Aller au contenu

Mieux comprendre et traiter les douleurs gynécologiques

Un laboratoire de recherche de Sherbrooke s’attaque au tabou

La professeure Mélanie Morin
La professeure Mélanie Morin
Photo : Robert Dumont

La douleur chronique au niveau du système reproducteur féminin peut avoir des répercussions néfastes majeures sur la santé et le bien-être des femmes atteintes. L’Organisation mondiale de la santé a récemment identifié les douleurs gynécologiques comme étant un problème grandement négligé et une cause importante de morbidité. Ces douleurs, liées à diverses pathologies, affecteraient près de quatre millions de femmes canadiennes à différents moments de leur vie.

Depuis mai 2012, le laboratoire de recherche en urogynécologie se penche sur ces questions. Mélanie Morin, Ph. D., physiothérapeute, professeure à l’École de réadaptation de la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l'Université de Sherbrooke et chercheuse au Centre de recherche clinique Étienne-Le Bel du CHUS, dirige ce laboratoire en gardant pour objectif principal la compréhension de la pathophysiologie des douleurs gynécologiques et l’efficacité des traitements pour cette problématique féminine.

«Le problème le plus prévalent chez les femmes de moins de 45 ans serait les douleurs récurrentes lors des relations sexuelles, nommées dyspareunie, explique la professeure Morin. Celles-ci affecteraient jusqu’à 21 % des femmes, un nombre en constante augmentation. Les douleurs à l’entrée du vagin sont reconnues comme la cause la plus importante de dyspareunie.»

La professeure Mélanie Morin, la physiothérapeute Rachel Dumont ainsi que les étudiantes Mélanie Morin et Marie-Pierre Cyr.
La professeure Mélanie Morin, la physiothérapeute Rachel Dumont ainsi que les étudiantes Mélanie Morin et Marie-Pierre Cyr.
Photo : Robert Dumont

Les douleurs gynécologiques constituent une source de détresse psychologique importante. Les femmes atteintes rapportent d’ailleurs des taux d’anxiété et de dépression plus élevés. Une réduction de l’estime de soi et de la qualité de vie a également été associée à cette problématique. De plus, une des conséquences majeures des douleurs gynécologiques est la perturbation de la fonction sexuelle, ce qui peut entraîner des problèmes conjugaux importants. Ces problèmes de douleur gynécologique, dont la pathophysiologie demeure mal comprise, sont fréquemment mal diagnostiqués voire ignorés par les professionnels de la santé.

«Près de 50 % des femmes atteintes n’obtiendraient pas de diagnostic pour leurs douleurs gynécologiques à la suite d’une consultation avec leur médecin de famille ou gynécologue, mentionne la professeure Morin. Ainsi, les femmes qui en souffrent multiplient souvent leurs consultations médicales; elles iraient même jusqu’à consulter au-delà de quatre médecins pour leur problème dans certains cas.»

Des outils de haute technologie

Pour répondre aux objectifs, le laboratoire a dû se doter d’équipements de haute technologie grâce en partie au support de la Fondation canadienne de l’innovation. Ceci constitue l'une des forces du laboratoire et permet une approche multidimensionnelle d’évaluation de la douleur gynécologique. Un de ces outils uniques, le spéculum dynamométrique, sert à évaluer la fonction des muscles du plancher pelvien. Il a été conçu par Mélanie Morin dans le cadre de son doctorat. Le parc d’équipement comprend également un algomètre (évaluant la douleur à la pression), un laser Speckle (évaluant la microcirculation sanguine) et un appareil d’échographie 4D (permettant d’étudier les structures périnéales), favorisant ainsi une évaluation approfondie de la problématique.

Unique en son genre au Québec, le laboratoire de Mélanie Morin, situé dans les locaux du Centre de recherche clinique Étienne-Le Bel du CHUS, vise à étudier l’efficacité des traitements pour les douleurs à l’entrée du vagin. Il s’agit d’une étude multicentrique d’envergure réunissant une équipe multidisciplinaire de physiothérapeutes, de gynécologues et de psychologues.


Informations complémentaires