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Soutenance de thèse de Mme Limoilou-Amélie Renaud « Influence de la variabilité environnementale sur les traits maternels d'un grand mammifère, le mouflon d'Amérique »

Date :
Cet événement est passé.
Type :
Soutenance de thèse
Lieu :
D7-2021 - Faculté des sciences

Description :

Composition du jury :

  • Fanie Pelletier, Directrice de recherche, Professeure à l’Université de Sherbrooke, département de biologie.
  • Marco Festa-Bianchet, Codirecteur de recherche, Professeur à l’Université de Sherbrooke, département de biologie.
  • Dany Garant, Président-rapporteur, Professeur à l’Université de Sherbrooke, département de biologie.
  • Mark Vellend, Évaluateur interne, Professeur à l’Université de Sherbrooke, département de biologie.
  • Iulia Badescu, Évaluatrice externe, Université de Montréal, département d’anthropologie
Résumé du projet :

Dans un contexte de changements climatiques, l’environnement varie et les organismes doivent ajuster leur cycle de reproduction pour qu’il soit toujours optimal. Une façon de s’ajuster est par la plasticité phénotypique (l’autre étant par la microévolution ou encore la migration) ; elle est définie par l’expression de plusieurs phénotypes par un seul individu. Un exemple classique est celui des oiseaux qui devancent leur date de ponte avec l’augmentation des températures au printemps. En perturbant les séquences d’évènements biologiques, c’est-à-dire les phénologies, à plusieurs niveaux trophiques, les changements climatiques affectent aussi les traits liés au développement des jeunes, par exemple la survie néonatale ou encore, la lactation. Ceci est particulièrement vrai chez les herbivores qui dépendent en grande partie de la phénologie de la végétation.

L’objectif principal de ma thèse était de clarifier les liens entre les traits liés à la reproduction et la variabilité environnementale, en analysant les dates de mise-bas, la survie néonatale et la composition du lait. Pour ce faire, j’ai utilisé le mouflon d'Amérique (Ovis canadensis) comme modèle d'étude. La population de Ram Mountain, Alberta, Canada, est suivie individuellement depuis plus de 40 ans et les traits d’histoire de vie sont connus pour la grande majorité des individus. J’ai confirmé que le devancement des dates de naissance des agneaux était exprimé par plasticité phénotypique tant à l’échelle de la population que de l’individu. J’ai ensuite montré que la composition du lait était faiblement modulée par les mères et plutôt sous l’influence directe des variations interannuelles de l’environnement, sans toutefois conclure si cette réponse était plastique ou non. J’ai détecté peu d’influence de la composition du lait sur les probabilités de sevrer un agneau à la fin de l’été. Finalement, à l’aide de données de phénologie extraites d’images satellitaires, j’ai montré que de longues périodes de disponibilité de la végétation améliorent la survie néonatale et augmentent la concentration en gras et minéraux du lait. Une forte prédation en été diminue toutefois la survie néonatale au printemps suivant. Bien que la composition du lait change avec la phénologie de la végétation, je ne détecte qu’un faible effet de la composition du lait sur la masse au sevrage et aucun effet, direct ou indirect, sur la survie à un an des agneaux.

En résumé, les résultats de ma thèse suggèrent que la variabilité environnementale influence l’histoire de vie du mouflon à différents stades de son développement. Les changements phénologiques peuvent donc avoir des impacts au niveau du recrutement en influençant la qualité des soins maternels fournis à la progéniture. Mes recherches permettent de mieux comprendre le potentiel d’ajustement des espèces face aux changements d’origines anthropiques, dont les plus médiatisés sont certainement les changements climatiques. Mes travaux soulignent aussi l’importance des suivis individuels de populations d’animaux sauvages, sans lesquels les études en écologie évolutive seraient impossibles.