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Quand art et médecine s’unissent contre le cancer

Petit matin routinier à la station de métro Longueuil-Université-de-Sherbrooke. Des milliers de personnes se dirigent machinalement vers leur travail. Sauf qu’un petit cadeau les attend… Une carte postale toute particulière leur est offerte. Œuvre de l’artiste montréalaise Anouk Sugàr, cette carte porte un message capital : si quelqu’un de votre entourage vous mentionne qu’elle a des symptômes qui l’inquiètent, encouragez-là à consulter rapidement.

Cette belle initiative a été conçue pour diffuser les résultats de recherche d’un projet sur le diagnostic précoce de cancer dirigé par Astrid Brousselle, professeure au Département des sciences de la santé communautaire de l’UdeS. En tout, 2000 cartes ont été distribuées ce matin-là, avec l’aide d’une dizaine d’étudiantes, d’étudiants et de stagiaires associés à la chaire de recherche que dirige la professeure Brousselle, et donc au fait des résultats du projet et disposés à répondre aux questions que les passants pourraient avoir. Les cartes-postales offraient certaines informations factuelles sur l’incidence du cancer, des liens vers les résultats du projet, mais avant tout, elles attiraient l’œil par leur beauté.

« J’ai choisi d’utiliser le collage car ça correspond bien à l’état d’esprit dans lequel beaucoup de patients ont dit se trouver, explique l’artiste. Plusieurs des personnes interviewées lors de l'enquête ont évoqué un temps de confusion et de crainte, une sorte de brouillard rempli de doutes et de tergiversations. »

Tout le monde le sait : plus un cancer est détecté et soigné rapidement, plus les chances de guérison sont élevées et moins la maladie et son traitement ont d’impact sur la qualité de vie du patient. Pourtant, le délai est parfois très long entre les premiers signes de la maladie et son diagnostic. Si les raisons expliquant les longs délais sont multiples, elles ne sont pas toujours liées à la lenteur du système de santé. Parfois, ce sont les gens eux-mêmes qui hésitent à consulter. Ce sont ces résultats que la chercheuse voulait transmettre au grand public.

Ces résultats s’appuient notamment sur une enquête menée auprès de 438 patients qui ont récemment reçu un diagnostic de cancer et sur des entrevues effectuées auprès de patients qui ont fait l’expérience de délais particulièrement courts ou, au contraire particulièrement longs avant de recevoir leur diagnostic.

C’est pour sensibiliser les gens à l’importance de consulter rapidement et pour souligner le rôle déterminant que jouent la famille et les amis dans cette décision qu’Astrid Brousselle et son amie, l’artiste visuelle Anouk Sugàr, ont eu l’idée de ces cartes postales. « On voulait aussi transmettre les résultats de nos recherches autrement, rendre les résultats à la société, conclut la chercheuse. On voulait que des gens qui ne lisent pas nécessairement les revues scientifiques prennent conscience de l’utilité de la recherche, qu’ils constatent que l’on fait ça pour eux. C’est une nouvelle tendance en recherche qui vise non seulement à rendre des comptes à la société mais aussi à sensibiliser les étudiants l’importance de l’engagement des scientifiques dans la société ».

L’initiative a connu un important rayonnement. La revue scientifique The Lancet Oncology et plusieurs autres médias dont la revue d’art Kolaj ont publié des reportages sur le sujet. C’était sans doute la première fois qu’un même sujet était traité à la fois dans une revue scientifique sur le cancer renommée et dans une revue d’art contemporain.


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