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Prix Tremplin en recherche et en création – Sciences humaines et sociales

Geneviève Dufour : une professeure engagée dans un droit international plus solidaire

Férue de droit international économique et de droit international public, la professeure Geneviève Dufour est de la trempe des passionnés. Entre des missions internationales en Afrique et en Asie, elle enseigne, fait de la recherche, encadre des étudiantes et étudiants aux cycles supérieurs, offre son expertise et ses conseils juridiques à moult organisations et entreprises, en plus d’apprendre le mandarin. Elle occupe en outre deux postes majeurs dans son domaine en assurant la présidence de la Société québécoise de droit international et celle du Réseau francophone de droit international. Qui plus est, elle codirige le programme de maîtrise en droit, cheminement en droit international et politique internationale appliqués, dont elle est la cofondatrice. Portrait de cette touche-à-tout un brin hyperactive et pleine de rigueur, récipiendaire d’un prix Tremplin en recherche et en création 2018.

Geneviève Dufour, professeure à la Faculté de droit de l'UdeS
Geneviève Dufour, professeure à la Faculté de droit de l'UdeS
Photo : UdeS

L’intérêt de la professeure Dufour pour le droit international se manifeste lors de ses études au baccalauréat. Rapidement, elle en devient passionnée, et ce domaine deviendra son créneau. Cette branche du droit, qui comprend des considérations politiques et stratégiques très importantes, présente un degré de complexité qui la stimule.

Si au départ elle travaillait principalement en droit humanitaire et en droit pénal international, elle se consacre maintenant surtout au droit international économique. Elle tente de rendre ce droit plus humain, afin que les accords de libre-échange n’empêchent pas un meilleur respect des droits des travailleurs, des minorités et des normes environnementales.

J’ai changé en ayant mes enfants. Je n’étais plus capable d’être confrontée aux horreurs des génocides, des violences en série. C’était trop difficile.

Un intérêt pour la Chine et le Bénin

Le droit international amène également à se déplacer à l’étranger, ce qui plaît particulièrement à la jeune professeure. Celle qui a voyagé beaucoup en Asie dans le cadre de ses fonctions – Bali, Vietnam, Cambodge, Japon, Pékin, Hong Kong –, jugeait important d’apprendre les rudiments du mandarin, pour tisser des liens plus significatifs avec les gens qu’elle rencontre. « Juste le fait de dire quelques mots en mandarin, ça fait toute la différence », soutient-elle.

Ses déplacements en Chine lui ont par ailleurs permis de constater, à son grand étonnement, que l’empire du Milieu se démarquait considérablement par ses avancées environnementales et technologiques.

On ne s’est peut-être pas rendu compte à quel point on est déjà dépassé par la Chine. C’est fou à quel point, à certains égards, elle est en avance sur nous; je l’ignorais. Dans le temps de le dire, ils ont développé un incroyable système de transport en commun. Ils ont pris des mesures drastiques que seuls les pays autoritaires peuvent prendre.

Elle se rend aussi régulièrement en Afrique, un continent qu’elle affectionne, où elle a participé à l’obtention d’une chaire de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) au Bénin. Elle conseille également de manière bénévole le gouvernement béninois, afin de le soutenir dans ses négociations commerciales multilatérales à l’OMC. Elle poursuit par ailleurs un important travail de recherche pour le compte de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) visant à mieux insérer des normes progressives dans les traités bilatéraux d’investissement en Afrique.

Créer la « maîtrise de ses rêves »

Geneviève Dufour est récipiendaire du prix Tremplin en recherche et en création 2018 - Sciences humaines et sociales
Geneviève Dufour est récipiendaire du prix Tremplin en recherche et en création 2018 - Sciences humaines et sociales
Photo : Michel Caron - UdeS

Si rien ne prédestinait la professeure Dufour à une carrière professorale à Sherbrooke, son embauche à l’UdeS a été déterminante dans son parcours professionnel. Ayant fait ses études à Montréal et à Paris, celle qui ne connaissait pas l’Estrie a sauté à pieds joints dans l’aventure lorsqu’un poste s’est présenté à la Faculté de droit.

Je suis fière d’appartenir à l’UdeS et à la Faculté de droit. C’est une université innovante, tellement dynamique! En plus de travailler à la Faculté de droit que j’adore, je collabore avec l’École de politique appliquée, avec l’École de gestion. C’est une université qui décloisonne, qui sait se renouveler, bien faire.

En 2011, elle se voit confier la création d’un cheminement de maîtrise novateur en droit international qui s’avère sans conteste l’un des moments les plus marquants de sa carrière. Avec les professeurs Pierre Binette et David Morin de l’École de politique appliquée, elle met sur pied un innovant cheminement en droit international et politique internationale appliqués (DIPIA), commun à la maîtrise en droit et à celle en études politiques appliquées. Avec son approche entièrement appliquée – voire clinique –, cette formation bidisciplinaire se distingue par la présence de deux enseignants dans la majorité des activités pédagogiques offertes, l’un provenant de la sphère du droit, l’autre de la science politique.

À l’époque, le professeur Lebel-Grenier, alors vice-doyen à la recherche et aux études supérieures, m’a demandé de créer une maîtrise en droit international, une maîtrise que je considérerais être la maîtrise de mes rêves!

Elle est très fière du succès de cette formation unique, qui prépare très bien les étudiantes et étudiants à œuvrer sur le terrain. Le taux de placement est d’ailleurs excellent.

Si la gestion et l’enseignement d’un tel programme se révèlent certes exigeants, le fait de travailler avec des enseignants engagés et passionnés, qui relèvent le défi de l’interdisciplinarité et de l’enseignement en tandem, est vivifiant pour la professeure. Le travail réalisé par l’équipe du DIPIA s’est de surcroît vu souligner en 2017, lors de la cérémonie annuelle de la qualité de l’enseignement, par l’attribution d’un prix facultaire reconnaissant l’excellence de leur contribution à l’enseignement universitaire.

La professeure Dufour apprécie grandement le contact avec les étudiants
La professeure Dufour apprécie grandement le contact avec les étudiants
Photo : Michel Caron - UdeS

L’autonomie en recherche, la grande diversité de ses activités et le contact avec les étudiants figurent parmi les aspects de la carrière professorale que Geneviève Dufour apprécie le plus.

Dans une journée, je peux soit donner un cours, encadrer un étudiant aux études supérieures, rencontrer mes étudiants de la clinique juridique que j’ai cofondée, participer à un CA, discuter avec une ONG ou une entreprise qui a besoin de conseils juridiques, parler à des journalistes, rédiger un article scientifique, développer des stages pour mes étudiants, organiser un colloque, prendre le temps de lire ou travailler sur mes recherches. Je ne m’ennuie jamais! Aucun jour ne se ressemble.

Cette grande variété occasionne immanquablement une charge de travail considérable pour la professeure, qui refuse rarement de s’engager dans un nouveau projet. Pour cette passionnée, il est important de rester ouvert aux défis qui se présentent, puisque l’on ne sait jamais où cela peut nous mener. Elle tire profit de cette gestion du flot constant, qui lui permet même de mieux travailler, et de manière encore plus efficace.

Le prix Tremplin en recherche et en création est remis chaque année à des membres du corps professoral qui apportent une contribution exceptionnelle à la recherche et à la création à l’Université de Sherbrooke. Ces personnes sont reconnues pour leur intégrité et leur adhésion aux valeurs de notre institution. Ce prix vise à soutenir les professeures et professeurs en début de carrière afin qu’ils puissent repousser les frontières de la recherche et de la création dans un large éventail de disciplines.


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