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Découverte à Sherbrooke d’un futur traitement contre le cancer de la prostate

L’équipe du professeur Robert Day a découvert qu’il est possible d’interrompre la croissance de la tumeur en neutralisant une enzyme

Le professeur Robert Day
Le professeur Robert Day

Photo : Robert Dumont

Une équipe de 15 chercheurs de l’Institut de pharmacologie de l’Université de Sherbrooke, sous la direction du professeur Robert Day, a identifié une cible thérapeutique unique qui pourrait mener à un traitement plus efficace du cancer de la prostate. Ce cancer est celui qui touche le plus d’hommes au pays : un Canadien sur neuf risque d’en être atteint au cours de sa vie. Essentiellement, les chercheurs ont ciblé une enzyme appelée PACE4. En neutralisant cette enzyme, il est possible d’interrompre la progression tumorale. Un médicament pourrait être à l’essai d’ici deux à trois ans.

Limites des traitements actuels

Les traitements actuels − prostatectomie radicale, hormonothérapie ou chimiothérapie − sont limités. Les tumeurs de la prostate grossissent grâce à la testostérone. Les traitements antihormonaux la bloquent, mais après quelques années, les cellules cancéreuses s’adaptent et trouvent d’autres facteurs de croissance. Malheureusement, au cours des dernières décennies, très peu de solutions thérapeutiques et diagnostiques ont été proposées.

Freiner la progression de la tumeur

Cette enzyme nommée PACE4 contrôle l’activité de molécules clés dans l’acquisition du phénotype malin des cellules cancéreuses. En neutralisant la PACE4, il est possible d’interrompre la progression tumorale. Les chercheurs ont observé des effets remarquables sur la réduction de la taille des tumeurs et des niveaux de PSA sérique sur des modèles animaux.

Prototype de médicament

L’équipe sherbrookoise vient de fabriquer un prototype de médicament pour bloquer l’action de PACE4. «Ce médicament prometteur empêche d’activer toute une série de facteurs de croissance qui alimentent le cancer, explique le professeur Day. Chez les souris, quand on bloque PACE4, les effets sont spectaculaires, la croissance des tumeurs s’arrête.»

Les premiers patients pourraient bientôt bénéficier de cette avancée majeure : «Si tout se passe bien, j’envisage de commencer un essai clinique de phase I d’ici deux à trois ans», précise le Pr Day. Une fois utilisée dans un contexte clinique, cette nouvelle classe de médicaments donnera à des milliers d’hommes un réel espoir de guérison.

Robert Day est professeur au Département de chirurgie (Service d’urologie) au sein de l’Institut de pharmacologie de Sherbrooke et de la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l’UdeS. Il est chercheur au Centre de recherche clinique Étienne-Le Bel du Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke. La Société canadienne du cancer a annoncé le 26 février 2013 une subvention pour un impact de 1,2 million de dollars à cette recherche.