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Projets de recherche en environnement

Incursion au cœur de l’interdisciplinarité

Sarah Dubord-Fortin (au centre), accompagnée de Carole Beaulieu et d'Alain Létourneau, sa directrice et son directeur de recherche.
Sarah Dubord-Fortin (au centre), accompagnée de Carole Beaulieu et d'Alain Létourneau, sa directrice et son directeur de recherche.
Photo : UdeS

Le partage comporte plusieurs vertus quand il est question des défis environnementaux. Le covoiturage et le transport collectif en sont de bons exemples. Le milieu de la recherche ne fait pas exception. Le partage des savoirs issus de différentes disciplines est une condition essentielle à la compréhension des enjeux environnementaux actuels. L’interdisciplinarité, tout en étant souhaitable, pose certains défis, comme en témoignent ces projets de recherche étudiants encadrés par le Centre universitaire de formation en environnement et développement durable (CUFE) de l’UdeS.

Sarah Dubord-Fortin, étudiante au CUFE, explique que « l’interdisciplinarité est instaurée dès la problématique et à travers les questions générales ». Il ne s’agit donc pas seulement d’ajouter quelques théories, mais bien d’inclure plusieurs disciplines dans tous les aspects de la recherche.

C’est le sujet général du projet qui influence le choix des domaines qui y sont impliqués. Parfois, certaines disciplines s’agencent naturellement, mais d’autres fois, une réflexion est nécessaire. Cela a d’ailleurs été le cas pour Caroline Thivierge et Sarah Dubord-Fortin, qui sont parvenues à faire des liens surprenants entre leur thème principal, le climat, et d’autres disciplines.

Philosophie, éthique et génie pour faire face aux inondations

Photo : Fournie

Lors de catastrophes naturelles telles qu’une inondation, les répercussions s’observent sur plusieurs plans ; elles peuvent être humaines, structurelles, économiques ou environnementales. Puisqu’elle voulait tenir compte de tous ces aspects, Caroline Thivierge, diplômée à la maîtrise en environnement, s’est tournée vers deux personnes de disciplines différentes pour diriger son projet de recherche : le professeur Alain Létourneau, du Département de philosophie et d’éthique appliquée, et la professeure Mélanie Trudel, du Département de génie civil et de génie du bâtiment.

« Il est difficile d’aborder la question de l’adaptation face aux inondations sans adopter une approche interdisciplinaire, reconnaît Caroline. C’est une approche qui assure une meilleure compréhension du phénomène et des impacts sur les différents aspects d’une communauté. » Ainsi, afin de pouvoir examiner tous les versants du problème, l’étudiante a uni les domaines de l’environnement, de l’éthique de la gouvernance et du génie pour la guider dans sa recherche.

Pour réussir à bien intégrer les différentes disciplines à son projet, Caroline a positionné la question de la gouvernance au centre de sa problématique : « C’est à travers cette lunette que j’ai abordé les différents enjeux, explique-t-elle. L’encadrement du professeur Létourneau m’a permis de bien cadrer la problématique de recherche et de définir une méthodologie inspirée des sciences sociales favorisant les échanges entre les acteurs de la gouvernance. L’aide de la professeure Trudel, quant à elle, m’a permis de mieux saisir les enjeux relatifs à la gestion des barrages au Québec, mais aussi à mieux comprendre les différences dans les approches méthodologiques de cartographie des zones inondables. »

Le professeur Létourneau abonde dans le même sens. Pour lui, l’apport de chacune et chacun est pluriel :

Les questions environnementales sont difficiles et complexes. La codirection assure du moins que des savoirs, attitudes et compétences variées, mobilisés par deux personnes, sont mis à profit pour aider les étudiantes et étudiants dans leur recherche menant au mémoire.

Professeur Alain Létourneau

Ainsi, bien que la mise en commun des disciplines demande du doigté, elle apporte une vision immensément riche.

La biophysique et les sciences humaines en renfort au secteur agricole

Photo : Fournie

Sarah Dubord-Fortin a, elle aussi, allié sciences naturelles et sciences humaines dans son projet de recherche portant sur les effets des changements climatiques sur l’agriculture. En effet, en plus des sciences du climat, elle a intégré les disciplines du monde agricole, les sciences de l’environnement, la biologie, la philosophie des interactions de gouvernance ainsi que l’éthique de l’adaptation.

Tout comme Caroline Thivierge, l’un de ses directeurs de recherche est le professeur Alain Létourneau, cette fois-ci accompagné de Carole Beaulieu, professeure spécialisée en biologie et doyenne de la Faculté des sciences. Elle s’est associée à des spécialistes de domaines différents, car son sujet comporte deux aspects qui, d’un point de vue disciplinaire, semblent opposés.

À mon sens, on ne peut pas parler des changements climatiques sans accorder de l’importance aux acteurs qui occupent le territoire sous l’influence de ces changements.

Sarah Dubord-Fortin

De plus, Sarah explique qu’« Alain Létourneau et Carole Beaulieu ont déjà travaillé ensemble sur d’autres projets interdisciplinaires, cette équipe de codirection est donc toute désignée pour chapeauter de tels projets ». Autrement dit, ils connaissent les obstacles potentiels pouvant se présenter lors de recherches interdisciplinaires et savent comment les surmonter.

Par exemple, la professeure Beaulieu compare cette expérience à une rencontre interculturelle qui « demande de l’ouverture d’esprit et peut stimuler l’innovation ». Elle considère que l’un des défis pour les étudiantes et étudiants qui se lancent dans ce type de recherche est d’apprendre à parler plusieurs langues. Par ailleurs, de son côté, le professeur Létourneau affirme qu’il est important d’être à l’écoute tout au long du processus et de prendre le temps de bien expliciter les différents concepts.

Pour la recherche universitaire, c’est un plus, car les questions de l’heure peuvent être abordées sous plusieurs angles foncièrement différents. Il est intéressant de voir comment un philosophe perçoit l’univers de la biologie dans lequel je baigne depuis longtemps et de constater que ses réflexions peuvent m’aider dans ma recherche, mais surtout dans mon enseignement.

Professeure Carole Beaulieu

Même si l’exercice s’est avéré exigeant, Sarah estime que la rencontre des différentes expertises a eu un réel impact positif sur ses travaux de recherche. Elle lui a permis de bien comprendre le phénomène traité et de bonifier sa démarche.

Ainsi, bien que l’interdisciplinarité ne soit pas la voie la plus facile en recherche, l’apport des autres disciplines est indéniable, surtout en environnement : « l’interdisciplinarité dans le domaine des changements climatiques augmente les chances que les stratégies d’adaptation proposées soient mises en œuvre par les communautés », nous rappelle la professeure Trudel.

Au cœur de l’interdisciplinarité : les études en environnement
Le Centre universitaire de formation en environnement et développement durable (CUFE) offre des programmes de 1er, 2e et 3e cycles sur une variété de thèmes liés à la gestion de l’environnement.
Le CUFE est un espace où l’interdisciplinarité se déploie de plusieurs façons, notamment à travers la clinique en environnement, les projets intégrateurs et les études de cas réalisés en collaboration avec des entreprises et organisations de nos communautés.
La collaboration du CUFE est également sollicitée par d’autres groupes qui reconnaissent son expertise en environnement que ce soit à l’interne avec la Faculté de médecine et des sciences de la santé (FMSS) ou à l’externe avec le Carrefour de solidarité internationale ou encore avec des institutions d’enseignement situées en Afrique.


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