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Résultat d'une recherche menée à l'UdeS

Le vaccin contre le pneumocoque pourrait réduire de 50 % les risques d'infarctus

Une grande étude comparative en milieu hospitalier révèle que la vaccination antipneumococcique est associée à une baisse de 50 % du taux d'infarctus du myocarde et ce, deux ans après l'administration du vaccin. Cette étude dirigée par la professeure Danielle Pilon de l'Université de Sherbrooke est publiée aujourd'hui dans la revue scientifique Journal de l'Association médicale canadienne.

Dans une population à haut risque d'infarctus du myocarde, l'équipe de chercheurs a comparé les taux de vaccination contre le pneumocoque chez des patients qui ont subi un infarctus à ceux qui n'en ont pas eu.

«Au départ, nous voulions vérifier une hypothèse», précise la professeure Danielle Pilon de la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l'UdeS. «Les spécialistes du traitement des infarctus du myocarde, qu'on appelle communément la crise cardiaque, observent souvent des patients dont les facteurs de risques sont très bien gérés, mais qui font tout de même un épisode. Est-ce que l'infection ou l'inflammation pourrait être un élément déclencheur de la crise cardiaque?»

Pour poursuivre les recherches sur cette hypothèse, la professeure Pilon et son équipe ont comparés les données de près de 2000 patients possédant plus de deux facteurs de risque d'infarctus (par exemple l'hypertension, le taux de cholestérol et l'embonpoint). «Notre étude démontre que les patients du groupe qui avaient subi un infarctus étaient environ deux fois moins susceptibles d'avoir reçu un vaccin contre la bactérie que ceux du groupe qui n'avaient pas fait d'infarctus», déclare la professeure Pilon. «Nous avons également noté que, plus le temps écoulé depuis l'exposition au vaccin était long, plus cette association semblait apparente. Autrement dit, l'avantage de la vaccination augmentait avec le temps.»

Vaccination gratuite pour les personnes à risque

Au Québec, le vaccin contre le pneumoccoque est gratuit pour certaines populations à risque, incluant les personnes de 65 ans et plus, les patients souffrant de maladie chronique et les patients atteints d'une maladie du coeur. Or, une grande partie des patients faisant partie de l'étude du professeure Pilon sont éligibles à cet outil de prévention, mais «les données actuelles indiquent que seulement 20 % des personnes éligibles à ce vaccin s'en sont prévalues» indique la professeure Pilon, qui est également chercheuse de l'axe «Populations et services» au Centre de recherche de l'Institut universitaire de gériatrie de Sherbrooke (IUGS) et médecin au Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke.

Si cette étude ne démontre pas une cause à effet directe de la vaccination (puisqu'il est impossible de volontairement infecter des patients), elle fournit toutefois des données très concluantes soutenant l'hypothèse qu'une infection peut s'avérer un facteur déterminant menant à la crise cardiaque. Par conséquent, la professeure Pilon recommande aux patients à risque de profiter des programmes de vaccination gratuite, d'autant que le vaccin est sans danger et pratiquement sans effets secondaires. 

Des appuis régionaux

Cette recherche du professeure Pilon a bénéficié d'appuis régionaux importants, particulièrement de la part de la Direction de la santé publique de l'Estrie, qui a fourni les fonds nécessaires à la réalisation de l'étude. La chercheuse a également compté sur la précieuse collaboration du Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke afin de recueillir les informations liées à la base de données.

Au sujet du pneumocoque

Le pneumocoque (streptococcus pneumoniae) est une bactérie pouvant causer plusieurs types d'infections, comme des otites, des sinusites et des conjonctivites. Il est également lié à plusieurs infections graves comme la pneumonie, l'infection sanguine ou la méningite. Au Québec, les infections au pneumocoque sont responsables de 3000 à 6000 hospitalisations chaque année.