Un projet de recherche novateur croisant alphabétisation des adultes et éducation relative à l’environnement

Intégrer l’alphabétisation et l’éducation relative à l’environnement au sein d’un programme éducatif destiné à des personnes adultes : tel est l’objectif que se sont donné Carine Villemagne, professeure au Département d’études sur l’adaptation scolaire et sociale, et Justine Daniel, professionnelle de recherche fraîchement diplômée à la maîtrise en environnement de l’Université de Sherbrooke.

Ce projet, financé par le Fonds de recherche sur la société et la culture pour le Québec, a nécessité la collaboration de plusieurs partenaires communautaires sherbrookois, dont Les AmiEs de la Terre de l’Estrie et La Chaudronnée de l’Estrie. L’équipe ainsi constituée a choisi d’explorer l’apport mutuel des pratiques d’alphabétisation des adultes et des pratiques d’éducation relatives à l’environnement. Le tout visait également le développement de l’implication sociale et environnementale d’adultes dans leur milieu de vie ainsi que le développement d’une écocitoyenneté active.

Pour ce faire, l’équipe a réalisé une recherche de développement d’un programme éducatif, dont l’expérimentation sur 16 semaines a permis de documenter la contribution effective en matière d’implication sociale et environnementale de 5 apprenants adultes en processus d’alphabétisation, ainsi que l’ensemble des apprentissages réalisés.

Le thème de l’eau pour développer une action citoyenne

L’expérimentation du programme éducatif a débuté par un café-rencontre afin d’intéresser des adultes à participer. Un groupe s’est ainsi constitué, avec 5 adultes très assidus qui ont participé aux 23 séances du projet. Une dizaine d’autres personnes se sont engagées plus ponctuellement, en fonction de leur disponibilité ou du thème de la séance.

À la suite des premières rencontres visant à discuter des problématiques actuelles d’environnement et des intérêts respectifs de chacun, un thème fédérateur est ressorti, celui de l’eau, en vue de concevoir une action citoyenne dans le milieu des participants.

La professeure Carine Villemagne explique : «La problématique de l’eau est en effet apparue importante pour les adultes puisqu’il s’agit, selon eux, d’une ressource abondante au Québec, mais mal gérée et dont la disponibilité pourrait diminuer.»

Des stratégies éducatives intéressantes

Afin d’aborder les différents enjeux liés à l’eau, différentes activités ont été proposées aux adultes participants. Par exemple, un jeu sur la répartition de l’eau dans le monde leur a permis de se rendre compte de la disponibilité et de l’accessibilité relative de l’eau sur la Terre. Une dégustation d’eau embouteillée ou non d’origines variées visait à explorer les problèmes de la marchandisation de l’eau et de la qualité gustative de l’eau. Des conférenciers sont venus présenter des exemples d’engagement concret de la part d’entreprises régionales. L’organisation d’une séance cinéma-causerie a sensibilisé les participants aux différentes menaces qui pèsent sur l’eau au Canada.

Le calcul de la consommation individuelle en eau a également proposé des pratiques plus économiques si nécessaire. En plus de l’exploration sur Internet de sources d’information sur l’eau, le groupe a visité des barrages de Sherbrooke et la station d’épuration locale.

Une exposition pour sensibiliser la population

Les adultes participants désiraient informer la population sherbrookoise des connaissances qu’ils avaient développées durant le projet et des prises de conscience réalisées sur l’importance de sauvegarder la ressource en eau, afin de les sensibiliser à leur tour sur les enjeux liés à cette ressource.

À la suite d’un concours, l’exposition Pense 0, pense gros, pense eau, pense grand, pense environnement a donc été conçue. Elle comprenait des affiches personnalisées réalisées par chacun des adultes, ainsi qu’une maquette collective fabriquée à partir de déchets recyclables sur le thème de l’eau. Cette maquette visait à montrer la section sherbrookoise du bassin versant de la rivière Magog.

Lors d’expositions dans quatre lieux différents (Boquébière, Les AmiEs de la Terre, la Chaudronnée et le Tremplin 16-30), chaque participant a donc présenté ses préoccupations personnelles et collectives en matière d’environnement aux Sherbrookois rejoints sur les sites d’exposition.

Des apprentissages à plusieurs niveaux

«Au-delà des apprentissages liés à une compétence environnementale en développement, les participants ont réalisé des apprentissages en lecture, en écriture et en communication orale. Ils ont aussi développé leur estime de soi et même brisé leur isolement social en développant une solidarité entre participants et en initiant des contacts avec des organismes de leur milieu sous forme de participation bénévole», constatent Carine Villemagne et Justine Daniel.

Tout au long de la recherche, Carine Villemagne et Justine Daniel ont recueilli des données d’entrevues et des données audiovisuelles afin de rendre compte du processus et des résultats de la recherche. L’analyse des données est à ce jour en cours. Le rapport de recherche sera disponible au printemps prochain.