TREMPLIN

Les sciences appliquées mènent à tout à condition de sortir. Telle pourrait être la devise de Richard Rémy, diplômé en génie mécanique en 1990, puisqu'il a laissé de côté une profession qu'il aimait afin d'affronter la froidure, de parcourir les glaciers et de respirer l'air de la montagne.

Dehors l'ingénieur!

par Bruno Levesque

N'allez pas croire, à la lecture du titre, que Richard Rémy vient de perdre son emploi. Au contraire, il est en train de s'en créer un, simplement en faisant ce qu'il aime le plus, jouer dehors. En plus, il réussit à convaincre les gens qui veulent l'accompagner dans ses jeux de payer pour cela!

Plus sérieusement, Richard Rémy organise des voyages pour les gens qui aiment l'aventure, le nouveau, le jamais vu. Il est l'organisateur tout désigné pour celles et ceux qui rêvent de vacances en Terre de Baffin, de camping sur l'île d'Ellesmere ou encore d'une randonnée de quelques semaines sur le mont Makâlu dans l'Himalaya. Maintenant associé au Club Aventure, Richard Rémy organise des voyages qui, en fait, tiennent un peu de l'expédition. <<Les voyages que je prépare sont des défis que je propose aux gens>>, dit-il.

Une partie importante de sa vie

Le plein air fait partie de la vie de Richard Rémy depuis plusieurs années déjà. Son premier souvenir d'expédition date d'une quinzaine d'années alors qu'il était en deuxième secondaire et qu'un professeur avait organisé une randonnée sur le mont Mansfield, au Vermont.

À partir de ce moment, la pratique des sports de plein air a toujours tenu une grande place dans la vie de Richard Rémy. Il a touché à tout... ou presque : parachutisme, deltaplane, planeur, escalade, escalade sur glace, paraski, etc.

Puis, petit à petit, le nom de Richard Rémy s'est mis à circuler chez les amateurs d'expéditions. Les gens l'invitaient de plus en plus souvent à se joindre à leur équipe pour de l'escalade, des randonnées à ski, etc. Professeur de sciences au secondaire pendant quelque temps, il s'est vite retrouvé à la tête du club de plein air de son école. Il a organisé des voyages dans les montagnes Rocheuses, dans les montagnes Blanches et dans les monts Groulx, au nord du barrage de Manic 5 en plus d'emmener ses élèves faire du ski dans les Alpes à deux reprises.

Entre ces expéditions, il a suivi des cours de toutes sortes pour en apprendre davantage dans ce domaine, notamment un cours intensif d'alpinisme de trois mois et demi dans l'Ouest canadien. <<Ça m'a tout simplement passionné, lance Richard Rémy. Sans vouloir enlever quoi que ce soit à mes ex-professeurs de la Faculté des sciences appliquées, je pense que jamais je n'avais été aussi attentif à ce qui se passait dans un cours.>>

Ici comme ailleurs

L'idée d'organiser des voyages-expéditions et d'en faire son gagne-pain est venue à Richard Rémy lors de voyages qu'il a faits en Europe, dans l'Ouest canadien et aux États-Unis. Il a remarqué que des agences de voyages offraient la possibilité aux gens de faire du plein air : deux semaines d'escalade dans les Alpes ou les Rocheuses, camping et randonnée dans les régions nordiques, etc. <<Si ça fonctionne ailleurs, s'est-il dit, pourquoi ça ne fonctionnerait pas au Québec?>>

Le mordu du plein air avait aussi noté combien tous les groupes qu'il avait emmenés en randonnée avaient grandement apprécié leur expérience. <<En général, les gens aiment les sports de plein air, affirme Richard Rémy. Ils n'ont pas l'équipement nécessaire ni les connaissances techniques pour faire de l'escalade ou pour marcher sur un glacier. Mais si l'équipement est fourni et qu'il y a quelqu'un avec eux pour les guider, ils vont avoir un plaisir fou.>>

C'est ainsi que, au printemps 1996, Richard Rémy est parti en expédition avec six amateurs de plein air pour un voyage de trois semaines en Terre de Baffin. Au programme, escalade de glace, ski, camping sur la banquise, spéléologie, etc. Le but de l'expédition était de tester la faisabilité du projet de Richard Rémy, de voir s'il était possible de faire ce type d'expédition avec des personnes sans grande expérience des expéditions nordiques, tout en s'assurant que tout le monde ait du plaisir. Selon l'organisateur, l'expérience est concluante. Malgré le mercure tournant autour de -35deg. C, malgré le vent, malgré les traîneaux à tirer, les gens sont revenus emballés par la beauté des paysages qu'ils avaient vus et encore sous le coup des frissons que cette aventure leur avait procurés.

Pourtant, ils n'ont pas connu le luxe des grands hôtels! Ils devaient tirer des traîneaux remplis de bagages, de nourriture et de matériel, faire eux-mêmes leurs repas. Alors qu'ont-ils tant apprécié? <<Ces gens-là ont vu des paysages que peu de gens ont pu admirer, explique Richard Rémy. Ils ont vu des fjords, des glaciers et des grottes gigantesques. Ils ont connu un pays où le soleil brille 20 heures par jour et ils ont réalisé des choses qu'ils ne se croyaient pas capables de faire.>>

Maintenant totalement convaincu de la réussite de son entreprise, Richard Rémy travaille déjà à l'organisation d'autres voyages. Il a passé le mois de juin dans les Pyrénées, à préparer l'itinéraire d'une future expédition à bicyclette. Et ce n'est pas tout! Il a déjà bien des idées en tête pour les prochains mois : visite des volcans de l'Équateur, randonnée pédestre en Patagonie ou sur les contreforts de l'Himalaya...

Vignette

Richard Rémy et une des personnes qui l'accompagnaient en Terre de Baffin. Les traîneaux qu'ils ont utilisés pour l'expédition avaient été conçus par des étudiantes et étudiants du Département de génie civil de l'Université de Sherbrooke.