Ce qu'en pensent les employeurs

Pas de régime coopératif possible sans la participation des entreprises. Ce sont elles qui décident si, oui ou non, elles acceptent de recevoir un stagiaire, si elles peuvent le payer et si elles ont les ressources humaines et le temps nécessaires pour bien l'encadrer lors de son stage.

L'équipe du Service de la coordination travaille sans relâche à promouvoir le régime coopératif auprès des entreprises. Les coordonnatrices et coordonnateurs tentent de convaincre la direction de ces entreprises du bien-fondé du régime coopératif et de leur démontrer les avantages qu'ils pourraient retirer en embauchant un ou une stagiaire. Mais quels sont ces avantages?

Coordonnateur aux ressources humaines chez Camoplast, Martin Drolet est formel : si Camoplast ne voyait pas d'avantages à recevoir des stagiaires chez elle, elle n'en embaucherait pas. Si, chaque année, cinq ou six stagiaires de l'Université de Sherbrooke peuvent faire leurs stages chez Camoplast, c'est qu'ils permettent à l'entreprise de bénéficier d'une main-d'oeuvre temporaire bien formée pour travailler sur des dossiers spéciaux. L'embauche régulière de stagiaires fait aussi partie de la stratégie de recrutement de l'entreprise. <<Aucune entrevue, ni aucun curriculum vitae ne nous fournit autant de renseignements sur un candidat ou une candidate que le fait de pouvoir l'observer au sein de l'entreprise pendant quatre mois>>, affirme Martin Drolet.

Associé senior chez Raymond, Chabot, Martin, Paré, à Sherbrooke, Réal Létourneau abonde dans le même sens: <<Tout le monde y gagne, dit-il. Le stagiaire a l'occasion de découvrir la profession qu'il a choisie, tout en étant rémunéré pour son travail. De son côté, l'employeur reçoit une pépinière de futurs employés qu'il peut mettre à l'épreuve. Il bénéficie aussi d'un personnel d'appoint très motivé.>>

Pour René Verrier, président-directeur général du bureau de comptables Verrier, Paquin, Hébert de Drummondville, l'engagement régulier de stagiaires fait partie de la philosophie de gestion du personnel de l'entreprise qu'il dirige. <<Nous engageons des stagiaires parce que l'entreprise a besoin de relève, explique-t-il. La philosophie de notre firme est d'engager des gens sans expérience et de privilégier les promotions à l'interne.>> René Verrier explique qu'il préfère donner une promotion à tous ses comptables lorsqu'une ou un comptable d'expérience quitte l'entreprise.<<Pour remplacer la personne qui nous a quitté, je vais simplement embaucher deux stagiaires supplémentaires.>>

Chez Verrier, Paquin, Hébert, les tâches confiées aux stagiaires sont de vraies tâches de comptables. << Nous avons suffisamment de travail à faire pour leur en donner>>, de dire le p.d.g. La firme de génie-conseil CIMA+ de Sherbrooke procède de la même façon avec les stagiaires qu'elle embauche, d'autant plus qu'ils sont très motivés et plutôt débrouillards. <<Ils me semblent mieux adaptés que nous ne l'étions, juge Daniel Gagné, ingénieur associé chez CIMA+. De plus, ils s'intègrent facilement à leur équipe de travail ainsi qu'au métier d'ingénieur.>>

La venue de stagiaires permet aux entreprises de recruter et de tester leur nouveau personnel. Elle est aussi l'occasion de dégager le personnel spécialisé de tâches moins importantes, d'absorber une surcharge temporaire de travail ou de réaliser un projet, une étude, une recherche, qui autrement devraient être laissés en plan. Qu'il s'agisse d'entreprises manufacturières, de firmes de génie-conseil, de bureaux de comptables ou de tout autre type d'entreprise, les organisations qui embauchent des stagiaires le font d'abord et avant tout parce qu'elles sont persuadées que cette stratégie leur rapporte, qu'elle les rend davantage compétitives.

Selon une étude du ministère de l'Éducation

Le régime coopératif facilite l'entrée sur le marché du travail

Une étude publiée par le ministère de l'Éducation vient confirmer que le régime coopératif contribue à une meilleure intégration des titulaires d'un baccalauréat au marché du travail. Deux ans après la fin des études, peu importe le domaine, le taux de placement est meilleur chez les personnes qui ont suivi un programme d'enseignement coopératif que chez celles inscrites à un programme régulier.

Publiée au printemps 1996 par la Direction générale des affaires universitaires et scientifiques du ministère de l'Éducation du Québec, l'enquête qui s'intitule Fréquentation scolaire, durée des études et intégration au marché du travail : comparaison entre les régimes d'enseignement coopératif et non coopératif révèle que les avantages de l'enseignement coopératif sont particulièrement évidents lorsqu'on se penche sur les emplois à temps plein, permanents et reliés au domaine d'étude. Dans ce cas, le taux de placement des étudiantes et étudiants issus du régime coopératif est de 20 p. 100 supérieur à celui d'étudiants ayant fait leurs études en régime régulier.