TÊTE-À-TÊTE

Pour la plupart des gens, manger dehors signifie avaler rapidement un ou deux sandwichs et une canette de jus. Diplômée en éducation physique et spécialiste en nutrition, Odile Dumais préfère les choses plus raffinées et, surtout, plus nutritives. Grâce à elle, il est maintenant possible de s'offrir une bonne chaudrée nordique ou encore des pâtes à la romaine, même à 1000 milles de toute région habitée.

Couscous sur la banquise

par Marie-Josée Renaud et Bruno Levesque

Faire le portrait d'Odile Dumais et de son emploi du temps est une tâche ambitieuse. Autant essayer de la suivre en ski de fond ! Mordue de plein air et spécialiste en nutrition, elle a fait son gagne-pain de ses deux passions, ce qui l'amène à être en même temps organisatrice d'expéditions, enseignante, femme d'affaire, nutritionniste, cuisinière, auteure et athlète.

L'une des occupations d'Odile Dumais est de surveiller l'alimentation d'athlètes de haut niveau et de préparer la diète des aventuriers et des maniaques de plein air. Elle a préparé la nourriture pour de nombreuses expéditions internationales, autant pour des Européens que pour des Canadiens. Elle est aussi porte-parole pour une ligne de repas séchés à froid qu'elle a créée, Gourmet Plein Air, pour laquelle elle donne de nombreuses démonstrations. Pour cette aventure culinaire et diététique, la diplômée en éducation physique s'est associée avec l'ingénieur Serge Brault, vice-président exécutif chez Lyo-San inc., une entreprise spécialisée en lyophilisation des aliments. Les amateurs de plein air peuvent donc, depuis l'automne 1996, se procurer les plats conçus par Odile Dumais et partir à l'aventure avec, dans leurs bagages, une variété de cinq repas lyophilisés : couscous sultana, chili d'ici, chaudrée nordique, pâtes à la romaine ou riz méli-mélo. En plus de contenir toutes les valeurs nutritives nécessaires aux activités de plein air, ces mets sont faciles à transporter, vite préparés et succulents.

En plus de son travail de porte-parole de Gourmet Plein Air, Odile Dumais est chargée de cours à l'Université du Québec à Montréal. Elle met aussi la dernière main à un livre sur la gastronomie en plein air agrémenté d'histoires et d'anecdotes survenues en randonnée qui, l'espère-t-elle, sauront plaire aux gourmets sportifs.

Les joies de l'expédition

Parmi toutes les expéditions où elle a servi de guide, Odile Dumais se souvient d'une qui lui a particulièrement plu. En 1987, elle a accompagné un groupe de Français pour une expédition de 21 jours au Groenland. C'est là qu'elle a vu les plus gros icebergs de sa vie et qu'elle a vu pour la première fois ce qu'était le soleil de minuit. <<Ce qui est le plus beau au Groenland, ce sont toutes ces nuances de bleu et de blanc. C'est d'une telle beauté!, s'exclame-t-elle. C'est la nature à son état pur!>>

Dans ses moments de loisirs, pour ses vacances, pas question pour Odile Dumais de se prélasser sur une plage pendant trois semaines. Elle doit absolument bouger. Ainsi, lors de son dernier séjour dans le Sud, elle a loué une Jeep pour partir à la découverte de la jungle.

De toute façon, Odile Dumais préfère de loin la neige et le froid aux climats tropicaux. Lorsque vient le temps de se faire plaisir, elle participe à d'autres expéditions. Elle a déjà traversé le Québec d'est en ouest en ski de fond, une promenade de Gaspé à Hull qui a duré un mois. <<Nous étions 30 personnes, et nous parcourions entre 30 et 85 km par jour>>, explique la sportive. Odile Dumais aime les grands espaces et l'apaisement de l'esprit qu'ils procurent. Elle apprécie aussi le fait de se retrouver en groupe et d'avoir de belles discussions. <<Je considère que c'est une formation incomparable, dit-elle. Cela m'apporte une expérience que je ne pourrais obtenir autrement.>>

Odile Dumais mène sa vie de la même façon qu'elle mène ses expéditions. Dans un cas comme dans l'autre, le chemin parcouru pour atteindre un objectif est aussi intéressant que l'objectif lui-même. Même si elle ne s'est jamais cassé la tête à se demander ce qu'elle ferait dans la vie, la voilà avec mille et une occupations. Tout cela, comme elle le dit si bien, en laissant simplement le temps faire les choses.

Le passage d'Odile Dumais à l'Université de Sherbrooke

Dehors presque à plein temps

Odile Dumais a étudié à l'Université de Sherbrooke de 1972 à 1975, année où elle a terminé son baccalauréat en activité physique. C'est un peu grâce à sa soeur Jeanne-Mance, étudiante en physique, qui l'avait précédée d'un an dans cette université, que la jeune femme s'y est retrouvée. <<Mes parents n'étaient pas très rassurés de nous voir partir vers de grosses villes comme Montréal ou Québec, se souvient la diplômée en éducation physique. Ma soeur les avait convaincus de la tranquillité de Sherbrooke.>> Quant au choix de la discipline, la question ne s'est jamais véritablement posée : <<J'ai grandi à Lac-Bouchette, un tout petit village du Lac-Saint-Jean planté en verte campagne. J'ai quasiment été élevée dans les bois. Être dehors était un mode de vie pour moi. J'ai choisi d'étudier en éducation physique parce que c'est le domaine où j'avais le plus de chance de faire du plein air.

Et du plein air, Odile Dumais en a fait pendant son séjour à Sherbrooke ! Elle a pris tous les cours susceptibles de l'amener jouer à l'extérieur : athlétisme, soccer, ski de fond, etc. À ski ou à pied, elle a tellement sillonné le mont Bellevue, qu'elle le connaît comme le fond de sa poche : <<J'ai toujours trouvé extraordinaire de fréquenter une université qui domine la ville du haut de sa colline, raconte-t-elle. Le soir, mes amis et moi allions souvent sur le sommet du mont Bellevue admirer les couchers du soleil.>>

Une fois son baccalauréat terminé, Odile Dumais est partie à Montréal faire une maîtrise en nutrition. Là encore, Odile Dumais a fait preuve d'originalité en choisissant la préparation des diètes pour les longues expéditions comme sujet de mémoire. Aussi, au lieu de faire sa maîtrise en un an et demi ou deux ans comme ses consoeurs et confrères, Odile Dumais l'a terminée après quatre ans. Même à Montréal, sa passion pour le plein air ne l'a jamais quittée. Entre quelques expériences sur la déshydratation des aliments, elle laissait souvent des messages à ses directrices de maîtrise les informant qu'elle était partie en randonnée pour quelques jours dans telle ou telle région.

Aujourd'hui, avec ses charges de cours en plein air et en nutrition sportive, son livre à terminer et sa ligne de repas lyophilisés, Odile Dumais mène une vie fort bien remplie. Et, à chaque période de vacances, que ce soit au printemps ou en été, elle saute sur ses skis pour une nouvelle escapade dans le Grand Nord.