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Recherches d'une étudiante à la Faculté de théologie et d'études religieuses

La naissance d'un enfant est-elle une expérience spirituelle?

Marie-Noëlle Bélanger-Lévesque poursuivra au doctorat en études du religieux contemporain ses recherches sur la naissance et la spiritualité amorcées à la maîtrise.
Marie-Noëlle Bélanger-Lévesque poursuivra au doctorat en études du religieux contemporain ses recherches sur la naissance et la spiritualité amorcées à la maîtrise.
Photo : Archives

Est-ce que la naissance d'un enfant peut être une expérience spirituelle pour les parents? C'est la question que pose Marie-Noëlle Bélanger-Lévesque, une étudiante à la maîtrise en études du religieux contemporain et mère de trois enfants. Elle s'intéresse au vécu spirituel des parents lors de la naissance de leur enfant. Depuis deux ans, avec ses deux directeurs de maîtrise, elle forme le groupe interfacultaire SPIN, pour spiritualité et naissance. Pour les besoins de sa recherche, elle fréquente les lieux de naissances de Sherbrooke. Ainsi, le personnel du Département d'obstétrique du CHUS et celui de la maison des naissances sont familiers avec Marie-Noëlle et son projet.

«C'est un sujet assez original, c'est ce qu'on me dit souvent!», constate Marie-Noëlle Bélanger-Lévesque. Le déclic s'est fait dans le cadre du cours de Patrick Snyder Spiritualités féministes et enjeux contemporains: j'y ai présenté un travail de fin de session sur le sujet «La naissance comme une expérience spirituelle et féministe» en m'appuyant sur mes expériences personnelles et celles d'autres personnes de mon entourage. On m'a dit que cela ferait un bon sujet de maîtrise!»

Parallèlement, sans qu'elle le sache, ses directeurs actuels, les professeurs Marc Dumas de la Faculté de théologie et d'études religieuses et Jean-Charles Pasquier, obstétricien à la Faculté de médecine et des sciences de la santé, obtenaient un financement du Réseau mère-enfant de la Francophonie (un regroupement de centres hospitaliers universitaires francophones spécialisés en périnatalité) sur le sujet de la Naissance et de la spiritualité. «Je les ai rencontrés en 2009 et depuis, nous formons l'équipe SPIN. Nous tentons de comprendre ce que vivent les parents lors de la naissance de leur enfant», explique l'étudiante.

Une approche scientifique au cœur du mystère humain

Marie-Noëlle a commencé sa maîtrise en rencontrant des experts des deux domaines, réunis par les membres du SPIN, pour définir ce que pouvait être la spiritualité en salle de naissance. Ensuite, elle a rencontré des couples avant et après leur accouchement. Lors d'entretiens semi-dirigés, elle abordait plusieurs sujets et par une méthodologie dite de théorisation ancrée, elle a vu apparaître une catégorisation des expériences spirituelles des parents. En effet, l'idée n'était pas de se limiter aux dimensions religieuses – dimensions absentes chez la plupart des parents – mais d'ouvrir sur une perspective plus large. «Par exemple, dans ma collecte de données auprès des couples, j'ai découvert que certains parents confient le bon déroulement de leur grossesse à des personnes de leur famille décédées ou encore, d'autres croient aux forces de la nature qui les accompagnent pendant l'accouchement. Évidemment, certains ne croient en rien et c'est très bien comme cela!»

Toutefois, plusieurs confiaient à l'étudiante ne pas parler de leurs croyances même à leurs proches par peur d'être jugé ridicules! «En effet, je découvre dans mes recherches que la spiritualité est un sujet tabou dans notre société. Encore plus que la sexualité! C'est véritablement un sujet fascinant et les parents que je rencontre sont d'une telle générosité.»

Une bourse qui financera son projet interdisciplinaire

Marie-Noëlle Bélanger-Lévesque a obtenu une bourse de doctorat en recherche  du Fonds de recherche du Québec - société et culture (FQRSC). Échelonnée sur trois ans, cette bourse est d'une valeur de 60 000 $. «Mon dossier s'est placé au deuxième rang. J'encourage mes collègues de la maîtrise à soumettre leur projet à ce fonds de recherche», insiste Marie-Noëlle.

Grâce à l'obtention de cette bourse, Marie-Noëlle débutera un doctorat en études du religieux contemporain dès janvier sur le même sujet mais sous un angle différent. Ses deux directeurs de maîtrise et membres du SPIN, accompagneront l'étudiante dans ses nouvelles recherches. Ils ont quelques idées notamment la vérification de la prévalence de la spiritualité par une enquête quantitative auprès de tous les parents du CHUS sur une période de quelques mois. Ils pourraient aussi se pencher sur l'expérience des parents de communautés culturelles spécifiques ou de conditions médicales particulières (malformation de l'enfant, maladie transmise génétiquement). L'idée est que soient éventuellement offerts des soins de santé permettant aux parents de vivre pleinement toutes les dimensions de la naissance de leur enfant.

«L'intérêt porté à mon projet par le FQRSC témoigne selon moi de la pertinence d'avoir une plus grande communication entre les disciplines – le fameux décloisonnement – pour une meilleure compréhension de la personne, particulièrement dans des expériences significatives comme l'accouchement de son enfant. J'ai une chance unique de faire partie de cela!», souligne Marie-Noëlle en souriant.