équipe. »

Il souligne aussi qu’OpenTera n’est pas supportée par une entreprise, mais bien par une équipe de recherche, et que le but n’est pas de vendre un produit.

En ce moment, on le fait vraiment plus pour répondre à des besoins de recherche, mais c’est sûr que si une grosse demande arrivait, on regarderait pour trouver les ressources nécessaires pour y répondre.

Simon Brière, ingénieur de recherche au CdRV

Vous souhaitez en apprendre davantage sur OpenTera ou encore l’utiliser à des fins professionnelles? Contactez les responsables par courriel au Simon.Briere@USherbrooke.ca ou Dominic.Letourneau@USherbrooke.ca afin qu’ils évaluent vos besoins.


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