Aller au contenu

Développements vers un fauteuil roulant autonome

Défier les couloirs étroits

Mathieu Labbé et François Michaud
Mathieu Labbé et François Michaud
Photo : UdeS - Michel Caron

Nancy doit utiliser un fauteuil roulant depuis trois ans. L’étroitesse des cadres de portes représente un défi plus que significatif dans ses déplacements quotidiens. Mais une innovation universitaire sur le point d’être commercialisée pourrait lui permettre bientôt de s’y glisser facilement avec moins de 7 cm de jeu de chaque côté et sans qu’elle n’ait à faire aucune manipulation.

Une équipe de chercheurs canadiens travaille sur le premier fauteuil roulant multifonctionnel autonome et, fait intéressant, développé à très faible coût. La technologie pourrait considérablement simplifier la vie de plus de 5 millions d'utilisateurs de fauteuils roulants en Amérique du Nord et des millions de personnes de plus à l'échelle mondiale. Cyberworks Robotics, l’University of Toronto et l’Université de Sherbrooke travaillent en partenariat sur cette technologie, laquelle peut faire une véritable différence dans l’amélioration de la mobilité des personnes en fauteuil roulant atteintes d’un disfonctionnement des membres supérieurs tels l’arthrite, la quadriplégie, le Parkinson et les différents troubles neuromusculaires.

Cartographie développée à Sherbrooke

Que ce soit à la maison ou dans un lieu de travail, ce système de navigation robotique permet notamment de naviguer de façon autonome dans des couloirs étroits, d’éviter les obstacles devant - comme un chien ou un panier de linge - et d’arrêter doucement et précisément derrière un bureau ou une table. Il peut accomplir ces tâches complexes mais permet aussi d’accomplir des tâches plus routinières : partir d’un point A vers un point B avec une seule commande devient ainsi possible grâce à la cartographie. Le mode d’utilisation en cartographie permet de programmer des espaces de vie familiers et des routes empruntées fréquemment, par exemple d’un bureau à une salle de conférence.

Prototype de chaise roulante autonome avec le capteur de Microsoft Kinect 2
Prototype de chaise roulante autonome avec le capteur de Microsoft Kinect 2
Photo : Article

Mathieu Labbé, doctorant en génie électrique avec le Pr François Michaud et son équipe d’IntRoLab, sont embarqués dans l’aventure depuis 2016. Ils se sont joints à l’équipe de Toronto afin d’y ajouter leur expertise. « À Sherbrooke, nous arrivons à intégrer des modules essentiels – la cartographie, la navigation autonome, l’évitement d’obstacles – pour qu’ils soient utilisables sur un fauteuil ayant une puissance de calcul limitée et utilisant seulement une caméra 3D de type Microsoft Kinect pour Xbox One pour voir son environnement. Le module de cartographie créé se nomme RTAB-Map », explique Mathieu Labbé. En combinant la caméra 3D et des capteurs dans les roues, il est possible d'estimer à tout moment la position de la chaise et des obstacles dans l’environnement.

En route vers la commercialisation

Selon le Pr Jonathan Kelly, directeur du laboratoire STARS de l’University of Toronto, « l'application de la technologie de conduite autonome aux fauteuils roulants représente un domaine de recherche actif depuis plus de 20 ans, mais, jusqu'à présent, nous étions limités à une technologie soit peu coûteuse mais pas très fiable ou fiable mais très coûteuse. La technologie actuelle change la donne en robotique avec leur coût évalué à environ 800$ ».

La prochaine étape consiste à procéder à des tests utilisateurs dans des environnements contrôlés sous la supervision de thérapeutes afin de s’assurer que les besoins des futurs utilisateurs seront bien répondus. Des considérations éthiques sont aussi à évaluer, et Santé Canada doit par la suite donner son aval.


Informations complémentaires