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À la recherche d’une espèce polymorphe ou : comment cerner le(s) standard(s) du français au Québec et en France?

Date :
Cet événement est passé.
Type :
Conférences et séminaires
Lieu :
A8-249, Campus principal, Université de Sherbrooke

Description : Conférence du professeur Bernhard Pöll, Université de Salzbourg, Autriche

En plus des fonctions qu’elle est supposée assumer, notamment servir à la communication supra-régionale et transmettre des contenus qu’un dialecte ou qu’une variété vernaculaire ne saurait véhiculer, une variété standard a aussi un fort potentiel unificateur et séparateur qui est à la base d’un sentiment de loyauté et de fierté, tant pour l’individu parlant que pour la communauté linguistique tout entière. Ce constat vaut aussi pour les communautés parlantes caractérisées par des tensions entre le centre et la périphérie en matière de normes linguistiques : en effet, la situation s’y dédouble, et il arrive que la fonction séparatrice soit mise au premier plan dans des projets d’aménagement linguistique, comme on a pu le voir dans l’histoire récente du Québec, avec l’aventure des « francismes » dans laquelle se sont lancés les auteurs du « Dictionnaire du français Plus » (1988) et du « Dictionnaire québécois d’aujourd’hui » (1992). Or, l’objectif de cette communication n’est pas de retracer l’histoire – bien connue d’ailleurs – des conflits entre les défenseurs du « français international » et les tenants d’un « français standard d’ici », mais d’aborder la problématique même de la définition d’une variété standard. Nous espérons montrer entre autres que c’est moins la fonction séparatrice qui doit être au centre de notre intérêt (en tant que linguistes et observateurs impartiaux), mais plutôt la question de savoir ce qui unit les locuteurs et comment ils négocient et gèrent l’ensemble des formes (sons, mots, expressions, ...) susceptibles de faire partie de la langue standard. Du point de vue méthodologique, cette approche part du présupposé qu’une variété standard ne se définit pas au préalable, c’est-à-dire uniquement comme le reflet fidèle des normes consignées dans les ouvrages de référence. Elle implique une analyse de l’usage du français observable dans des situations qui amènent les locuteurs à surveiller leur façon de parler et révélera, croyons-nous, que la situation du « français standard québécois » n’est pas foncièrement différente de celle du « français standard hexagonal », notamment en ce qui concerne la variété parlée, le standard parlé échappant toujours (et inévitablement) à une codification exhaustive à l’instar de celle de la langue écrite.

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Présentation de l'événement (78.84 ko)