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Étude sur les stages internationaux en médecine de famille

Quel est l’effet d’un stage international sur un résident en médecine de famille?

Photo : Fournie

Quand un résident québécois en médecine de famille se rend en Ouganda, au Mali ou en Haïti pour effectuer un stage de quatre semaines, on peut présumer qu’il sera en mesure d’offrir sa science, son aide et un peu de soulagement aux populations de ces pays. Et le résident, quel bénéfice tire-t-il de ce stage en général? Que retire-t-il du contact avec les populations de ces pays ? Est-ce que ces stages internationaux offrent de bonnes conditions d’apprentissage pour des résidents en médecine de famille ?

Ce sont des questions que se sont posés des professeurs associés au programme de santé internationale de la Faculté de médecine et des sciences de la santé, le Pr François Couturier, la Pre Christine Loignon, le Pr Pierre-Michel Roy, la Pre Carol Valois et le Pr Robert Williams. Ils ont publié les résultats de leur recherche Pratique réflexive et responsabilité sociale en médecine de famille. Les impacts de l’expérience des stages internationaux menés dans les pays en voie de développement dans Le Médecin de famille canadien de novembre 2016. Pour les assister dans la réalisation de l’étude, ils se sont adjoints les services de Thomas Gottin, anthropologue.

Leur recherche menée sous forme d’entrevues semi-dirigées d’une durée de 60 à 75 minutes auprès de 12 résidents et 9 superviseurs de stage, tend à démontrer que la participation à un stage de formation internationale a été une étape marquante dans le choix de parcours professionnel de ces résidents.

Lors de ces stages, les résidents sont amenés à collaborer avec des professionnels de la santé (médecins et infirmières) au sein d’un établissement de santé local (centre de santé communautaire ou clinique itinérante), et à répondre, sous la direction de superviseurs, à la diversité des problématiques de santé présentes au quotidien (maladies chroniques et aigües, suivi de grossesse). Le but de ces stages est de permettre aux résidents de comprendre l’impact des déterminants sociaux et économiques de la santé et les inégalités sociales en santé, ainsi qu’à les sensibiliser à d’autres réalités ethnoculturelles et sociales.

Les principales retombées d’une expérience de stage international vont d’une meilleure connaissance des pathologies médicales, en passant par le respect des interprétations de la maladie par le patient à une attitude ouverte et collaborative avec le patient. À ces retombées,il faut ajouter la capacité à relativiser face à sa condition de citoyen d’un pays à hauts revenus. Les superviseurs ont, de leur côté, observé une meilleure autonomie dans la pratique médicale, une compétence accrue face aux patients migrants et la conscience de jouer un rôle civique.

Est-ce que le stage international constitue une panacée pour tous ceux et celles qui envisagent une carrière en médecine de famille ? Bien que l’étude offre de très intéressantes conclusions, les auteurs notent tout de même quelques biais liés à la constitution de l’échantillon. En effet, le sous-échantillon n’est constitué que de femmes et le stage n’était pas obligatoire, donc puisqu’elles ont volontairement choisi ce stage, nous serions portés à croire qu’elles ont un intérêt et une sensibilité plus grande que le reste des résidents et médecins.

L’originalité de cette recherche se retrouve dans l’échantillonnage qui lie résidents et superviseurs. En effet, les informations recueillies à la suite des entrevues des résidents ont trouvé un écho positif dans celles des superviseurs et ces derniers ont ainsi pu corroborer, mais aussi compléter par leur plus vaste expérience. Les résidents ont d’ailleurs souvent fait référence dans leurs entrevues que l’accompagnement des superviseurs, leurs conseils et leur écoute a grandement contribué à renforcer l’apprentissage.

En conclusion, le stage permet de renforcer ou de développer des connaissances autant techniques que relationnelles.


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