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La recherche en musique

Donner vie au chant choral

Le professeur titulaire Robert Ingari a reçu le Prix de la recherche et création en mai 2018 pour la qualité, l’originalité et l’innovation de ses recherches en musique
Le professeur titulaire Robert Ingari a reçu le Prix de la recherche et création en mai 2018 pour la qualité, l’originalité et l’innovation de ses recherches en musique
Photo : Michel Caron

Chant a capella dans la nouvelle salle de récital de l’École de musique. Coup d’archet dans un local au 2e étage. Quelques notes de contrebasse qui résonnent dans les corridors. Avec la rentrée, l’École de musique bourdonne d’activités. Mais bien que les étudiantes et les étudiants commencent peu à peu à intégrer leur classe après la période estivale, certains professeurs n’ont pas quitté leur bureau bien souvent au courant de l’été.

C’est le cas du professeur en chant choral Robert Ingari qui a consacré une partie de l’été à travailler sur divers projets, dont son projet de recherche en création musicale. Mais comment fait-on de la recherche en musique?

La création au cœur de la recherche

Les recherches universitaires riment souvent avec publication d’articles scientifiques ou étalement de résultats probants. Le but est toujours de faire avancer le domaine dans lequel on travail. En musique, il est aussi possible d’éplucher les répertoires, faire une collecte de données, une analyse et finalement produire une publication scientifique. Mais pour le professeur Ingari, la recherche se traduit plutôt par la création pure et dure.

« J’aime la nouveauté. C’est bien d’étudier les grandes œuvres et de reprendre des grands compositeurs, mais la création de nouvelles œuvres afin d’enrichir le répertoire de la musique, c’est encore plus exaltant! »

Le travail de recherche en création est tout aussi important et bénéfique dans le domaine. Les créations de cet expert en chant choral viennent ainsi bonifier et explorer des facettes de la musique jusqu’à maintenant encore peu exploitées afin de faire avancer cet art. De même qu’en science on souhaite sans cesse repousser les limites, il devient primordial pour ce chercheur en musique d’aller plus loin.

Un outil de recherche vivant

Pour mener à bien ses recherches, le professeur de chant choral s’est inspiré du compositeur britannique John Rutter. Ce dernier a mis sur pied, il y a plus de 30 ans, le chœur Cambridge Singers qui existe principalement en tant qu'outil de diffusion de ses compositions. Ce chœur est devenu l’instrument du compositeur et par le fait même, un outil de recherche incomparable. Dans le cas du professeur Ingari, c’est le Chœur de chambre du Québec (CCQ) qui remplit ce rôle.

Le Chœur de chambre du Québec interprète plusieurs compositions dans le cadre des travaux de recherche du professeur Ingari.
Le Chœur de chambre du Québec interprète plusieurs compositions dans le cadre des travaux de recherche du professeur Ingari.
Photo : Fournie

« J’ai créé le chœur en 2011 et c’est devenu mon projet principal de recherche en création. C’est le véhicule pour mes œuvres : je compose et je fais créer les œuvres par le chœur. Cela devient une plateforme de test et d’expérimentation pour mes compositions. C’est bien de les imaginer et les créer, mais pour les besoins de la recherche, il faut les mettre en pratique et les faire vivre. »

Avec cet outil unique, le compositeur agréé du Centre de musique canadienne se penche sur la langue française comme principal objectif de recherche. Pour ce musicien d’origine anglophone, étudier ce qui distingue la langue française en chant choral est rapidement devenu une fixation. À travers ses diverses compositions, le professeur cherche à évoquer quelque chose avec la langue à partir de sa compréhension de celle-ci. Le but est de continuer à explorer afin de créer un répertoire de musique contemporaine pour chœur jusqu’à lors peu exploité au Québec et qui reflétera la richesse musicale unique de la province.

« Il y a une écriture musicale traditionnelle européenne française qui distingue la musique française du 19e et 20e siècle de la musique allemande ou anglaise. Il y a une fluidité de la langue et une couleur à la musique inspirée par la langue et la culture francophone. Le français québécois possède ses propres textures et il faut les découvrir et les mettre de l’avant. »

Mais composer en français ne se limite pas qu'à cela. La langue chantée affecte également le son du chœur. Comme ce son provient du chant et non de la musique en soi, le compositeur de l’École de musique cherche des voix qui concordent avec cette fluidité de la langue française qu’il dirige en conséquence. Le travail de recherche pratique comme celui-ci est donc très englobant : tous les éléments de la musique doivent être pris en considération.

Pour ce chercheur, cela reste un plaisir émotionnel et intellectuel que de créer et de faire chanter ce qui n’a jamais été chanté. Non seulement pour le compositeur, mais aussi pour les interprètes. Créer, chercher, développer et promouvoir de jeunes compositeurs sont les raisons d’être du Chœur de chambre du Québec et par le fait même de la recherche en musique.


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