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Palmarès Québec Science 2019

Deux percées de l’UdeS parmi les 10 découvertes de l’année

Deux avancées scientifiques émanant des laboratoires de l’Université de Sherbrooke sont en lice pour l'obtention du titre « Découverte de l’année 2019 », attribué par le magazine Québec Science.

Ce sont les travaux des professeurs Dominique Gravel et Sherif Abou Elela qui nous sont révélés dans le cadre de cette 27e édition du concours Découvertes de l’année, tenu par Québec Science. Rattachés respectivement à la Faculté des sciences et à la Faculté de médecine et des sciences de la santé, les deux chercheurs se réjouissent de cette visibilité, qui vaut son pesant d’or.

Ça me rend heureux pour les étudiants qui ont travaillé à ce projet, c’est une belle rétribution pour le travail accompli. C’est aussi une belle vitrine pour nos projets de développement d’études de la biodiversité à large échelle.

Le professeur Dominique Gravel

C’est très important, très satisfaisant pour nous d’avoir cette vitrine-là. C’est l’occasion de montrer aux gens qui nous soutiennent que nous sommes capables de faire de la recherche de calibre international, ici, au Québec.

Le professeur Sherif Abou Elela

Sélectionnées par un jury averti composé de journalistes et de scientifiques, les 10 découvertes de Québec Science sont retenues pour leur caractère révolutionnaire.

Comme un buffet dans l’océan

Dominique Gravel est professeur-chercheur à la Faculté des sciences.
Dominique Gravel est professeur-chercheur à la Faculté des sciences.
Photo : Michel Caron

Du côté des sciences, le professeur Gravel et son équipe se sont intéressés aux réseaux d’interactions prédateurs-proies qu’abritent les océans. Ils ont voulu anticiper les conséquences de la surpêche et du réchauffement climatique sur les ressources marines.

En combinant l’information déjà connue sur la taille, le régime alimentaire et la distribution de 11 365 espèces de poissons, et en simulant des extinctions par ordinateur, le groupe de recherche a réussi à démontrer que la faune marine est beaucoup plus résiliente qu’on ne le pensait.

Les poissons sont des animaux avec des diètes assez opportunistes : ils mangent ce qui entre dans leur bouche, essentiellement, explique le professeur Gravel. Ça procure donc une certaine robustesse faisant en sorte que les réseaux à travers le monde ont une bonne tolérance à l’extinction des espèces.

On sait maintenant que la forte connectivité des réseaux marins a le potentiel de résister, jusqu’à un certain point, aux extinctions d’espèces.

Pour obtenir ce résultat, l’équipe de recherche a réussi l’exploit de cartographier les réseaux trophiques, ou réseaux alimentaires, des poissons marins à la grandeur du globe.

Dans ce cas-ci, notre étude reposait sur 14 millions d’observations de poissons dans les océans, poursuit le professeur Gravel. On a reconstruit les aires de répartition de chacun de ces poissons-là. Puis, on a utilisé d’autres jeux de données qu’on a agrégées et qui nous ont permis de comprendre qui mange quoi.

Bien qu’encourageante, cette découverte a toutefois mis en lumière un phénomène moins réjouissant : cette grande connectivité entre les poissons fait en sorte que les contaminants se déplacent à une vitesse folle, géographiquement.

Une étude de ce type démontre que la biodiversité n’est pas seulement une liste d’espèces, c’est aussi le rôle que chaque espèce joue dans l’écosystème, et il faut en tenir compte lorsqu’on fait de la conservation, conclut le chercheur.

[vidéo] Écoutez le professeur Dominique Gravel résumer sa découverte.

Les introns : bien plus que des déchets!

À la Faculté de médecine et des sciences de la santé, le professeur Sherif Abou Elela et son équipe ont étudié une partie du gène humain ayant suscité peu d’intérêt de la part des scientifiques jusqu’ici : l’intron.

Dans le monde de la biologie structurale, l’intron est ce petit bout d’information génétique dénuée de fonction. De là son surnom d’« ADN poubelle ».

À partir de cultures cellulaires réalisées dans des levures, le professeur Abou Elela a découvert que l’intron est en fait essentiel à la survie des cellules lorsque les nutriments viennent à manquer.

Pour illustrer sa découverte, il compare les introns à des publicités intempestives qui joueraient au beau milieu d’un film.

Sherif Abou Elela est professeur-chercheur à la Faculté de médecine et des sciences de la santé et au Centre de recherche du CHUS.
Sherif Abou Elela est professeur-chercheur à la Faculté de médecine et des sciences de la santé et au Centre de recherche du CHUS.
Photo : Martin Blache

C’est beaucoup plus plaisant de regarder un film sans des publicités, explique le chercheur. On pense que les publicités ne sont pas importantes, et c’est ce que les gens pensaient aussi des introns. Mais peut-être que les publicités ne servent pas à raconter l’histoire du film, mais qu’en fait, elles servent à financer le film!

Autrement dit, l’intron a une fonction très importante dans la croissance cellulaire, mais ce rôle était jusqu’alors méconnu, car on le considérait comme une rupture dans l’histoire du gène. 

On a maintenant des cibles et des pistes plus claires à tester dans les cellules humaines.

Le professeur Sherif Abou Elela

Le système qui contrôle la croissance des cellules dans les levures en laboratoire pourrait nous apporter des réponses quant à la croissance des cellules cancéreuses. 

C’est la deuxième fois depuis 2013 que les travaux du professeur Abou Elela sur les introns se taillent une place dans le palmarès Québec Science.

[vidéo] Écoutez le professeur Sherif Abou Elela résumer sa découverte!

À propos des 10 découvertes de l’année de Québec Science

Chaque année, le magazine de vulgarisation scientifique Québec Science tient un concours visant à mettre en valeur 10 avancées scientifiques ayant marqué le Québec durant l’année.

À l’issue d’un vote du public, la découverte la plus populaire est couronnée grande gagnante.

Pour cette 27e édition du concours, le vote prend fin le 14 février 2020.


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