Sommets Vol. XVII N^o 3 - Automne 2004

Quand l'image vaut mille mots

par Catherine Labrecque

Il suffit de jeter un coup d'œil dans les locaux de Corporation Image Entertainment pour saisir l'atmosphère de la production télévisuelle et cinématographique. Les murs autour des concepteurs portent l'empreinte des idées retenues et abandonnées, des scénarimages bien ficelés et numérotés remplissent les bibliothèques, des tables à dessin voient naître des images d'animation. Il suffit d'en jeter un second pour voir les symboles de pollution sur plusieurs croquis et saisir l'objectif du président fondateur de l'entreprise, Sylvain Viau. À travers l'humour et les technologies d'animation, il veut sensibiliser les gens à l'environnement.

C'est celui-là même qui, étudiant en gestion de l'information et des systèmes de 1986 à 1988, prenait plaisir à incarner des personnages à TV-FAUS, la télévision diffusée sur le campus. «Je passais plus de 20 heures par semaine à participer à la réalisation d'émissions, comme des bulletins de nouvelles et des capsules humoristiques. J'incarnais entre autres le personnage de Jean Bond, le pendant québécois du célèbre James Bond!» se souvient-il. C'était son premier contact avec la production télévisuelle. Il a eu le coup de foudre.

Quelques années plus tard, avec Marcel-Romain Thériault, Sylvain Viau s'inspirait de la thématique environnementale pour produire un court métrage racontant l'histoire de Monsieur Écolo, qu'il incarnait lui-même. Voyant quelqu'un dessiner des graffitis sur un bâtiment, Monsieur Écolo lui demande d'arrêter. Pour réparer les dégâts, il efface les graffitis avec du correcteur liquide. La police, passant par là, croit qu'il est l'auteur de l'œuvre et lui donne une contravention. Constatant le succès de Monsieur Écolo auprès du public, Sylvain Viau n'a pas voulu laisser son personnage mourir.

Walter, le superhéros muet

Monsieur Écolo et le comédien Sylvain Viau ont fait du chemin ces dernières années. De l'étudiant qui découvrait une passion dans la production télévisuelle, Sylvain Viau est devenu un homme d'affaires aguerri. Toujours, il a voulu combiner facétieusement création et gestion. Monsieur Écolo est quant à lui devenu le personnage d'animation Walter. «Je me suis consacré à la création d'idées de scénarios après avoir effectué des heures de recherche», indique Sylvain Viau en pointant une bibliothèque où s'accumulent des classeurs à anneaux nommés recherches sur l'air, l'eau, la terre et les comportements humains, qui témoignent du travail accompli. Le résultat est fameux : 65 scénarios pour autant d'épisodes de 5 minutes mettant en vedette le personnage de Walter.

«En 2000, j'ai commencé à me promener avec mon petit sac et mon projet, avec l'objectif de trouver cinq à six millions de dollars pour commencer la production de la série d'animation 2D Walter. J'étais convaincu que ça allait marcher», se souvient-il. Et il avait raison. Trois à quatre ans plus tard, Sylvain Viau reçoit ses dernières subventions qui lui permettent de constituer son équipe d'une vingtaine d'employés. La production va bon train, et Walter deviendra assurément le prochain héros à envahir les ondes télévisuelles aux quatre coins du globe. En effet, la série d'animation vise tous les pays, car elle ne comporte aucun dialogue.

Walter est un personnage burlesque, impulsif, déterminé et naïf. À première vue, il n'a rien d'un superhéros. Mine de rien, Walter est animé d'une grande ambition : éliminer toutes les sources de pollution et corriger les comportements nuisibles pour l'environnement. Pour résoudre les problèmes, Walter fait preuve d'une imagination qui ne cesse d'étonner. Ses solutions sont ingénieuses, efficaces et souvent inattendues. Accompagné de son fidèle compagnon Tandoori, Walter intervient là où le conduit son chemin, c'est-à-dire partout sur la planète.

Diffusé à travers le monde

La série vise le grand public. «Walter peut intéresser les jeunes grâce à ses mimiques et les plus vieux grâce aux solutions proposées. Je souhaite que les gens puissent retenir quelque chose de ces capsules. Les problèmes environnementaux deviennent de plus en plus graves. Beaucoup de pollution s'est accumulée dans les 50 dernières années. La protection de l'environnement est une cause qui me tient à cœur et je propose d'aider à conscientiser les gens en utilisant l'humour», formule le président de l'entreprise avant de résumer quelques épisodes. L'un d'eux raconte l'aventure de Walter et Tandoori qui naviguent en chaloupe. Alors qu'il voit un pétrolier couler, Walter décide de ramasser le pétrole à l'aide de ballons et les vend par la suite dans un garage. Un autre épisode amène Walter dans le nord du Québec, où une baleine échouée est la proie de chasseurs. Il la déguise en vache afin qu'elle passe inaperçue. Différents thèmes sont ainsi représentés dans le pays où cela se prête bien. La pollution visuelle est représentée dans un épisode se déroulant au Japon, et celle reliée à l'abondance d'animaux domestiques est illustrée dans un épisode ayant lieu à Paris.

Gérer une production évaluée à 5,3 millions de dollars amène Sylvain Viau jusqu'en Asie, où des sous-traitants ont la tâche d'effectuer l'animation. La série de 65 épisodes sera d'abord diffusée à TV5 à compter de l'automne 2005. La production de cette série a été rendue possible grâce entre autres à la Société de soutien aux projets d'imagerie numérique pour le cinéma, au Fonds Jeunesse Québec et à Développement économique Canada.

La série Walter s'inscrit dans un projet de trois productions. Corporation Image Entertainment a développé un projet de série hybride de 13 épisodes de 26 minutes pour la télévision combinant des personnages réels et 3D, qui porte sur l'environnement urbain. Le troisième volet prévoit la réalisation d'une version cinématographique, soit un long métrage de 105 minutes. «Nous avons pensé qu'un des personnages serait le plus vieil arbre de la planète, un pin de 4600 ans. Il parlerait de ce qu'il a vu, c'est-à-dire la destruction de la planète par l'homme. On verrait dans ce long métrage la planète perdre ses couleurs, devenir brunâtre», avance Sylvain Viau.

Avec le même enthousiasme qui l'animait à l'écran de la TV-FAUS, le président de Corporation Image Entertainment parle de projets cinématographiques. Il a la motivation tellement grande qu'il réussit presque à tout coup à concrétiser ses idées. Aussi audacieuses soient-elles.

Que faites-vous pour protéger votre environnement?

Je pense que l'on peut protéger l'environnement en accumulant les petits gestes écologiques davantage que si l'on n'en pose qu'un seul. Il faut être à l'écoute de son environnement et essayer de rétablir la situation par ses propres gestes.

S. Viau

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