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Selon des biologistes de l’Université de Sherbrooke

L’ensemencement massif de truites mouchetées modifie la diversité génétique de l’espèce

Le biologiste Dany Garant affirme que l'ensemencement entraîne à court terme une importante modification de la diversité génétique des populations naturelles de truites mouchetées.
Le biologiste Dany Garant affirme que l'ensemencement entraîne à court terme une importante modification de la diversité génétique des populations naturelles de truites mouchetées.
Photo : Michel Caron

Une équipe de biologistes de l’Université de Sherbrooke et leurs collaborateurs ont montré que l’ensemencement massif de la truite mouchetée conduit à long terme à une modification de l’intégrité génétique et à une homogénéisation des populations de cette espèce dans les lacs du Québec.

Il s’agit de la première étude du genre réalisée sur la truite mouchetée, aussi appelée l’omble de fontaine, dans l’Est du Canada. Les résultats publiés dans le numéro de mai de Molecular Ecology pourraient modifier les pratiques d’ensemencement qui répondent aux besoins de plus d’un demi-million de pêcheurs sportifs au Québec.

«Dans les lacs fortement ensemencés, il y a une modification importante à court terme de la diversité génétique des populations naturelles», affirme le professeur Dany Garant, l'un des auteurs de l’étude.

Aspect essentiel de la biodiversité, la diversité génétique décrit le niveau de variétés des gènes au sein d’une même espèce. «Comme les truites domestiquées se reproduisent entre elles en captivité, elles partagent le même patrimoine génétique, explique le chercheur. Les lacs non ensemencés présentent des populations dont le patrimoine génétique est beaucoup plus varié.»

Amandine Marie, étudiante au doctorat en biologie, lors d'un prélèvement de truite mouchetée
Amandine Marie, étudiante au doctorat en biologie, lors d'un prélèvement de truite mouchetée

Le professeur Garant et son équipe, formée de la doctorante Amandine Marie et du professeur Louis Bernatchez, de l’Université Laval, ont analysé les données génétiques de quelque 2000 truites mouchetées prélevées durant deux années dans 24 lacs situés dans les réserves fauniques de Portneuf et de Mastigouche.

«Nos données permettent de mieux comprendre le niveau d’échanges génétiques entre les populations sauvages et domestiques en fonction du niveau d’ensemencement et de certains facteurs environnementaux», conclut le biologiste.

Une variété prisée des amateurs de pêche

Photo : Gilles Chiasson

L’omble de fontaine est l’espèce la plus utilisée pour soutenir l’offre de pêche sportive et l’industrie récréotouristique qui en découle partout au Québec. En 2009, près de 335 000 truites mouchetées ont été introduites par ensemencement dans les lacs du Québec, selon le ministère des Ressources naturelles et de la Faune. Or, le public et les autorités gouvernementales s’interrogent de plus en plus quant aux impacts négatifs potentiels associés aux ensemencements d’ombles.

Le lac Veillette, dans la réserve faunique de Portneuf, est l'un des 24 lacs étudiés par les biologistes.
Le lac Veillette, dans la réserve faunique de Portneuf, est l'un des 24 lacs étudiés par les biologistes.

Pour mener son étude, l’équipe du professeur Garant a documenté l’ampleur des différences génétiques entre les populations d’élevage et les populations sauvages à l’aide de marqueurs microsatellites. Les chercheurs ont ensuite évalué le niveau d'hybridation entre poissons domestiques et sauvages causé par les ensemencements. Enfin, ils ont associé la variation des niveaux établis avec l’historique des ensemencements et l’hétérogénéité environnementale.

L’équipe vise ainsi à développer une approche permettant de prédire les impacts biologiques des ensemencements chez les salmonidés.

Financé par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, ce projet est initié et mené conjointement avec le ministère des Ressources naturelles et de la Faune. Il compte aussi sur la participation de la Société des établissements de plein air du Québec.


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