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Journée mondiale des enseignantes et enseignants

Surmonter les défis de l’enseignement à distance

Photo : Karine Couillard - UdeS

Le confinement lié à la pandémie de COVID-19 a poussé les enseignantes et enseignants à s’adapter et à renouveler leurs pratiques éducatives à toute allure. Face à ces changements, ils ont appris à maîtriser l’environnement numérique tout en maintenant la relation avec leurs élèves afin que ceux-ci se sentent motivés et soutenus dans leurs apprentissages. Deux spécialistes de la Faculté d’éducation font le point sur la question.

Les défis se sont révélés nombreux pour les enseignantes et enseignants lors de cette transition. Ils se sont dépassés à gérer les enjeux de cybersécurité et de collecte de données ainsi que les problèmes d’équité numérique et d’accès aux outils technologiques. Ils se sont aussi préoccupés du bien-être de leurs élèves… Mais qui a pensé au leur?

Former pour mieux enseigner

Selon Florian Meyer, professeur en intégration des technologies en enseignement, la priorité demeure l’attention aux besoins du personnel enseignant. Si l’usage du numérique augmente rapidement, il reste important de lutter contre les effets de mode et de gadgétisation. Le but premier de ces outils est d’améliorer les pratiques éducatives autant pour le personnel que pour les élèves.

Florian Meyer, professeur à la Faculté d'éducation
Florian Meyer, professeur à la Faculté d'éducation
Photo : Michel Caron - UdeS

Moi, je dis à tous les enseignants avec qui je travaille : “soyez indulgent avec vous-même”. C’est évident que vous ne serez pas le meilleur enseignant à distance ni la meilleure enseignante à distance dès la première session. Cependant, nous avons tous la capacité d’offrir ce type d’enseignement et d’apprendre de cette expérience.

Florian Meyer, professeur à la Faculté d’éducation

Il importe aussi de tabler sur le développement des compétences technologiques du corps enseignant. Depuis avril 2019, le cadre de référence de la compétence numérique, mis en place par le ministère de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur, cible douze dimensions à cultiver afin d’améliorer le savoir-faire et la pensée critique dans ce domaine. Pour le professeur Meyer, le développement de ces compétences passe par la formation à la pédagogie et à la didactique avec les outils numériques, et non à la technologie en elle-même.

D’indéniables retombées positives

Malgré ces défis, l’accélération de l’enseignement numérique a eu de nombreuses conséquences positives. Dès que l’éducation est passée dans un environnement à distance, le corps enseignant s’est posé des questions afin d’adapter son contenu et ses pratiques : un questionnement parfois ardu, mais essentiel pour améliorer les approches.

De plus, l’obligation de s’habituer aux différentes plateformes dans un contexte de mutation rapide a diminué les appréhensions de plusieurs quant aux environnements numériques. Alors que c’est un domaine que les enseignantes et enseignants réservaient aux passionnés, nombre d’entre eux ont compris les multiples possibilités que ces outils offrent afin d’enrichir la qualité de l’enseignement et de l’apprentissage. Même si l’ensemble des nouvelles méthodes acquises ne sont pas conservées, certaines auront trouvé leur place et la communauté éducative les intégrera naturellement à sa pratique quotidienne.

L’importance des relations de qualité pour la motivation

En plus de veiller à la maîtrise des outils numériques, le personnel enseignant s’est assuré que les élèves suivent le rythme et restent motivés à poursuivre leurs études. Jonathan Smith, professeur intéressé par les dynamiques motivationnelle et relationnelle en contexte scolaire, décrit la motivation comme un ensemble de croyances, d’attitudes et d’intentions. Celles-ci incitent les individus à s’engager dans des situations qui comportent un enjeu d’apprentissage et peuvent être nourries par des encouragements et une validation disponibles auprès de leurs camarades ou du corps enseignant.

Jonathan Smith, professeur à la Faculté d'éducation
Jonathan Smith, professeur à la Faculté d'éducation
Photo : Michel Caron - UdeS

Il faut se poser la question. Lorsqu’on a des modes d’apprentissage à distance, est-ce qu’on réussit autant à soutenir les ressources motivationnelles, et notamment, le sentiment de compétence des élèves?

Jonathan Smith, professeur à la Faculté d’éducation

Le rôle du corps enseignant dans la dynamique motivationnelle consiste à créer un climat de classe chaleureux qui atténue les préoccupations d’ordres scolaire et social des élèves. Sa fonction est de s’assurer que tous se sentent respectés, appréciés et soutenus afin de les ouvrir aux opportunités qui se présentent à eux.

La relation est vraiment essentielle et, dès qu’on se trouve à diminuer la qualité du suivi qu’on offre aux élèves ou des rétroactions qu’on leur donne, on peut penser qu’ils passent par des moments de doute. Nous avons tous tendance à être durs envers nous-mêmes et la rétroaction vient parfois recalibrer nos perceptions.

Jonathan Smith

La création de relations riches et soutenantes malgré la distance importe donc afin d’assurer la persévérance scolaire et la réussite de tous les élèves.

Créer un sentiment de présence

Selon Florian Meyer, maintenir la motivation et l’engagement des élèves lors de l’enseignement à distance est une compétence supplémentaire à développer pour le corps enseignant. Il existe plusieurs manières de créer un engagement dans les classes en anticipant bien les réactions des élèves face aux différents types d’enseignement : synchrone, asynchrone et hybride. Il avance même que la création d’un sentiment de présence est possible malgré la distance avec un environnement en ligne qui reproduit l’impression d’une vraie classe. Il reçoit d’ailleurs, depuis dix ans, des témoignages de professeurs qui, à la fin d’une première session à distance, lui disent : « J’ai un meilleur contact avec mes étudiants, je les connais plus que quand je les voyais en classe, ils sont beaucoup plus engagés. »


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