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Recherche en biochimie

Une solution aux effets secondaires de médicaments

Professeur Rafael Najmanovich
Professeur Rafael Najmanovich
Photo : UdeS - Martin Blache

#rechercheUdeS

Qui n’a pas déjà subi des effets secondaires à la prise de médicaments? Et s’il devenait possible d’en éviter certains? C’est en tout cas la promesse que propose IsoMIF, le nouvel outil bio-informatique élaboré par le professeur Rafael Najmanovich, docteur en biochimie et professeur-chercheur à la FMSS et au CRCHUS, Matthieu Chartier, étudiant au doctorat, et leur équipe de la Faculté de médecine et des sciences de la santé pour le développement rationnel et sélectif de médicaments.

Durant quatre ans, le groupe a travaillé à créer l’outil bio-informatique et à constituer une banque de données contenant des interactions entre petites molécules et protéines, comme celles que notre corps utilise pour se construire, fonctionner et se protéger. Cet ensemble d’informations permet de fabriquer des remèdes mieux adaptés.

Comment ça marche?

Il faut savoir que tous les tissus de notre organisme sont composés de molécules appelées protéines. Quand une protéine est altérée (par la quantité produite ou par une mutation), les fonctions cellulaires se voient déséquilibrées, et on éprouve les symptômes d’une maladie. Il arrive alors qu’on nous prescrive une médication pour rétablir l’équilibre fonctionnel en ciblant une protéine en particulier. Or, elle peut également engendrer une réactivité croisée sur d’autres protéines qui présentent des similarités structurales et chimiques, ce qui cause des effets indésirables.

« La base de données s’avère utile pour comparer une protéine d’intérêt thérapeutique avec les protéines qui ne devront pas être visées et ainsi développer des remèdes qui éviteront certains effets secondaires graves, ceux pouvant aboutir à une hospitalisation ou mettre la vie du patient en danger », souligne le chercheur du Département de biochimie.

Ce logiciel a en plus la capacité de détecter des cas où des médicaments déjà approuvés pour une utilisation spécifique pourraient être repositionnés et approuvés pour une nouvelle application. De fait, il peut arriver que la cible d’une médication révèle des ressemblances avec une protéine importante pour un autre état. IsoMIF identifie ces cas et propose la redéfinition du remède afin de traiter une condition différente et d’économiser ainsi temps et argent.

« À ce jour, les méthodes n’arrivaient qu’à dépister les ressemblances dans les positions des atomes sur les surfaces des protéines. Le nouvel outil que nous avons conçu est capable de détecter non seulement les similarités structurales, mais aussi les similarités des interactions chimiques. Ça en fait un dispositif puissant », affirme le professeur Najmanovich.

Vers des médicaments adaptés

À l’aide de ces informations détaillées offertes gratuitement en ligne, l’industrie pharmaceutique a dorénavant tout en main pour proposer des médicaments plus précis et de cette façon éviter certains effets indésirables.

« Le but de mes recherches est de comprendre et de prédire la fonction des protéines et d’appliquer cette connaissance au développement de méthodes innovatrices pour détecter, empêcher et exploiter cette liaison confuse entre un médicament et les protéines similaires dans le design et le développement de nouveaux médicaments », résume le biochimiste.

En fin de compte, il ressort que cet outil bio-informatique, en plus d’aider à prévenir les effets secondaires graves, présente un large éventail d’applications en matière de développement rationnel et sélectif de médicaments et de prédiction d’interactions entre médication et protéines.

La FMSS vise le développement d’une recherche dite « translationnelle », allant de la découverte fondamentale jusqu’aux changements dans les pratiques cliniques de prestations de soins auprès des patients.