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Santé mentale et bouleversements professionnels

Le rôle-clé de l’orientation professionnelle en temps de pandémie

Le Pr Francis Milot Lapointe, du Département d'orientation professionnelle, s'intéresse aux effets du counseling de carrière individuel sur l'indécision de carrière et sur la détresse psychologique, ainsi qu'à l'évolution de l'état de santé mentale de clientes et clients au cours de processus de counseling de carrière.

Le Pr Francis Milot Lapointe, du Département d'orientation professionnelle, s'intéresse aux effets du counseling de carrière individuel sur l'indécision de carrière et sur la détresse psychologique, ainsi qu'à l'évolution de l'état de santé mentale de clientes et clients au cours de processus de counseling de carrière.


Photo : UdeS François Lafrance

Six mois avant la crise sanitaire que nous traversons, le professeur Francis Milot  Lapointe, du Département d’orientation professionnelle de l’Université de Sherbrooke, lançait une vaste recherche auprès de personnes ayant eu recours aux services de la Clinique d’orientation professionnelle de la Faculté d’éducation. Ses résultats préliminaires révèlent le rôle-clé, souvent méconnu, que jouent les conseillères et les conseillers d’orientation (C.O.) durant une telle période de bouleversements. Il a accepté de répondre à nos questions.

Le marché du travail subit de profonds changements depuis déjà plusieurs années. La situation est-elle si différente depuis la Covid?

Mes recherches indiquent que le niveau d’anxiété et de détresse lié à la carrière était déjà passablement élevé chez 60 % des personnes qui consultent en orientation avant l’arrivée de la pandémie.

Mais depuis, ce taux frôle les 85 %, ce qui est très préoccupant. Notre constat est que la pandémie a imposé des changements brutaux à plusieurs personnes dont le bien-être et la satisfaction au travail étaient déjà précaires.

Quelle est l’importance sociale de vos recherches à ce sujet?
Les enjeux de carrière et les questions professionnelles occupent une place cruciale dans notre équilibre. Mes recherches visent à connaître le niveau de bien-être, d’anxiété et de détresse professionnels des personnes qui entreprennent des démarches d’orientation, avant et après celles-ci. Nous nous intéressons donc à la mesure de l’efficacité des modèles d’intervention en orientation et aux bénéfices à court et à long terme que les conseillères et conseillers d’orientation apportent aux personnes qui les consultent.

Les enjeux de carrière et les questions professionnelles occupent une place cruciale dans notre équilibre.

Les données que nous recueillons nous permettent de formuler des recommandations aux conseillères et aux conseillers d’orientation au sujet des meilleures pratiques à mettre en œuvre pour soutenir les personnes qui font appel à leurs services. Elles nous permettent également de nous assurer que la formation des étudiantes et étudiants en orientation est fondée sur les savoirs de la recherche.

Constatez-vous une augmentation de la demande pour les services d’orientation offerts par la Clinique?
Oui, même si pour l’instant, les mesures sociales mises en place pour contrer les conséquences de la pandémie ont un certain effet contraire. Mais nous savons que cela changera lorsque ses conséquences à long terme sur le marché du travail seront mieux connues.

Que disent les résultats préliminaires du premier groupe de 100 personnes, que vous avez suivi durant un an?
Bien que plusieurs personnes se présentent à la Clinique avec d’importants besoins, nous constatons une amélioration substantielle de leur situation de carrière à leur sortie.

Ces personnes sont moins indécises, plus satisfaites de leur vie et elles ont pris des décisions professionnelles qui leur donnent de l’espoir. Nous voyons également que plusieurs ressentent une diminution marquée de leur anxiété et de leur détresse après avoir été accompagnés par les conseillères et les conseillers de la Clinique. Nous avons même pu constater que ces effets positifs ont persisté malgré la pandémie. Le travail clinique des C.O. est donc fort différent de l’image qu’on peut se faire de l’orientation. Ce sont de véritables professionnels du domaine de la santé mentale et des relations humaines dont la qualité de la formation et des interventions est appuyée scientifiquement.

De plus, comme je peux le constater au quotidien, ce travail clinique est très gratifiant pour nos étudiantes, nos étudiants et pour la grande équipe composée de personnel enseignant, de personnel de supervision et d'une coordonnatrice qui les soutient, en raison de sa très grande valeur pour les personnes qui en profitent.

Le travail des C.O. est fort différent de l’image qu’on peut se faire de l’orientation. Ce sont de véritables professionnels du domaine de la santé mentale et des relations humaines dont la qualité de la formation et des interventions est appuyée scientifiquement. 

Voilà qui en dit long sur le rôle-clé que jouent les C.O., particulièrement dans le contexte actuel.
En effet. Il est important que le public sache que le domaine de l’orientation dépasse largement les questions de choix de carrière et que de vastes recherches sont constamment en cours pour enrichir et optimiser le travail très complexe des personnes qui œuvrent en orientation. Ces travaux de recherche m’amènent à constater que les conseillères et les conseillers d’orientation apportent des changements significatifs dans la vie de nombreuses personnes qui les consultent. Ces changements se manifestent aussi bien dans leur vie au travail que dans leur vie personnelle.

Entreprise en 2018 et financée simultanément par le Fonds de recherche du Québec – Société et culture (FRQSC) et par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH), la recherche du professeur Milot-Lapointe est unique au Québec. Elle a pour point de départ une collecte de données portant sur le niveau d’indécision de carrière, de bien-être, de détresse psychologique et de satisfaction générale d’un premier groupe de 100 personnes ayant eu recours aux services de la Clinique d’orientation de la Faculté d’éducation de l’Université de Sherbrooke durant une période d’un an. Un deuxième groupe de près de 100 personnes s’est joint à l’étude en cours de pandémie de Covid-19.



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