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Un des textes gagnants du Concours de vulgarisation scientifique 2021

Soigner les maux de tête un pas à la fois

Alexis Marcotte-Chénard est étudiant au doctorat en sciences de l'activité physique.
Alexis Marcotte-Chénard est étudiant au doctorat en sciences de l'activité physique.

Photo : Michel Caron - UdeS

Qu’ils soient causés par des tensions musculaires, par la fatigue ou simplement par une soirée durant laquelle trop d’alcool a été consommé, tout le monde a déjà souffert de maux de tête. Dans la majorité des cas, deux Advil, un grand verre d’eau, une nuit de sommeil, et le tout rentre dans l’ordre. En revanche, pour certaines personnes, ces maux de tête peuvent se transformer en véritable cauchemar. Imaginez une douleur aiguë comme celle d’un clou vous transperçant le crâne, pouvant survenir jusqu’à huit fois par jour et durer plus de deux heures! C’est ce que peut subir un individu souffrant d’algie vasculaire de la face. Heureusement, une équipe de recherche de l’Université de Sherbrooke a découvert que l’exercice pourrait être une stratégie novatrice dans la gestion de cette maladie.

Malgré la faible prévalence des algies vasculaires de la face (1 sur 100 000), peu de traitements pharmacologiques sont efficaces, rendant leur gestion difficile. Durant ces crises, les individus ont souvent recours à des comportements violents envers eux-mêmes, tels que se frapper la tête, apportant une distraction temporaire à leur douleur en « changeant le mal de place ». Les personnes aux prises avec ces céphalées présentent plusieurs symptômes dépressifs et, malheureusement, nombreuses sont celles qui ont des pensées suicidaires. Ces maux de tête sont d’ailleurs tristement surnommés « migraine du suicide ».

L’exercice à la rescousse!

Peu de traitements pharmacologiques sont efficaces pour atténuer la douleur atroce causée par l'algie vasculaire de la face.
Peu de traitements pharmacologiques sont efficaces pour atténuer la douleur atroce causée par l'algie vasculaire de la face.

Photo : Fournie

Tout a commencé en 2018 lorsqu’un jeune homme de 24 ans a reçu un diagnostic d’algie vasculaire de la face. Après 13 jours de maux de tête insupportables et sans effet apparent de la médication, ce dernier a suivi les conseils d’une experte de l’activité physique et a commencé la pratique d’exercice aérobie au début de chacune des crises. Plus précisément, celui-ci effectuait un jogging à intensité modérée dès l’apparition des premiers symptômes, soit une douleur aiguë derrière l’œil droit. En plus d’apporter un effet de distraction durant les crises, limitant donc certains des comportements dangereux, l’exercice semblait également diminuer l’intensité de la douleur. À la suite de ces résultats prometteurs, plusieurs chercheurs et chercheuses de l’Université de Sherbrooke se sont ralliés pour former une équipe interdisciplinaire afin d’approfondir ce cas. Constat : l’exercice permet de diminuer la durée des crises de plus de 40 %, et la douleur perçue, de 25 %! Le moment serait aussi un aspect à ne pas négliger, car l’exercice effectué avant que la douleur ne soit trop intense aurait un effet plus marqué.

Comprendre l’effet antidouleur de l’exercice

L’effet analgésique provoqué par l’activité physique pourrait partiellement être expliqué par la production d’endorphines. Ce messager chimique est en fait une copie naturelle de la morphine sécrétée par le corps permettant de réduire la douleur. D’autre part, l’augmentation de la pression artérielle qu’on observe lors d’une séance d’exercice pourrait aussi contribuer à l’effet antidouleur. L’exercice stimulerait les barorécepteurs, des capteurs sensibles aux changements de pression et de chaleur qui, à leur tour, enverraient un signal dans différentes régions du cerveau impliquées dans la diminution de la douleur.

Médicaments ou entraînement?

Cette étude de cas est l’une des premières preuves scientifiques démontrant la possibilité d’un traitement non médicamenteux dans la gestion des algies vasculaires de la face. Considérant que la médication est souvent inefficace et que la chirurgie comporte son lot de risques, l’exercice offre une solution simple, accessible à tous et engendrant une panoplie de bénéfices supplémentaires sur la santé. Des études de plus grande envergure pourront confirmer ces observations et, ultimement, démontrer qu’au même titre que la médication, l’exercice puisse être prescrit comme traitement de cette maladie.

À propos d’Alexis Marcotte-Chénard
Alexis Marcotte-Chénard est étudiant au doctorat en sciences de l’activité physique. Poursuivant l’objectif d’œuvrer dans le milieu universitaire comme professeur-chercheur, il souhaite agir concrètement sur la santé de la population. Ses travaux portent sur l'utilisation de l'exercice dans la gestion du risque de maladies cardiovasculaires chez les individus ayant un diabète de type 2. Pour lui, la vulgarisation de travaux scientifiques est indispensable pour permettre au grand public de profiter des avancements en sciences. Par ailleurs, visant à vulgariser différents sujets touchant l'exercice, la santé et la nutrition, il a créé l’EXPLIK Balado en collaboration avec son collègue Thomas Deshayes.

À propos du concours
L’Université de Sherbrooke tient annuellement un concours de vulgarisation scientifique dont les objectifs sont de stimuler des vocations en vulgarisation scientifique et d’augmenter le rayonnement des travaux de recherche qui s’effectuent à l’Université, qu’ils soient de nature fondamentale ou appliquée.


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