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Entrevue avec la professeure Allison Marchildon

«La recherche permet de devenir son propre critique»

Selon la professeure Allison Marchildon, la recherche universitaire permet d’avoir un regard critique sur les connaissances généralement acceptées. Dans son champ de recherche, cela signifie notamment de ne pas se limiter à recourir aux théories de la responsabilité sociale des entreprises ou de l’éthique des affaires, mais plutôt de préconiser une approche interdisciplinaire ou l’exploration.
Selon la professeure Allison Marchildon, la recherche universitaire permet d’avoir un regard critique sur les connaissances généralement acceptées. Dans son champ de recherche, cela signifie notamment de ne pas se limiter à recourir aux théories de la responsabilité sociale des entreprises ou de l’éthique des affaires, mais plutôt de préconiser une approche interdisciplinaire ou l’exploration.
Photo : Martin Blache

Allison Marchildon n’a pas un parcours linéaire. Cette professeure en éthique appliquée à la Faculté des lettres et sciences humaines de l’Université de Sherbrooke possède en effet une formation interdisciplinaire en sociologie (UQAM), en éthique appliquée (UdeS) et en gestion (HEC Montréal). Une formation riche qui la pousse jour après jour à remettre en question les idées reçues. Même les siennes.

«Le fil conducteur dans mon parcours, c’est l’objet de recherche. Je me suis toujours intéressée aux enjeux éthiques des activités économiques. Mes perspectives de recherche ont changé durant ma formation, mais l’objet est demeuré le même», explique-t-elle lorsqu’on lui demande ce qui l’a menée à l’Université de Sherbrooke, où elle est entre autres chercheuse associée à la Chaire d’éthique appliquée et responsable des programmes de 2e cycle en éthique appliquée au Département de philosophie et d'éthique appliquée.

Selon la professeure Marchildon, la recherche universitaire permet d’avoir un regard critique sur les connaissances généralement acceptées. Dans son champ de recherche, cela signifie notamment de ne pas se limiter à recourir aux théories de la responsabilité sociale des entreprises ou de l’éthique des affaires, mais de plutôt préconiser une approche interdisciplinaire ou l’exploration. Par le biais de sa tâche professorale, elle tente de transmettre cette vision d’ouverture à ses étudiantes et étudiants, plus particulièrement à ceux inscrits aux cycles supérieurs.

Déséquilibre

«Je crois qu’il faut adopter une posture de déséquilibre entre deux marches d’escalier où l’on est toujours prêt à retomber sur la marche précédente pour revisiter ce qu’on connaît ou encore passer sur la marche suivante pour intégrer de nouveaux éléments dans notre réflexion, illustre-t-elle. Pour moi, un intellectuel, ce n'est pas quelqu’un qui vient présenter ses grandes théories sur un piédestal. C’est un chercheur qui fait un certain bricolage, qui va chercher ce qui est intéressant dans les outils théoriques sans nécessairement s’enfermer dans une seule approche.

«Chaque recherche permet d’aller un pas plus loin, pas uniquement en termes d’approfondissement des connaissances, mais aussi pour devenir son propre critique par rapport à ses travaux précédents», ajoute-t-elle avec conviction.

Afin d’aider ses étudiantes et étudiants à adopter cette posture d’enquête perpétuelle, cette soif de redécouverte, la professeure Marchildon tente de leur donner des outils méthodologiques et théoriques.

«Je ne présente pas les théories comme étant LA vérité ou LA bonne façon de voir les choses, dit-elle. Je les présente plutôt comme étant un éventail de possibilités dans lesquelles ils peuvent aller piger lorsque c'est pertinent. Je leur fournis aussi les outils pour être en mesure d’expérimenter la théorie.»

L’étude d’enjeux éthiques concrets, comme ceux que l’on retrouve dans la catastrophe de Lac-Mégantic, font donc partie intégrante du cursus de la professeure Marchildon. L’objectif est de permettre aux étudiantes et étudiants d’arriver à bâtir leurs propres interprétations.

Ancrée dans le concret

«Pour moi, la recherche part de problèmes, de questions et d’enjeux concrets. De mon point de vue, il va toujours y avoir une utilité sociale à la recherche et à la connaissance. En tant que chercheur, c’est important de passer le test de la réalité», souligne-t-elle avec pragmatisme.

Parallèlement à ses activités universitaires, Allison Marchildon cumule d’ailleurs plusieurs implications, notamment au comité de direction de la revue Éthique publique, au comité d’éthique et de déontologie du Régime de retraite de l’Université du Québec et au comité de surveillance de l’impartialité d’Enviro-Accès.

«Par le biais de mon implication, je suis appelée à proposer des pistes de solution et d’action à des enjeux réels, dit-elle. Lorsque je reviens dans ma recherche, ça me permet de voir quelles approches théoriques sont vraiment utiles pour nous aider à éclairer la pratique.»

Les travaux et recherches d’Allison Marchildon portent notamment sur la responsabilité sociale des entreprises, la finance socialement responsable, la régulation sociale et la sociologie et l’éthique appliquées aux organisations et aux entreprises.


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