Aller au contenu

Que mangent les tout-petits dans les CPE?

Pascale Morin, professeure à la Faculté d’éducation physique et sportive de l’UdeS
Pascale Morin, professeure à la Faculté d’éducation physique et sportive de l’UdeS
Photo : Michel Caron

Les repas et collations des Centres de la petite enfance (CPE) sont-ils variés et sains? Apportent-ils aux enfants les nutriments dont ils ont besoin pour bien grandir? C’est ce que la professeure Pascale Morin, de la Faculté d’éducation physique et sportive, a cherché à savoir en visitant les cuisines de la moitié des CPE en installation de l’Estrie. Son premier constat : l’offre alimentaire en Estrie est de très bonne qualité, et les gestionnaires et le personnel ont à cœur d’offrir une saine alimentation aux enfants.

Puisqu’il n’y a pas de norme pour l’alimentation dans les CPE, la chercheuse base son étude sur le Guide alimentaire canadien et sur la Politique-cadre du ministère de l’Éducation, des Loisirs et du Sport pour un virage santé à l’école. «Ces références recommandent une alimentation variée, composée des quatre groupes alimentaires et de repas contenant un légume d’accompagnement, du lait, différentes viandes, du poisson au moins une fois par semaine, des légumes de couleur foncée, ainsi que des desserts à base de fruits ou de lait», explique Pascale Morin.

La préparation de l’assiette des tout-petits

Tenant compte de ces recommandations, la chercheuse a réalisé des entrevues avec les gestionnaires et les responsables alimentaires des CPE et observé le déroulement des repas. Plus des trois quarts des CPE ont des menus cycliques, c’est-à-dire que les repas sont planifiés sur des périodes de six semaines ou plus, donc très variés.

La grande majorité des CPE composent des repas avec les quatre groupes alimentaires et varient les viandes. La tendance à offrir différents substituts à la viande, comme les légumineuses et le tofu, est aussi très répandue. Dans plus de 90 % des cas, les tout-petits ont un légume accompagnant leur plat principal et des fruits variés en dessert ou en collation. Quatre CPE sur cinq évitent de servir des desserts riches en matières grasses, comme les gâteaux et les pâtisseries. La plupart des responsables alimentaires s’efforcent de réduire le sucre et d’ajouter des fibres dans leurs recettes.

Comment faire mieux?

En observant les assiettes servies, la chercheuse a constaté que seulement 62 % des CPE offrent des produits céréaliers à grains entiers comme le riz brun ou les pâtes de blé entier. Aussi, les trois quarts des CPE offrent des collations composées d’un seul groupe alimentaire. Un aliment provenant d’un deuxième groupe alimentaire pourrait être ajouté pour mieux soutenir les enfants entre les repas.

Les responsables alimentaires des CPE visités n’ont pour la plupart aucune formation en nutrition. Ils seraient intéressés à suivre une formation sur la saine alimentation afin d’améliorer les repas qu’ils préparent.

Une vision positive de la nourriture dès la petite enfance

L’étude de la professeure Morin s’est aussi penchée sur l’ambiance et l’interaction entre les enfants et le personnel éducatif durant le repas. En moyenne, le dîner dure 40 minutes, ce qui laisse assez de temps aux enfants.

Le personnel éducatif interagit de façon positive avec les enfants durant les repas et les encouragent à manger un peu de tout, sans les obliger à terminer toute leur assiette. Le personnel s’efforce aussi de parler de la nourriture de façon attrayante, en faisant remarquer la forme et les couleurs des aliments aux enfants.

Les assiettes des enfants sont généralement préparées par des adultes. Toutefois, dans un peu plus d’un CPE sur dix, une approche novatrice permet aux enfants de déterminer eux-mêmes leurs portions. Cette pratique gagne à être utilisée, selon la chercheuse. «L’enfant peut ainsi faire le lien entre son appétit et le contenu de son assiette. Il doit toutefois se servir un peu de chaque aliment offert au menu», précise-t-elle.

Du rapport de recherche à l’assiette

Selon Pascale Morin, les parents peuvent être rassurés : leur enfant mange bien dans les CPE en installation de l’Estrie. Les résultats de cette étude ont été présentés aux gestionnaires et au personnel des CPE afin qu’ils prennent connaissance des améliorations possibles. «Les résultats préliminaires de notre étude ont aussi mené à l’embauche d’une stagiaire en nutrition qui donne présentement de la formation sur l’interaction pendant les repas dans les CPE partout en Estrie», dit Pascale Morin.

La chercheuse encourage les parents à observer ce qui est servi au CPE de leur enfant, et surtout à poursuivre dans le même sens à la maison : «Favoriser une ambiance agréable lors des repas, présenter de nouveaux aliments fréquemment et faire participer les enfants à la préparation des repas sont des façons de développer une vision adéquate des aliments qui suivra l’enfant tout au long de sa vie.»

Cette étude a été financée par le Centre de prévention de l’obésité et réalisée en collaboration avec le Regroupement des CPE des Cantons-de-l’Est et le Centre de santé et services sociaux de Sherbrooke (CSSS-IUGS).