Aller au contenu

Alcool chez les jeunes : les recherches du PClaude Cyr mènent à la création d’un programme inédit à Sherbrooke

Selon Claude Cyr, pédiatre et professeur-chercheur à la FMSS, la surconsommation d'alcool chez les jeunes en Estrie est préoccupante.
Selon Claude Cyr, pédiatre et professeur-chercheur à la FMSS, la surconsommation d'alcool chez les jeunes en Estrie est préoccupante.
Photo : Martin Blache

Quand le verre de trop conduit à l’urgence, la situation mérite d’être prise au sérieux, surtout lorsqu’elle concerne nos jeunes. C’est ce qu’a fait le professeur Claude Cyr en y consacrant ses recherches, lesquelles ont servi de base à la création d’un programme sherbrookois de réduction des méfaits liés à l’alcool, une première au Canada.

Claude Cyr est pédiatre intensiviste à l’hôpital de Fleurimont du CIUSSS de l’Estrie-CHUS et professeur-chercheur à la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l’UdeS et au Centre de recherche du CHUS. C’est dans le cadre de ses fonctions comme pédiatre qu’il a commencé à se préoccuper de la surconsommation d’alcool chez les jeunes. Il constate alors que les visites à l’urgence en raison d’une intoxication alcoolique sont en hausse chez les adolescentes et adolescentes (12-17 ans) et chez les jeunes adultes (18-24 ans).

L’urgence d’agir en Estrie

Menés entre 2012 et 2017 auprès de la population estrienne, les travaux du Pr Cyr démontrent que l’intoxication à l’alcool chez les jeunes s’avère trop courante et qu’elle constitue une urgence médicale majeure. Certains des résultats publiés dans le cadre de ses recherches illustrent clairement l’urgence d’agir :

  • Entre 2012 et 2017, pas moins de 9 jeunes sur 10 ont consommé de l’alcool avant d’atteindre 18 ans.
  • Au cours des 12 derniers mois, 68,7 % des jeunes de secondaire 3 ont consommé des boissons alcoolisées. Ce chiffre grimpe à 90,3 % chez les jeunes de secondaire 5 et à 93,2 % chez les étudiantes et étudiants de niveau postsecondaire.
  • Parmi les jeunes patientes et patients traités pour une intoxication, 23 % étaient atteints d’une affection pouvant constituer un danger de mort.
  • Même si la consommation d’alcool a diminué de 6,4 % chez les jeunes entre 2010 et 2017, en Estrie, les excès sont 4,4 % plus fréquents qu’ailleurs au Québec.
  • Près de 40 % des 18-24 ans en Estrie consomment de manière excessive, et cette proportion est en augmentation constante.

Ce qui m’inquiète le plus c’est que 51 % des jeunes subissent des méfaits liés à leur consommation, dont 41 % des méfaits physiques importants. […] On parle de jeunes de 17 à 25 ans! L’alcool fait partie de la vie de nos jeunes, mais ne doit pas en diminuer la qualité.

Claude Cyr, pédiatre et professeur-chercheur

Pistes de solution : la ville de Sherbrooke pionnière

En plus de brosser un portrait clair de la consommation d’alcool chez les personnes mineures et les jeunes adultes en Estrie, les recherches du Pr Cyr ont servi de base aux réflexions de l’organisme Sherbrooke, Ville en santé, qui a décidé de porter une attention particulière à la consommation excessive d’alcool des jeunes Sherbrookoises et Sherbrookois. De cette réflexion est né un programme de réduction des méfaits liés à l’alcool, le premier du genre au Canada.

La communauté de Sherbrooke répond toujours présente quand il faut se mobiliser pour aider les jeunes. Nous avons encore une fois un exemple de mise en commun d’énergie et d’expertise afin de répondre à une problématique de santé. Sherbrooke, Ville en santé facilite ces partenariats et rend un service important à la population sherbookoise.

Claude Cyr, pédiatre et professeur-chercheur

Les recherches du Pr Cyr ont inspiré la mise en place de certaines initiatives à Sherbrooke, dont le lancement de la campagne de prévention Garde ça le fun.
Les recherches du Pr Cyr ont inspiré la mise en place de certaines initiatives à Sherbrooke, dont le lancement de la campagne de prévention Garde ça le fun.
Photo : Fournie


Grâce à la collaboration de plusieurs partenaires et surtout au travail et aux recherches du PCyr, Sherbrooke devient ainsi la première ville canadienne ayant un programme de réduction des méfaits liés à l’alcool. Depuis, plusieurs initiatives ont été lancées, comme la campagne de sensibilisation à la consommation responsable Garde ça le fun, inspirée du mouvement Restons sociables, dont l’Université de Sherbrooke fait d’ailleurs partie.

Opération sensibilisation à l’UdeS

Rappelons que l’Université de Sherbrooke prône la consommation responsable lors des événements étudiants sur ses campus, notamment à la tenue des activités sociales et d’intégration à la rentrée automnale.

Au cours des dernières années, l’institution a déployé des actions concrètes afin de conscientiser la communauté étudiante aux avantages de boire de manière modérée. Parmi celles-ci, des séances d’information et de sensibilisation sur l’usage modéré d’alcool ont été offertes aux nouveaux membres de la communauté lors de la rentrée 2019. Quelque 3900 étudiantes et étudiants de l’UdeS ont assisté à ces formations cette année.

Par ailleurs, depuis 2016, l’Université de Sherbrooke est membre du programme Partenariat en éducation postsecondaire — Méfaits de l’alcool, une formule qui mise sur la sensibilisation.

À propos du Pr Claude Cyr

Claude Cyr est professeur-chercheur au Département de pédiatrie de la Faculté de médecine et des sciences de la santé. Il s’intéresse particulièrement aux enjeux sociaux liés à sa profession.

Au cours des dernières années, il a notamment publié un livre sur le deuil et la mort d'un enfant intitulé Ce vif de la vie qui jamais ne meurt. Il a également contribué à la mise en place du port du casque de vélo obligatoire pour les 18 ans et moins à Sherbrooke.




Informations complémentaires