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Concours de vulgarisation scientifique 2015 | lauréat

En fait-on assez pour intégrer nos aînés à la société ?

Selon l’étude publiée dans la revue BMC Geriatrics, les services à domicile offerts aux aînés en perte d’autonomie se concentrent autour des activités de base, par exemple manger et se laver, au détriment des activités sociales.
Selon l’étude publiée dans la revue BMC Geriatrics, les services à domicile offerts aux aînés en perte d’autonomie se concentrent autour des activités de base, par exemple manger et se laver, au détriment des activités sociales.
Photo : Robert Dumont - UdeS

Une équipe de chercheurs s’est intéressée à l’importante question de l’intégration sociale des aînés. Selon les conclusions de l’étude, les besoins des aînés liés à leur vie sociale ne sont pas entièrement répondus. Ce serait le cas même lorsqu’ils reçoivent des services d’aide à domicile d’un Centre intégré de santé et de services sociaux.

Besoins complexes, réponse partielle 

En vieillissant, près de la moitié des aînés risquent de développer une ou des incapacités, que ce soit des problèmes de mobilité ou des pertes de mémoire. Réaliser les activités qui sont importantes pour eux, tout en demeurant dans leur domicile, peut alors s’avérer un défi. Selon l’étude publiée dans la revue BMC Geriatrics, les services à domicile offerts aux aînés en perte d’autonomie se concentrent autour des activités de base, par exemple manger et se laver, au détriment des activités sociales.

Grâce à des entrevues en profondeur, cette étude qualitative a considéré le point de vue des aînés eux-mêmes, de proches aidants et d’intervenants au soutien à domicile. Selon ces participants, les activités sociales, au même titre que les activités de base, deviennent plus difficiles à réaliser lors d’une perte d’autonomie. Des services qui ciblent la vie sociale des aînés sont donc nécessaires.

« Plusieurs ressources travaillent ensemble pour répondre aux besoins des aînés en perte d’autonomie. Ces ressources incluent les services de soutien à domicile, mais aussi les proches aidants, les organismes communautaires, les entreprises d’économie sociale et les entreprises privées. Pour coordonner leurs actions, l’évaluation des besoins des aînés doit tenir compte tant des activités de base que des activités sociales », poursuivent les auteurs de l’étude.

Pour la plupart des aînés interrogés dans l’étude, les besoins les moins comblés concernent les loisirs, l’implication dans la vie communautaire et les relations avec leur entourage. D’autres besoins non comblés incluent le maintien de la forme physique et mentale, et la possibilité de se déplacer dans la communauté. Faute d’adaptation, un homme âgé de 87 ans, qui bénéficiait de services depuis trois ans, a dû faire le deuil de ses activités sportives : « Je me sens prisonnier. Avant, on allait nager, mais maintenant, on ne peut plus rien faire ».

La professeure Mélanie Levasseur travaille à développer des interventions qui favorisent l’intégration sociale des aînés.
La professeure Mélanie Levasseur travaille à développer des interventions qui favorisent l’intégration sociale des aînés.
Photo : Martin Blache - UdeS

Faire mieux pour intégrer nos aînés

Selon les auteurs de l’étude, les besoins des aînés liés à leur vie sociale ne sont pas totalement évalués. Cette évaluation partielle s’explique notamment par la difficulté des aînés à reconnaître eux-mêmes leurs besoins et à accepter leur perte d’autonomie. Aussi, les outils d’évaluation utilisés par les intervenants ne tiennent pas suffisamment compte des activités sociales. Un important changement de paradigme doit alors s’opérer dans la façon de prodiguer les services à domicile aux aînés. Ce changement doit ainsi permettre aux intervenants de cibler davantage une approche préventive plutôt que strictement curative. Les auteurs de l’étude concluent que : « Les services ne ciblent pas les activités les plus associées à la santé et au bien-être, ce qui est préoccupant puisqu’on connaît leurs bienfaits pour la santé et leur potentiel pour prévenir les maladies chroniques ».

Il existe de nombreux bienfaits à l’intégration sociale des aînés, notamment de réduire ou retarder la mortalité ou la perte d’autonomie, et de diminuer la consommation de médicaments, l’utilisation des services de santé et les symptômes dépressifs. Les auteurs de l’article identifient différentes solutions pour favoriser l’intégration sociale des aînés. Par exemple, un intervenant de l’étude proposait d’offrir plus d’activités dans les résidences pour aînés : « Quelque chose de réaliste, qui pourrait les intéresser… améliorer leur bien-être et les faire sortir de leur appartement ». Parlant de celle qu’il aide au quotidien, un proche aidant suggérait que sa mère irait sûrement mieux en étant en contact avec plus de gens : « Plus de contacts, quelque chose qui lui donne une raison de vivre plutôt que de souffrir du vieillissement et de l’ennui ».

D’autres pistes de solutions

En partenariat avec la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université de Sherbrooke, l’équipe de la professeure Mélanie Levasseur travaille à développer des interventions qui favorisent l’intégration sociale des aînés. Financée par l’une des plus prestigieuses subventions des Instituts de recherche en santé du Canada, son équipe consacrera les cinq prochaines années à implanter et évaluer un continuum d’interventions visant spécifiquement à stimuler la vie sociale des aînés.

Au Canada, les changements démographiques poussent les décideurs politiques à trouver des solutions innovantes pour aider les aînés à contribuer pleinement à la société. Alors que, pour la première fois, les Canadiens âgés de plus de 65 ans sont plus nombreux que ceux de moins de 15 ans, de telles initiatives s’avèrent indispensables. À l’occasion de la Journée internationale des personnes âgées, l’étude rappelle une fois de plus l’importance de tendre la main à nos aînés.


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