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Le cours qui a changé mon regard sur le monde

Quand les rectifications orthographiques deviennent une passion contagieuse

Éric Côté, étudiant en traduction professionnelle.
Éric Côté, étudiant en traduction professionnelle.
Photo : Michel Caron - UdeS

Faisant fi de certains a priori, Éric Côté se laisse convaincre par une amie d’ajouter un cours de linguistique à son horaire d’été. L’étudiant en traduction professionnelle est alors loin de se douter que le contenu d’Enjeux sociaux de l’orthographe, porté par la passion contagieuse d’une chargée de cours, l’amènera à devenir un fervent défenseur des… rectifications orthographiques!

Pour plusieurs, un cours traitant de la complexité et des rectifications de l’orthographe pourrait de prime abord paraître lourd, voire rebutant. C’est d’ailleurs ce qui avait fait hésiter Éric, qui n’avait pas d’intérêt particulier pour la linguistique. Et encore moins pour les nénufars, cèleris et autres ognons de la nouvelle orthographe adoptée en 1990!

L’effet des autrices et des nénufars

Ça, c’était avant de connaître un véritable coup de cœur pour l’histoire de la langue française et ses enjeux fascinants, par l’entremise d’un cours… à option! Il explique, en guise d’exemple, que c’est en prenant la pleine mesure de ce qui a mené à la suppression du nom « autrice » au XVIIe siècle qu’il s’est mis à défendre bec et ongles la réhabilitation du terme :

Quand le cardinal de Richelieu a fondé l’Académie française, il a ordonné l’éradication de tous les noms de professions féminines qui nécessitaient un cerveau. On pouvait garder les "actrices", parce qu’elles utilisaient leur corps plus que leur tête, mais pas les "autrices". Exit aussi les poétesses, doctoresses et autres philosophesses. Bref, les femmes savantes ne pouvaient pas exister.

Le fait d’en apprendre davantage sur l’histoire des mots a complètement changé sa vision de la langue française et a même fait tomber certains préjugés par rapport aux rectifications orthographiques. Au premier chef, notons la simplification graphique du terme « nénuphar » au profit du plus largement décrié « nénufar ».

C’est incroyable, parce que “nénufar” s’écrivait avec un “f” jusqu’en 1935! Un Académicien croyait alors à tort que le mot venait du grec, d’où l’ajout du “ph”, alors que l’origine du mot était arabe, et c’était tout à fait normal qu’il s’écrive avec un “f”, explique l'étudiant. L’erreur a simplement été corrigée avec les rectifications.

L’effet de l’approche Mireille Elchacar

Si toutes ces notions historico et sociolinguistiques le captivent et lui permettent d’ouvrir ses horizons, c’est véritablement l’approche de la chargée de cours responsable d’Enjeux sociaux de l’orthographe qui contribue à rendre le tout encore plus passionnant.

Mireille Elchacar enseigne au Département des arts, langues et littératures de la Faculté des lettres et sciences humaines.
Mireille Elchacar enseigne au Département des arts, langues et littératures de la Faculté des lettres et sciences humaines.
Photo : Michel Caron - UdeS

Enseignante au Département des arts, langues et littératures de la Faculté des lettres et sciences humaines, Mireille Elchacar se démarque, aux dires d’une majorité d’étudiantes et étudiants, par son énergie et sa passion à transmettre les savoirs. « Tu vas voir, cette prof est géniale! », avait indiqué l’amie d’Éric au moment de s’inscrire au cours, ce qui avait eu tôt fait de piquer sa curiosité.

C’est une passionnée de la langue, et c’est contagieux! Toute cette matière aurait pu être lourde, mais tout vient de sa vivacité et de sa passion; elle a le tour de favoriser la discussion!

Éric Côté

Les interactions et les échanges en classe font partie intégrante des méthodes pédagogiques utilisées pour aborder le contenu d’Enjeux sociaux de l’orthographe. À l’enseignement magistral – jamais ennuyant et ponctué d’anecdotes et d’histoires intéressantes – s’ajoutent des lectures à la maison qui orientent les prochaines discussions, et des exposés tant formels qu’informels sur des questions liées à des problématiques entourant la langue et l’orthographe.

On ne se sent jamais jugé quand on fait un commentaire, poursuit l'étudiant en traduction professionnelle. Ça nous incite à aller plus loin pour creuser les enjeux, et c’est vraiment un climat agréable.

Il va sans dire qu’Éric Côté recommande vivement à quiconque soit intéressé – ou pas! – de choisir ce cours optionnel qui, par des approches d’apprentissage conviviales et stimulantes, lui a littéralement ouvert de nouvelles perspectives et un intérêt marqué quant aux difficultés de la langue française.

À propos de la série Le cours qui a changé mon regard sur le monde 
Cet article constitue le deuxième d'une série destinée à mettre en valeur l'enseignement innovant et l'apprentissage pratique à l'UdeS. Reconnue pour l’originalité de ses programmes, l’institution s’engage avec ses communautés à former des personnes citoyennes responsables qui changent le monde. Comment cette vision prend-elle racine concrètement dans les cours et activités pédagogiques qui sont particulièrement significatifs pour les étudiantes et étudiants et le personnel enseignant ou autre qui les entourent? C’est ce que décrypteront les productions diffusées dans le cadre de cette série.

Vous avez aussi suivi un cours qui a changé votre regard sur le monde? Faites-nous part de votre histoire, et elle pourrait peut-être faire partie de la série!


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