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Une biologiste de l’UdeS découvre pourquoi une araignée décore sa toile

La spider girl décoratrice démasquée

Néphiles photographiées au Costa Rica. à l'avant, une femelle, et à l'arrière, un mâle
Néphiles photographiées au Costa Rica. à l'avant, une femelle, et à l'arrière, un mâle
Photo : Michel Caron

Des chercheurs de la NASA tentent depuis quelques années d’imiter la soie des néphiles, des araignées aux longues pattes qui leur permettent de tisser l'une des toiles les plus résistantes et les plus belles au monde, avec des fils de soie aux reflets dorés. Leurs toiles sont proportionnellement beaucoup plus résistantes que l’acier ou le kevlar utilisé dans la fabrication de gilets pare-balle, tout en étant plus extensibles que le nylon. En plus de multiples applications pour fabriquer du matériel militaire, des valves cardiaques ou encore des veines artificielles, les arachnologues ont aussi remarqué le talent de décoratrice de ces araignées : elles capturent des insectes et disposent étrangement leurs cadavres selon des lignes précises de leurs toiles…

Sophie Calmé, professeure au Département de biologie
Sophie Calmé, professeure au Département de biologie
Photo : Caroline Cloutier

Cette décoration morbide devrait-elle nous effrayer? Probablement pas puisque cette araignée répartie dans tous les coins du monde où le climat est assez chaud et humide, comme la Floride, ne présente aucun danger pour l’Homme. Est-ce que ce sont des signaux pour empêcher les gros gibiers de déchirer leur toile quasi permanente?

Toile d’une néphile clavipes avec plan rapproché sur les décorations pour attirer les insectes sarcophages.
Toile d’une néphile clavipes avec plan rapproché sur les décorations pour attirer les insectes sarcophages.

Pour la première fois dans des conditions naturelles, Sophie Calmé, professeure au Département de biologie de la Faculté des sciences, et ses collègues d’ECOSUR au Mexique ont montré que cette grande décoratrice faisait tout cela au profit d’une petite araignée parasite appelée argyrode. Les résultats de leurs travaux sont publiés dans le numéro d’avril du Journal of Arachnology.

«Dans une plantation de café du sud du Mexique, nous avons observé que les toiles des néphiles attiraient davantage certains insectes sarcophages lorsqu’elles sont décorées, témoigne Sophie Calmé. Mais contrairement à ce qu’on attendait, ce ne sont pas ceux que mange la néphile, mais plutôt une autre petite araignée, l’argyrode», précise-t-elle. Cette stratégie utilisée par la néphile permettrait de nourrir indirectement l’araignée parasite pour qu’elle lui laisse les plus grandes proies.

Et parfois, ces proies peuvent être surprenantes dans une toile si résistante... «Même des colibris se font attraper s’ils ne remarquent pas à temps la toile dorée!», s’exclame la biologiste.


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