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Économie circulaire

Quand environnement et économie s'entendent

Photo : Michel Caron

L’environnement et l’inquiétude par rapport aux changements climatiques et au réchauffement planétaire prennent aujourd’hui plus de place que jamais dans la vie de plusieurs personnes. Toutefois, le système économique linéaire, que la plupart des sociétés utilisent présentement, semble être un frein important à la réduction de l’impact environnemental visée. C’est alors qu’un autre type d’économie, l’économie circulaire, devient une avenue intéressante. Hélène Gervais et Marc Olivier, chargés de cours au Centre universitaire de formation en environnement et développement durable (CUFE) de l’UdeS, expliquent cette économie encore méconnue pour certains. 

L’économie linéaire fait en sorte que nous extrayons des matières premières grâce auxquelles un produit est fabriqué, utilisé, puis finalement jeté. Selon la chargée de cours Hélène Gervais, cette façon de faire est prépondérante depuis la révolution industrielle, mais elle nous explique pourquoi elle ne devrait pas l’être :

La chargée de cours Hélène Gervais
La chargée de cours Hélène Gervais
Photo : UdeS

Nous vivons sur une planète aux ressources limitées et consommons dans le monde l’équivalent des matières premières de 1,7 planète par année. À l’échelle mondiale, seulement 9 % des ressources sont circularisées. C’est donc dire que plus de 90 % de celles-ci sont gaspillées ou rejetées une fois utilisées. Ce n’est pas soutenable. 

L’économie circulaire propose alors un nouveau modèle économique qui souhaite, dans un premier temps, réduire l’extraction de ressources et, dans un deuxième temps, optimiser l’utilisation des ressources qui sont déjà en circulation, pour que celles-ci restent dans l’économie plutôt qu’elles soient simplement gaspillées.

Des stratégies efficaces et viables

L’économie circulaire a quatre objectifs principaux : repenser pour réduire notre consommation de ressources et préserver les écosystèmes, utiliser un produit plus fréquemment, prolonger la durée de vie d’un produit et de ses composants, et donner une nouvelle vie aux ressources. Pour pouvoir atteindre ces objectifs, différentes stratégies doivent être mises en place, comme la consommation responsable, l’économie de partage, le compostage…

Bien que l’économie circulaire puisse sembler encore floue pour le grand public, certains pays, comme la Chine, la France et la Finlande, pour n’en nommer que quelques-uns, portent un intérêt grandissant à cette transition. C’est le cas également de certaines entreprises privées qui ont déjà instauré le recyclage, la réparation ou encore la location de leurs produits, toutes des stratégies de l’économie circulaire.

Un virage nécessaire

Une diminution de l’exploitation de matières premières permettrait de réduire considérablement nos impacts environnementaux selon Marc Olivier.

Une diminution de l’exploitation de matières premières permettrait de réduire considérablement nos impacts environnementaux selon Marc Olivier.


Photo : fournie

Pour Hélène Gervais, la transition vers l’économie circulaire n’est pas un choix, mais plutôt une nécessité : « À mon avis, il est incontournable de faire la transition vers ce nouveau modèle économique qui tient compte de la capacité de la Terre à fournir les ressources, qui permet d’accroître le PIB et de créer des emplois locaux tout en réduisant significativement les émissions de gaz à effet de serre. » Même chose pour Marc Olivier, qui précise « qu’en plus de ce coup de pouce à l’environnement, l’économie circulaire pourrait également créer des emplois, réduire les coûts de production d’une entreprise ou encore offrir de nouveaux services aux citoyens. »

À la lumière des nombreux avantages que présente ce nouveau modèle d’affaires, on peut se demander pourquoi une mise en place de celui-ci, à grande échelle, n’a pas encore été faite. Différents obstacles expliquent ce changement qui tarde toujours. D’abord, il est parfois difficile de séparer la décroissance, une idée qui en effraie plus d’un, de l’économie circulaire, deux concepts pourtant bien différents : « L’économie circulaire ne dépend pas du concept de décroissance, c’est plutôt une meilleure utilisation des ressources », explique Marc Olivier.

Le chargé de cours souligne que le plus gros obstacle à l’économie circulaire reste la difficulté à convaincre les gouvernements de son efficacité, à en faire voir les avantages. Selon Hélène Gervais, la vision à court terme, trop souvent prédominante, nuit à l’économie circulaire, laquelle demande d’adopter une vision sur le long terme. Même chose pour la résistance aux changements, changements qui viendraient modifier certaines pratiques courantes.

L’impact sur le citoyen

Bien que les avantages de l’économie circulaire soient assez clairs, il en est autrement pour ce qu’elle changerait dans le quotidien des gens. Chamboulerait-elle nos habitudes? Marc Olivier ne le croit pas :

Le chargé de cours Marc Olivier
Le chargé de cours Marc Olivier
Photo : UdeS

 Ce qui est bien avec l’économie circulaire, pour son acceptation en société, c’est qu’elle peut se faire auprès de citoyennes et citoyens qui continuent à fonctionner comme consommatrices et consommateurs, mais en offrant de meilleures possibilités de consommation.

Les deux chargés de cours pensent que la population va modifier sa façon de consommer. La société devra mettre en place de nouveaux choix de consommation, comme plusieurs centres de réparation, des points de service de réemploi, des services de mutualisation, pour que des possibilités supplémentaires fassent leur apparition, afin de réduire la pression sur les ressources.

Il est essentiel que la population, tout comme les entreprises, les organismes et les municipalités, démontrent un intérêt aux changements et qu’ils participent au processus pour que les gouvernements agissent de plus en plus dans le sens de l’économie circulaire. Tous doivent accepter, peu à peu, certaines pratiques différentes de ce qu’ils connaissent, et c’est ce que permet de faire l’économie circulaire : modifier certaines habitudes sans les changer complètement.

L’économie circulaire est un sujet brûlant qui a de plus en plus de visibilité, autant en entrepreneuriat qu’en environnement, en politique ou en gestion. L’événement Rendez-vous de l’économie circulaire : agir pour transformer, organisé par l’Université de Sherbrooke les 9 et 10 mai 2019, traitera justement du sujet. Axé sur la participation et le passage à l’action, ce colloque souhaite valoriser les échanges, présenter des exemples et partager des stratégies. Vous avez jusqu’au 30 avril 2019 pour vous inscrire et participer aux changements!


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